Cérémonie de remise des diplômes 2023, partie II : immersion au coeur du Magic System
HEC Paris a célébré sa 142ème cérémonie de remise des diplômes au cours de deux journées ensoleillées de juin sur le campus de Jouy-en-Josas. Dans une première partie, nous avons décrit le 50ème anniversaire de la mixité à HEC et la remise des diplômes aux cadres en formation continue, masters en ligne et aux doctorants. Aujourd'hui, nous nous tournons vers les tout premiers étudiants du programme PACT Afrique d'HEC qui ont été diplômés cette année, et vers une vibrante interprétation en direct des icônes de la musique ivoirienne, Magic System, pour clôturer la cérémonie de remise de diplômes.
À bien des égards, la cérémonie de remise des diplômes, qui a duré deux jours, était drapée des couleurs orange, blanche et verte de la Côte d'Ivoire. En effet, 2023 a été la première année où des étudiants du programme d'égalité des chances PACT Afrique - initiative lancée par HEC en 2019 avec l'Institut National Polytechnique Félix Houphouët-Boigny - ont été diplômés du Master in Management. La remise des diplômes a également mis en avant plus de 30 cadres ivoiriens qui ont réussi l'Executive Master de l'école ; et l'un d'entre eux est allé secouer le chapiteau jusqu'à ses fondations avec ses succès musicaux mondiaux. "Notre rêve s'accomplit aujourd'hui", indiquait Alexis John Ahyee, directeur du bureau de représentation d'HEC Paris pour l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique centrale, basé à Abidjan. "Nous avons eu besoin de beaucoup de détermination, d'énergie et d'une bonne dose de magie pour lancer ce programme. Aujourd'hui, lorsque je vois ces jeunes hommes et femmes recevoir leur diplôme, vêtus de leur toge noire et de leur chapeau, je suis très fier de ce que nous avons accompli ensemble. Ils viennent de milieux modestes et ce programme leur permet d'accéder à une éducation d'élite qui contribuera à transformer l'Afrique".
Des diplômés HEC 2023 ivoiriens avec l'ambassadeur de Côte d'Ivoire, Maurice Bandaman
Un sentiment partagé par l'ambassadeur de Côte d'Ivoire en France, Maurice Kouakou Bandaman, ancien ministre ivoirien de la culture et de la francophonie. Lors d'un événement spécifique organisé à HEC Paris le Château le matin même de la remise des diplômes, M. Bandaman a insisté sur la longue tradition de son pays en matière de promotion de l'éducation : "Notre premier président, Félix Houphouët-Boigny, a consacré environ 45 % de notre budget au système éducatif, soit plus du double de ce qu'il consacrait à la défense et à la sécurité. Et cette tradition s'est maintenue, avec des bourses pour nos étudiants les plus brillants. C'est donc tout naturellement que je viens sur le campus pour rendre hommage à ces diplômés qui deviendront les pionniers de notre pays". M. Bandaman a souligné la nécessité d'allier l'ingénierie à la gestion et à la stratégie pour renforcer les infrastructures hydrauliques, électriques et de transport de la Côte d'Ivoire. "Et puis il y a le secteur agricole", a-t-il poursuivi. "La nouvelle dynamique de développement durable et de management ici à HEC est parfaitement adaptée à notre objectif: trouver de nouvelles techniques pour allier nos industries du cacao et du café à notre chaîne de valeur et à notre culture. Ces diplômés contribueront à nos projets de création d'usines pour transformer les matières premières telles que le caoutchouc, le cacao, le café et les noix de cajou en produits finis."
Les étudiants du programme PACT Afrique réunis au château d'HEC Paris, avant la cérémonie
La ligne SASI
Bénéficiaire d'une bourse au mérite du gouvernement ivoirien, Jean-Martial Bla a été l'un des cinq diplômés de la Grande Ecole à s'orienter vers de telles ambitions éducatives. Il était présent pour célébrer ses trois années à HEC, au cours desquelles il a fondé et présidé l'association HEC Pact & Friends. A ses côtés, une autre diplômée, Kiyalie Kémien, semblait presque à court de mots lorsqu'elle évoquait son passage à HEC : "Tout n'a pas été facile, mais je suis tellement heureuse d'avoir fait ce parcours", confiait-elle. "L'école m'a apportée bien plus que des connaissances. J'ai appris à repousser mes limites encore et encore, à aller au bout de la compétition". L'Ivoirienne a choisi la majeure de neuf mois Sustainability and Social Innovation (SASI) pour compléter son Master en Management, et est déterminée à en faire bon usage : "J'envisage de travailler dans les secteurs d'investissement à impact mais aussi avec des aspects sociologiques pour une plus grande sensibilité aux besoins de la société. Je me souviens que le professeur Jeremy Ghez nous a accueillis en disant : "Vous n'avez pas à vous cantonner à un secteur, notre objectif est de vous envoyer partout, de la stratégie au marketing. Le changement doit se faire de l'intérieur". Quand il a dit cela, j'ai su que j'avais fait le bon choix avec SASI".
