Seuls 45 % des actifs français estiment que leur entreprise est engagée en faveur du climat, selon le premier Baromètre des Transitions
Le nouveau Baromètre des Transitions HEC Paris Viavoice avec l’Obs et France Info vise à mesurer le niveau d’inquiétude des cadres et actifs français face à la crise climatique. Il a aussi pour objectif d’évaluer la perception du degré d’engagement des entreprises en France dans la transition écologique et sociétale. Cette première édition dresse un constat mitigé, avec toutefois des perspectives de progression encourageantes.
Seulement 45 % des Français actifs y estiment que leur entreprise est engagée en faveur du climat. Toutefois, selon la majorité d’entre eux, cet engagement s’est amélioré au cours des trois dernières années. Une trajectoire positive qui n’empêche pas une éco-anxiété transgénérationnelle.
Enfin, en écho à l’actualité récente, ce baromètre bimestriel interroge également l’opinion sur la crise des agriculteurs. Ses questions ont été élaborées par Viavoice ainsi par que les professeurs d’économie à HEC Paris Yann Algan, François Gemenne et Augustin Landier.
Une éco-anxiété transgénérationnelle
77 % des cadres et 69 % des Français en général se déclarent inquiets s’agissant du changement climatique, dont respectivement 34 % et 25 % « très inquiets ». Si quelques écarts dans le détail subsistent, cette inquiétude se révèle relativement transgénérationnelle. Les résultats de cette première édition du baromètre des Transitions tordent le cou à l’idée souvent véhiculée selon laquelle les plus jeunes seraient les plus sensibilisés et inquiets face à la crise écologique. En effet, malgré quelques différences, cette éco-anxiété est partagée à plus de 63 % par l’ensemble des classes d’âge avec un pic parmi les 50-64 ans (76 %).
L’amorce d’un engagement des entreprises en faveur de l’écologie
L’engagement perçu des entreprises ne répond que partiellement au niveau d’inquiétude populaire : la moitié des cadres français estiment que l’entreprise ou l’organisme pour lequel ils travaillent est impliquée sur les enjeux environnementaux quand l’autre moitié pointe un manque d’engagement. De même, 45 % des actifs français jugent leur entreprise engagée quand 48 % font le constat inverse.
Pour autant, 6 cadres sur 10 et plus de la moitié des Français actifs trouvent que, sur les trois dernières années, leur entreprise est davantage engagée sur les enjeux environnementaux, essentiellement sur la réduction de la consommation d’énergie et la limitation de la production de déchets. Un constat qui témoigne d’un changement au sein des structures et laisse une certaine place à l’optimisme.
Protection de l’environnement ou croissance économique : une opinion contrastée
Au moment de se positionner sur un choix opposant croissance économique et protection de l’environnement, l’opinion varie sensiblement selon les publics. Si une majorité de cadres (55 %) souhaite en effet privilégier la protection de l’environnement quitte à nuire à la croissance économique, les Français se montrent plus partagés : 43 % déclarent partager cette position mais plus d’un tiers (35 %) souhaite privilégier la croissance économique et la création d’emplois quitte à nuire à l’environnement. De quoi tempérer l’engagement d’une opinion certes très inquiète pour le climat (69 %) mais qui continue de placer le pouvoir d’achat et l’emploi parmi ses priorités.
Réglementations européennes : un jugement sévère
Alors que la France, comme ses voisins européens, reste secouée par la crise des agriculteurs, le baromètre a interrogé les Français sur l’impact des règlementations européennes sur l’économie. Sur ce sujet, l’opinion est divisée. Si un tiers des cadres estime que les réglementations favorisent les entreprises de l’UE sur le long terme, près de la moitié (46 %) pense que le droit européen les défavorise.
Quant à la population générale, 50 % des Français considèrent que ces réglementations défavorisent les entreprises européennes, quand seuls 26 % estiment qu’elles les servent.
De fait, 56 % des cadres et 68 % de la population générale jugent nécessaire de revenir sur les normes imposées aux agriculteurs pour répondre à la crise du monde agricole. La part d’acceptation de sacrifices se révèle, en déclaratif, importante : massive chez les cadres, 7 sur 10 étant d’accord avec l’affirmation selon laquelle « pour réussir la transition écologique, il faut accepter de changer nos modes de production agricole, quel que soit le prix à payer », elle est aussi majoritaire chez les Français (56 %).
Ce positionnement catégorique se heurte toutefois au mur de la réalité sociale : si les Français se déclarent prêts à acheter local, à favoriser les circuits-courts et les produits non transformés, seuls 51 % des cadres et 38 % des Français sont prêts à payer leurs produits plus chers.
Méthodologie
Étude bimestrielle réalisée par Viavoice pour HEC Paris, en partenariat avec L’Obs et France info.
Interviews effectuées en ligne du 13 au 18 mars 2024 sur deux échantillons :
- Un échantillon de 400 cadres, représentatif de la population des cadres résidant en France métropolitaine. Représentativité assurée par la méthode des quotas, appliquée aux critères suivants : sexe, âge, secteur public ou secteur privé.
- Un échantillon grand public de 1001 personnes, représentatif de la population âgée de 18 ans et plus résidant en France métropolitaine. Représentativité assurée par la méthode des quotas appliquée aux critères suivants : sexe, âge, profession de l’interviewé, région et catégorie d’agglomération.
N’hésitez pas à nous contacter pour recevoir le rapport complet ou pour un entretien avec les professeurs d’HEC Paris.