Une rentrée au sommet pour former les leaders responsables de demain
Une rentrée au sommet pour former les leaders responsables de demainPour la cinquième année, les nouveaux étudiants de HEC ont fait leur rentrée de L3 dans les Alpes françaises de Chamonix. Du 21 au 24 août, 375 étudiants, venus de toute la France ainsi que de Côte d'Ivoire et du Maroc, se sont réunis au cœur des Alpes pour explorer leur propre voie et s’interroger sur les conséquences du modèle socio-économique contemporain. Retour sur cette étape mémorable entre la prépa et la Grande Ecole.
Un groupe d'étudiants face au scientifique Ludovic Ravanel et au glacier de l'Argentière, Alpes françaises (Photo : Céline Bonnet-Laquitaine)
Derrière le séminaire, de nombreux acteurs pour un objectif commun
En 2019, HEC a lancé le séminaire "Raison d’être et soutenabilité" grâce aux dons de la "Joly Family Endowed Chair in Purposeful Leadership". Hubert Joly, sollicité par Rodolphe Durand et Cécile de Lisle, respectivement fondateur et directrice exécutive de l’Institut Sustainability & Organizations (S&O) d’HEC Paris, a été séduit par l’idée d’intégrer les étudiants en repensant le management à partir du terrain. Le séminaire, désormais pris en charge par la Grande École, s’est perfectionné au fil des ans pour en faire une expérience déterminante dans la quête de sens des étudiants ainsi qu’un marqueur essentiel de la culture de l’école. Depuis trois ans, il est organisé par Romain Briat, directeur exécutif du Centre Purpose de S&O, Anne-Prelle Delhumeau, « Program Manager », et l’équipe de coachs et consultants de Blaise Agresti de Mountain Path. Les trois jours mêlent des marches intensives et des exercices de survie avec des conférences animées par des guides, scientifiques, athlètes et experts RSE. Le tout destiné à inspirer les étudiants à la veille de leur parcours à HEC Paris.
Cette rentrée à la montagne invite les étudiants à prendre du recul, mieux se connaître, et aligner ce qu’ils feront avec ce qu’ils sont, cela malgré les injonctions contradictoires de la société et du monde du travail. Armés d'un sac à dos, ils partagent des expériences de randonnée, secourisme, escalade, et passent une nuit en refuge.
Une bouffée d’air frais après deux ans de travail acharné
Peu d'étudiants savaient que la rentrée à HEC se faisait en pleine nature, mais tous ceux interrogés ont partagé leur joie de se rencontrer ainsi. Anaël Thimon raconte : « J'appréhendais de socialiser avec près de 400 étudiants et de me lever très tôt, mais j'ai été agréablement surpris par l'organisation en petits groupes et le cadre magnifique. » « Chaque groupe de 15 personnes rassemble des étudiants de différentes prépas, favorisant ainsi les rencontres diverses », explique Anne-Prelle Delhumeau.
Les lauréats du concours viennent de classes préparatoires intensives économiques et commerciales, générales ou technologiques, mais aussi littéraires. Ils voulaient accéder à une des meilleures écoles de commerce en Europe pour s’assurer la réussite. Mais beaucoup ne savent pas encore quel métier exercer, et certains connaissent à peine le monde du management, comme l’explique Stéphane Diakité, de Côte d’Ivoire : « En prépa, nous avons dû emmagasiner beaucoup de connaissances, alors que maintenant, nous pouvons penser à la manière d’aligner nos intérêts avec un métier qui a du sens pour la société ». Pour le moment, Stéphane souhaite découvrir la finance, car « elle gouverne tout ce qui m’intéresse, comme le cinéma ».
