"Etudiants, soyez créatifs et résistez dans un monde où vous êtes à contre-courant"
Créé en 1986, la Majeure Médias, Art et Création (MAC) forme depuis 30 ans des managers culturels dans tous les secteurs de la création. Pour célébrer cet anniversaire, une conférence était organisée le 7 novembre 2016, au Cinéma des Fauvettes à Paris, sur le thème "Quel(le)s managers pour les arts et la création", en présence du directeur scientifique du programme, Thomas Paris et de Bernard Ramanantsoa, ancien Directeur général d'HEC Paris.
Pour souffler ses 30 bougies, quoi de mieux que de les fêter au Cinéma des Fauvettes à Paris, lieu ancré dans la tradition cinématographique et tourné vers l’avenir ? Ainsi l’a souhaité Thomas Paris, directeur scientifique de la Majeure Médias, Art et Création (MAC), créée par HEC Paris en 1986. Les créateurs du programme ont braqué les projecteurs pour une soirée de débat et d’échanges sur l’avenue des Gobelins du 13ème arrondissement, dans un lieu connu pour ses restaurations de film alliant les technologies les plus avancées et les meilleurs savoir-faire.
C’est peut-être une des facettes les moins connues de l’école de commerce à Jouy-en-Josas : depuis trois décennies, HEC Paris forme des managers culturels qui, avec leur approche transversale, investissent tous les secteurs de la création, des médias et de la culture. Ainsi, comme l’a montré un court-métrage diffusé pendant la soirée retraçant quelques-unes des carrières post-HEC, on retrouve des Alumni Directeur du Musée National du Louvre à Abu Dhabi, Administrateur de budgets pour des long-métrages tels Carnage (Roman Polanski) ou Passion (Brian de Palma), manager d'artistes ou tourneur, voire artiste-plasticien ou même pianiste…
Le directeur délégué d’HEC Paris Eloïc Peyrache a insisté sur les 1.000 diplômés devenus «agents de transformation» dans des secteurs d’une diversité que même les pionniers du programme imaginaient mal il y a 31 ans. «Ils ont tous façonné des laboratoires de création dans la société post-industrielle en démontrant une transversalité à toute épreuve, » a-t-il poursuivi. Pendant un débat présidé avec humeur par l’ancien directeur général d’HEC Paris, Bernard Ramanantsoa, un brin provocateur, Bernard Foccroulle n’a pas tari d’éloges à l’égard des élèves de la MAC, «qui répond aux grandes questions de notre temps». Directeur général du Festival international d’art lyrique d’Aix en Provence, il a notamment évoqué un Super Cas entre son festival et une promotion de 40 étudiants. Cet exercice plonge les étudiants en fin d’année dans une problématique réelle proposée par une institution culturelle. Dans ce cas précis, il fallait définir une stratégie de marque qui soutienne le développement du festival. « Ils ont fait des miracles avec les outils que vous (les professeurs) leur avez fournis. »
Pour sa part, le PDG de Dargaud, Claude de Saint Vincent s’est tourné vers l’avenir. L’ancien directeur de la communication de la Sept-Arte a insisté sur le besoin d’axer davantage la formation sur le digital. «Mais votre richesse repose sur votre originalité» a-t-il martelé, «nous sommes dans une industrie de prototypes, et non de reproduction. Soyez créatifs, résistez dans un monde où vous êtes à contre-courant.».
La soirée s’est achevée par un cocktail de l’autre côté de l’avenue des Gobelins à la Fondation Jérôme Seydoux Pathé, un des nouveaux antres du 7ème Art.
Cette institution vieille de seulement deux ans, est dédiée à la conservation du patrimoine «non-films» du cinéma, à savoir affiches, matériels et photographies. «Encore un joli clin d’œil à la MAC» se réjouit Claire Hazart (H90) qui dirige F93 à Saint Denis, ouvrant ainsi les portes de l’art contemporain et de la science aux collégiens du département.
«Le diplôme a fait ses humanités ce soir» poursuit celle qui co-préside le Club Culture d’HEC Alumni, «et c’est l’esprit que souhaite donner Thomas Paris à ses étudiants qui fait son originalité dans le cursus traditionnel d’HEC. Force est de constater que ce secteur attire moins les candidats à HEC, face aux défis de la globalisation numérique et à la baisse de soutien public. Les revenus à la sortie sont moins importants, mais c’est la passion qui est le moteur et fait rêver et peut bouleverser notre monde, ce qui compense les défis matériels !».