Kiyalie Kémien, jeune diplômée de la Grande école
Tisser des liens intergénérationnels
Lors de la cérémonie de remise des diplômes, Kiyalie Kémien a pu retrouver des étudiants d'une génération précédente qui mettent également leur expérience et leur formation au service du développement du continent africain. Ces trois dernières années, Malik Séibou Gomina a jonglé entre ses fonctions de parlementaire au Bénin et les exigences du Global Executive Master in Management : "Après 20 ans de journalisme, j'avais besoin de trouver un moyen de relancer ma carrière. HEC m'a donné les outils nécessaires pour améliorer la vie quotidienne de mes électeurs au Bénin". À ses côtés, Don Dussey, un autre ancien élève, a expliqué sa décision de quitter une multinationale pour se consacrer à l'environnement quotidien de ses concitoyens en Côte d'Ivoire. "Ce programme a été un tremplin crucial pour cette ambition", a-t-il déclaré après la cérémonie. "J'ai appris à repousser mes limites comme jamais je ne l'aurais imaginé. On m'a montré comment je pouvais transformer mes rêves en réalités sans être trop 'nucléaire' (sic.). Au contraire, j'ai trouvé des solutions concrètes que j'appliquerai dans ma société Premium Partners".
Sidikou Karimou a, quant à lui, insisté pour suivre un programme de master à HEC, ce qui lui a donné une bonne dose de confiance en lui : "Je suis un self-made-man qui s'est battu toute sa carrière pour arriver à son poste, sans aucun repère", explique celui qui dirige Harmonies Media Group à Cotonou, au Bénin. "Je suis donc venu ici pour trouver ces repères et ces références, car les choses étaient devenues trop difficiles pour quelqu'un sur le terrain". Comme Don Dussey, l'un des atouts durables de ses deux années à HEC a été le solide réseau d'étudiants partageant les mêmes idées : "On y rencontre tellement de gens brillants et doués que cela sera forcément déterminant pour la suite de sa carrière."
Zouglou, Coupé Décalé… et un Executive Master "made in HEC"
Mais la cerise sur le gâteau de la remise des diplômes, en ce samedi 10 juin 2023, a sans doute été la prestation sur scène de l'un des anciens élèves les plus célèbres, qui terminait triomphalement son Global Executive Master in Management (GEMM). Depuis des décennies, Salif Traoré est plus connu sous son nom de scène A’salfo, chanteur du groupe ivoirien Magic System. Le quatuor est devenu une sorte de mythe musical sur le continent africain - et bien au-delà -, pionnier du son coupé-décalé avec des tubes à succès comme "1er Gaou" en 2000. Mais les ambitions de Salif Traoré vont bien au-delà de sa voix et du style de danse zouglou qu'il a contribué à faire connaître. En 2008, il a fondé le premier festival international de musique de Côte d'Ivoire, le FEMUA, qui n'a cessé de prendre de l'ampleur avec comme objectif d'apporter la culture populaire aux personnes les plus pauvres du pays. Aujourd'hui, Salif Traoré souhaite aller encore plus loin : "Je suis venu à HEC pour trouver les outils afin de développer nos industries culturelles et créatives, les réadapter pour attirer notre diaspora et mettre en lumière la puissance artistique que nous sommes devenus".
Salif Traoré aka A’salfo de Magic System
Cette imagination et cette agilité se sont pleinement exprimées à la fin de la cérémonie de remise des diplômes. Vêtu de la traditionnelle toge noire, de son chapeau de jeune diplômé et de son écharpe orange, le chanteur s'est approché du micro et a déclaré qu'il avait eu du mal à choisir les mots justes pour refléter son expérience HEC, allant même jusqu'à envisager de recourir à ChatGPT mais sans y céder : "Mais je n'ai rien trouvé d'adéquat. Alors je me suis rabattu sur ce que je sais faire de mieux : chanter". C'est alors qu'A'salfo s'est lancé dans une interprétation inédite à HEC Paris de "Magic in the Air", le tube de son groupe, sorti en 2014, qui est devenu un succès mondial lorsqu'il a accompagné chaque victoire de l'équipe de France de football dès qu'elle marquait un but en Coupe du monde de la FIFA en 2018.
Avec ses trois compères, l'homme de 44 ans a laissé sa marque dans la cérémonie : "J'ai fait le tour du monde avec Magic System", a-t-il déclaré à la fin de la cérémonie, avec un large sourire. "Mais cela n'a rien à voir avec ce concert aujourd'hui. Ici, j'étais un diplômé qui faisait ce qu'il sait faire de mieux, chanter. Je suis monté sur scène et j'ai fait chanter des milliers d'autres étudiants avec moi. C'était une véritable communion et j'en suis encore très ému". Salif Traoré s'est beaucoup investi dans l'obtention du GEMM, notamment via un mémoire sur la création d'un système automatisé de récupération des droits d'auteurs des programmes diffusés dans les lieux publics, avec un focus sur l'Afrique. "J'ai voulu venir à HEC pour montrer aux gens de chez nous que tout est possible. Nous ne sommes pas ici pour devenir millionnaires, mais pour retourner dans nos communautés et être utiles, pour servir notre société et les générations à venir. Ma contribution est d'essayer de mettre fin à ces querelles sans fin entre l'industrie de la musique et les artistes sur une répartition équitable des droits d'auteurs que nous générons. J'ai commencé à appliquer mon travail dans des projets pilotes chez moi. Mais j'ai encore tellement à apprendre que je peux vous garantir que je reviendrai ici à HEC dans un futur proche pour continuer à faire évoluer mes projets."
Les étudiants du programme PACT Afrique sur les marches du Château avec (de gauche à droite) : Delphine Colson, Philippe Oster, Gabriella Mazzini, l'Ambassadeur de Côte d'Ivoire en France Maurice Kouakou Bandaman, Adama Koné (INP-HB), Martine Coulibaly (Ministre-Conseiller à l'Ambassade de Côte d'Ivoire) et Alexis-John Ahyee
Découvrez en plus sur A'Salfo dans son portrait HEC Stories.