2ème Forum franco-allemand : comment entreprendre au féminin ?
Organisé par le bureau d’HEC Paris en Allemagne, le second « Forum franco-allemand au féminin » s’est tenu le 5 juillet dernier à Munich, avec pour thèmes principaux l’entrepreneuriat, la technologie, la finance et la culture.
Après le succès de sa première édition organisée à Berlin l’année dernière autour des thématiques du leadership et de la diversité, le Forum franco-allemand au féminin s’est tenu cette fois-ci au sein de UnternehmerTUM, entité indépendante et partenaire de l’Université technique de Munich (TUM) ainsi que d’HEC Paris. Lors de cette journée riche en échanges, de nombreux experts ont débattu sur la situation des femmes, leur savoir-faire et leur leadership dans les organisations, les entreprises et les différents secteurs de la société, sans oublier les enjeux sociétaux, économiques et digitaux en France comme en Allemagne.
« 2019 est une année historique en termes de politique franco-allemande, avec des événements majeurs tels que le G7 ou le traité d’Aix-la-Chapelle, venu donner une nouvelle dynamique à la question franco-allemande. Le combat pour l’égalité professionnelle, ainsi que pour l’éducation des filles et en faveur d’une diplomatie plus féministe font partie des grands enjeux de cette année et des années à venir pour nos deux pays.» C’est avec ces paroles que Catherine Briat, conseillère culturelle et directrice de l’Institut français d’Allemagne a introduit certains des grands enjeux évoqués lors du 2ème Forum franco-allemand.
Vie familiale, intelligence artificielle : quels enjeux ?
Quatre panels d’experts ont ensuite pris place devant une audience d’entrepreneurs, d’étudiants et de décideurs franco-allemands passionnés.
La première table-ronde s’est intéressée aux façons de gérer sa vie familiale lorsque l’on est fondateur, ou fondatrice, d’une start-up. Chacun des intervenants a insisté sur l’importance de la répartition des rôles entre le père et la mère, et sur la nécessité de la responsabilisation des enfants dès leur plus jeune âge, pour permettre plus de flexibilité dans la carrière entrepreneuriale des parents.
Une deuxième table-ronde a ensuite dressé l’état des lieux de l’intelligence artificielle en Europe, soulignant notamment le retard du continent européen face à la Chine. Au cours de cette discussion, Isabell Franck, fondatrice et directrice générale de la solution Franck AI, et Denise Vandeweijer, responsable de la transition vers l’intelligence artificielle au sein d’Unternehmer TUM se sont désolées des préjugés dont sont encore victimes les femmes travaillant dans ce secteur aujourd’hui.
Capital-risque et culture entrepreneuriale franco-allemande
Dans l’après-midi, une troisième table ronde a été l’occasion d’évoquer le capital-risque en France comme en Allemagne. Alors que les start-up créées par des femmes sont deux fois plus rentables que celles fondées par des hommes (Boston Consulting Group, 2018 : « Why Women-Owned Startups Are a Better Bet »), on ne compte aujourd’hui que 14,7% de femmes parmi les créateurs d’entreprises en Europe. En Allemagne, ce chiffre est encore inférieur et n’est que de 13,9%. « En France, les start-up créées par des femmes lèvent entre 30 et 50% de capitaux de moins que les entreprises similaires lancées par des hommes,» s’est indignée Imène Maharzi, fondatrice de la plate-forme pédagogique Own Your Cash, qui a pour objectif de former massivement des femmes à devenir business angels. « Les projets féminins sont donc moins bien financés, voire pas financés du tout, conduisant à un vrai gâchis de potentiel économique », a-t-elle ajouté. Durant cet échange, Eva Stark, une avocate berlinoise reconvertie en entrepreneuse et fondatrice du réseau Ventureladies, a insisté sur l’importance du networking pour les femmes entrepreneures : « le réseau est LE facteur décisif pour le succès ou l’échec. Le premier investisseur est toujours celui que l’on aura rencontré via son réseau.»
La dernière table-ronde s’est quant à elle penchée sur la culture entrepreneuriale en France et en en Allemagne. Selon Agnès Bazin, en charge du développement en Allemagne de la plate-forme de gestion de rendez-vous médicaux Doctolib, les manières de travailler dans les deux pays sont très différentes : « les Allemands sont particulièrement flexibles. Une personne basée à Munich n’aura aucune difficulté à accepter un poste à Berlin. Mais une personne qui réside à Marseille sera sans doute bien moins enthousiaste à l’idée d’accepter un poste à Paris !». Selon Beate Boodoo, avocate et intervenante dans le programme Stand Up d’HEC, les visions du succès entrepreneurial divergent en France et outre-Rhin : « pour les Allemands, le succès est quelque chose de très concret : le produit fini doit être de belle qualité. Pour les Français, il s’agit plus d’estime personnelle : il faut tout simplement être le meilleur dans sa catégorie.» Hana Milanov, professeure d’entrepreneuriat au sein de l’Université Technique de Munich a rappelé pour finir que le chemin à parcourir pour une meilleure reconnaissance des femmes dans le milieu entrepreneurial était encore long : « lorsqu’on évoque le terme « entrepreneur », on pense systématiquement à un homme. Cela envoie des signaux biaisés aux femmes et ne les incite pas à franchir le pas », a-t-elle conclu.
Excited to host the German-French women forum in Munich! Great discussions going on right now about fostering #diversity and #equality internationally ???#FGWforum19 #utum #HECinGermany #diversity #womenintech #womeninbiz pic.twitter.com/zuVA4X6QD1
— UnternehmerTUM (@utum_muc) 5 juillet 2019
« Yes, She Dares! »
Un des temps forts de ce Forum a sans aucun doute été la remise du prix « Yes, She Dares! », conçu pour promouvoir et soutenir la croissance d’une start-up fondée ou co-créée par une femme, et ayant des activités et ambitions franco-allemandes. Co-créé par le bureau de représentation d’HEC en Allemagne et la plateforme Own Your Cash et sponsorisé par Atos, le prix a été attribué à Fizimed, une start-up strasbourgeoise qui propose une sonde de rééducation périnéale connectée.
Fondé par Emeline Hahn, Fizimed a déjà reçu plus d’une dizaine de prix pour ses innovations technologiques, dont « Emy » la 1ère sonde sans fil conçue et assemblée en France. Connectée à une application mobile ludique, Emy permet de s’occuper de la rééducation de son périnée, à domicile, seule, habillée, en complément des séances réalisées chez un professionnel de santé. Grâce à ce nouveau prix, Fizimed pourra bénéficier d’un accès privilégié aux événements Own Your Cash pendant un an, de sessions de mentoring réalisées par des hauts dirigeants d’entreprises partenaires ou sponsors d’HEC Paris, ainsi que d’un accès à une sélection d’événements Atos dédiés aux start-up. Un second prix coup de cœur a également été décerné par le jury à la start-up IkonoTV, aussi surnommée « le MTV de l’art ». IkonoTV est la première chaîne de télévision HD au monde qui diffuse de l’art 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, dans le monde entier.
Le bureau HEC en Allemagne souhaite faire du forum franco-allemand un rendez-vous annuel. La prochaine édition de l’événement aura lieu le 3 juillet 2020 à l’ambassade de France à Berlin et aura pour thèmes l’éducation et la recherche.