Avec le programme PACE d’HEC, des lycéens découvrent un autre visage de Paris
Le Programme d’Action et de Coopération pour l’Education (PACE HEC 2018-2019), a débuté cet automne : il s’adresse aux lycéens de cinq établissements partenaires des académies de Versailles et Créteil. Destiné à des élèves de 1ère et de terminale issus de milieux modestes, ce programme est mis en œuvre par la Mission Egalité des Chances d’HEC.
Le programme PACE propose des séances de tutorat tout au long de l’année, des sorties culturelles et un concours d’éloquence. Retour sur la première sortie culturelle PACE HEC, à la fin du mois de novembre dernier, durant laquelle 64 lycéens et 10 tuteurs (eux-mêmes étudiants à HEC), ont pu découvrir le « Paris du crime », au fil d’un parcours ludique et instructif.
« Dirigeons-nous vers ce quartier dans le quartier (sic), coincé entre Saint-Sulpice et la place Saint-Michel. Sa faune est étrange. Un mineur s’évade-t-il de sa province, c’est là qu’il vient échouer en des sous-pentes que l’on habite à huit ou dix. Ces épaves ne sont pas encore des majeurs. D’après un rapport de police, ces enfants minés par l’alcool et la faim ne seront jamais récupérés par la société. Ils ont vingt ans et ils mourront clochards. » C’est ainsi que l’écrivain Guillaume Hanoteau décrivait, en 1965, les réalités du quartier situé autour de la place Saint-Michel dans son livre « L’âge d’or de St-Germain-des-Près ».
Une réalité heureusement bien éloignée de ce lieu devenu emblématique du tourisme parisien, que les 75 élèves et tuteurs ont arpenté lors de la première sortie culturelle PACE HEC de cette année scolaire 2018-2019. « Notre programme permet la découverte de nouveaux centres d’intérêt, » explique Armelle Sudrat de la Mission Egalité des Chances HEC. « Ces sorties nourrissent la réflexion autour de l’orientation et favorisent l’ouverture culturelle ».
Un beau moment de partage
Cette sortie fait partie intégrante de PACE HEC, un programme en faveur de l’égalité des chances labellisé « Cordées de la Réussite », qui a été lancé en 2007 pour faciliter les réflexions des lycéens sur leurs études, les filières sélectives et les grandes écoles. Au cours de cette année scolaire, un groupe de 107 lycéens, dont près de 80% de filles, se retrouve sur le campus de Jouy-en-Josas deux fois par mois pour des séances de tutorat animées par des étudiants d’HEC.
Pour cette visite du Quartier Latin, les tuteurs Maxime et Gaëtan font partie d’une équipe d’encadrement de onze personnes. « C’était une très belle sortie et un beau moment de partage, » expliquent-ils après un parcours de près de trois heures. « Elèves et tuteurs ont appris énormément de choses, dans une ambiance détendue. » Après un démarrage devant les statues de l’Archange Michel et de Satan qui ornent la fontaine de la place Saint-Michel, les trois groupes de 20 élèves ont déambulé dans les petites ruelles qui caractérisent un quartier construit sur les vestiges de la cité gallo-romaine de Lutèce. Leurs trois guides de l’association My Urban Experience les ont amenés devant la maison où s’est retiré le couple mythique du Moyen-Age, Héloïse d’Argenteuil et Pierre Abélard. Face à la cathédrale Notre-Dame, les lycéens ont ensuite découvert trois portails sur lesquels figurent de nombreuses sculptures : le Jugement dernier, les vertus et les vices, les vierges sages et les vierges folles, le Paradis et l’Enfer.
Le Quartier Latin et son histoire
La balade s’est achevée devant la Tour Saint-Jacques par un goûter et des échanges pour la plupart enthousiastes sur les impressions des lycéens. « Moi, ce que j’ai préféré ce sont les anecdotes sur la police, » raconte Sahra du lycée Jean Macé, à Vitry-sur-Seine. « Les guides nous ont raconté l’évolution de la technologie utilisée pour traquer les criminels. Pendant longtemps, ces derniers avaient le dessus et la police se faisait avoir à chaque fois. Mais, après la Seconde Guerre Mondiale, la tendance s’est inversée car la police s’est développée technologiquement. » La richesse historique du quartier et ses liens avec le crime n’ont pas échappé non plus aux historiens, comme Dominique Kalifa, professeur à la Sorbonne-Paris I, qui a sorti en 2015 l’Atlas du crime à Paris. « Ville ouvrière, Paris a longtemps été une fourmilière où le vol, l’altercation et la rixe étaient monnaie courante, » écrit-il. « Le départ des classes populaires vers les banlieues a fait surgir une autre géographie mais, tandis que la courbe des homicides est en constante décrue, voyous et criminels parisiens à l’ancienne sont devenus, par un étonnant retour des choses, des figures familières de l’imaginaire urbain. »
Ces souvenirs et ces figures ont peuplé l’après-midi des lycéens ce mercredi 21 novembre. D’autres sorties culturelles (dont une pièce de théâtre à la Comédie française et peut-être une visite de l’Assemblée Nationale) seront proposées durant l’année scolaire, au sein d’un programme qui se clôturera le 22 mai 2019 par des Olympiades (une journée de jeux et de défis organisée par les tuteurs HEC, pour finir l’année dans une bonne ambiance). Une fois le programme terminé, ces lycéens feront partie des 800 jeunes ayant pu bénéficier, depuis 12 ans, de ce dispositif PACE HEC.