« Soyez ambitieux mais authentiques »
Au pied des montagnes, le discours de rentrée d'Eloïc Peyrache, doyen de HEC Paris, donne le ton au séminaire. Il encourage les étudiants à élargir leurs horizons, à trouver leurs singularités, et à donner du sens à leur engagement professionnel. Il insiste sur les opportunités offertes par HEC, ses enseignants, ses chercheurs, ses coachs, ses anciens, son ouverture géographique… pour trouver des solutions alignées avec leurs intérêts, face à l’éco-anxiété ambiante et aux conflits dans le monde. « À HEC, on identifie des problèmes dans la société, mais on se concentre aussi sur les solutions et l'action... Soyez entrepreneurs de votre vie. » Retrouvez l'interview d'Eloïc Peyrache sur LinkedIn.
Il les met aussi en garde contre les biais : « La réussite au concours vous a donné une grande confiance en vous et vos capacités... parfois trop. C’est une véritable force et une clé importante du bonheur. Mais interrogez-vous sur ce que vous allez faire de cette confiance. Qui voulez-vous devenir et quel impact avez-vous envie d’avoir ? »
Lors des activités, deux étudiantes confient déjà avoir gagné en confiance, surprises par leurs propres dépassements. Aurélia Miessan raconte : « C'était ma première randonnée. C’était difficile, mais y arriver m'a donné confiance. » Claire Mazataud, quant à elle, a surmonté sa peur de l'escalade grâce à une guide de montagne : « Finalement j'ai adoré ! »
Trouver son Ikigaï : une athlète de haut niveau témoigne
Mountain Path a invité des pointes du dépassement de soi, les alpinistes Hilary Gerardi et Charles Dubouloz, à partager leur quête de sens. Hilary Gerardi a commencé ainsi : « Faire le lien entre le sport et le business est utile, mais je suis plus intéressée par la durabilité et la raison d’être de ces deux disciplines ».
Elle s'inspire notamment de la théorie du Why de l’auteur américain Simon Sinek, de la méthode Ikigai et de l’acronyme des « SMART goals ». Elle collabore avec des scientifiques comme la glaciologue Heidi Sevestre et des marques B Corp, ou encore dirige la RSE de Run the Alps, pour inciter à protéger l’environnement en repensant la façon de faire du tourisme et son sport, dans la vallée de Chamonix et au-delà. Elle refuse elle-même des invitations à performer des courses très loin de la France. L’étudiant Basile Rambach a été inspiré par son parcours et sa personnalité dynamique, pour « clarifier ses objectifs sans perdre de temps. ».
Les glaciers fondent, et alors ?
La visite d’un glacier a culminé chaque randonnée. Devant la Mer de Glace ou le Glacier d’Argentière, les plus grands glaciers de France, géomorphologues et glaciologues ont expliqué le phénomène de formation et de fonte rapide des glaciers. « Ici en montagne, nous sommes aux premières loges du réchauffement climatique, qui est deux à trois fois plus rapide qu’ailleurs », explique Ludovic Ravanel du CNRS et du laboratoire Edytem.
Cette disparition, due aux émissions de gaz à effets de serre et donc accélérée par l’activité humaine, a des conséquences négatives sur l’alimentation en eau et en électricité, sur l’agriculture, la biodiversité et les industries. Face à cette fonte concrète et visible, M. Ravanel a encouragé les étudiants à réfléchir à leurs responsabilités futures et aux manières d’intégrer l’équilibre entre écologie et économie dans leur carrière.
A la rencontre des acteurs de la vallée
Pour comprendre l’impact de l’économie du tourisme sur l’environnement et le quotidien, les étudiants ont joué les journalistes en interrogeant des habitants de la vallée autour de Chamonix. Un groupe a rencontré une employée de la médiathèque, un commerçant et un guide de montagne, qui ont partagé leurs observations sur leur quotidien. Les journalistes en herbe ont ainsi mieux cerné les perpections sur les tensions entre les bénéfices économiques du tourisme, ses effets sur le climat et sur la hausse des loyers. Ces échanges ont suscité des réflexions, comme sur la reconstruction d'un téléphérique malgré son impact environnemental, et la surprise de rencontrer un guide de montagne climato-sceptique qui ne croit qu’au rôle minime de l’humain dans le réchauffement climatique, en contraste avec les données scientifiques partagées la veille.
Jalon du « Parcours Engagement » - et après ?
Lors de la clôture du séminaire à Chamonix le 24 août, HEC a dépêché certains de leurs responsables pour souligner aux étudiants les enjeux du séminaire. Julie Thinès, directrice des programmes pré-expérience, encourage les étudiants, dans l’ensemble épuisés mais motivés, à choisir rapidement parmi une gamme de programmes thématiques et personnalisables en France et à l'international. Jean-Amiel Jourdan, directeur de HEC Talents, leur recommande d'accepter la non-linéarité de leur parcours. « Près d'un tiers des tâches professionnelles actuelles pourraient devenir obsolètes au cours des six prochaines années à cause des automatisations et de l’IA, donc pensez à cultiver les compétences et l'adaptabilité nécessaires non seulement pour rester pertinent, mais aussi pour devenir un leader dans votre domaine de prédilection ». (Source : McKinsey Global Institute, rapport 2023)
Le séminaire à Chamonix n’est que le début d’un programme ambitieux qui s’étale sur les trois années d’apprentissage pour les étudiants de la Grande Ecole, de la Licence 3 au Master 2. Il lance le « Parcours Engagement », qui se poursuit dès la semaine suivante et durant toute l’année académique, avec des conférences de dirigeants engagés comme Christopher Guérin, et de scientifiques comme François Gemenne, coauteur du GIEC. Les étudiants poursuivront avec 30 heures de bénévolat dans une structure d’intérêt général, un stage de trois semaines à un poste d’exécution, un programme sur les enjeux planétaires coordonné par M. Gemenne, et réaliseront un mémoire, aboutissement de cette année d’expériences et de réflexions. Enfin, après leur Licence, ils pourront choisir un Master parmi une panoplie extrêmement diverse, de la gestion des industries créatives à la gestion de l’intelligence artificielle.
En savoir plus sur le parcours engagement avec Yann Algan, doyen associé des Programmes pré-expérience de HEC et professeur d'économie à HEC:
Ils passent des Alpes au Hall d’Honneur, puis aux petites salles de cours pour entendre les témoignages de nombreux anciens élèves et dirigeants d’entreprises engagées, comme Ecocert, les Apprentis d’Auteuil et un ESAT, et les bombarder de questions. « On est dans la continuité de ce qu’on a fait à Chamonix », souligne Ghali, étudiant.
La refonte du curriculum qui est en cours s’inscrit dans l’esprit de ce parcours, avec plus de 20% des cours (ceux de la Grande Ecole) centrés sur les questions de l’ESG.
Pour ces étudiants de 20 ans environ, les objectifs de l’école de commerce sont clairs : « HEC veut changer les étudiants », affirment Ghali Bensouda et Louise Suchet. Ghali précise : « HEC cherche à former des leaders plus responsables face aux contraintes environnementales et sociétales. Et c’est compréhensible, parce qu’on est forcés de faire autrement face à la disparition des ressources naturelles et aux inégalités sociales. » Louise ajoute : « Je pense que les entreprises seront plutôt contraintes par des régulations que par une prise de conscience, parce que les entreprises ne s’auto-régulent pas ». À la suite de l’intervention du géomorphologue sur les liens entre écologie et économie, l’étudiante Alice du Gardin a argumenté : « Je pense que la décroissance fait peur, alors qu’il y a peut-être une autre manière de voir l’écologie qu’en ne mangeant plus de viande bovine, par exemple »…
Quels seront les leaders de demain ?
En savoir plus :
Dans le numéro spécial de Knowledge@HEC, « Aligning Business with Planetary Boundaries », retrouvez des interviews d’acteurs de la communauté d’HEC - étudiants, diplômés, professeurs, entrepreneurs et donateurs – sur leurs visions d'un avenir plus durable.
La rentrée à Chamonix 2024 dans la presse dans le Dauphiné Libéré, par Antoine Chandellier et dans la Planète des Grandes Ecoles, par Alice du Gardin, étudiante.
Et sur LinkedIn : posts sur la rentrée à Chamonix et sur la rentrée au campus.
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