Des trophées pour les entreprises françaises en Afrique
Pour la dixième année consécutive, le cabinet de conseil indépendant BearingPoint a souhaité récompenser les meilleures entreprises françaises dans six catégories, du business model au développement durable. Pour la première fois cette année, l’accent était mis sur les entreprises françaises présentes sur le continent africain. En partenariat avec HEC Paris, le Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN) et La Tribune Afrique, le cabinet a sélectionné, parmi 200 candidats, une demi-douzaine de gagnants pour ces « Trophées du Développement International ».
Pour Jean-Michel Huet, partner chez BearingPoint, se focaliser sur les entreprises françaises présentes en Afrique semblait tout à fait naturel. Il a en effet été responsable du développement en Afrique, notamment dans les secteurs du management et de la technologie. « Je dirige l’International Development Intelligence Unit depuis 2010, avec un focus particulier sur l’Afrique et le Moyen-Orient, » rappelle-t-il devant le public nombreux réuni à l’hôtel Wagram, au centre de Paris. « A ce titre, j'ai acquis une expertise dans les secteurs de la télécommunication, du m-paiement, de l'e-éducation et de la e-santé en Afrique, des secteurs-clés pour les différents projets en lice pour ces trophées, qui ont pour thèmes principaux l’inclusion financière, l'énergie, l'éducation et l'eau. »
Cette cérémonie de remise des prix du 19 novembre a été l’aboutissement d’un long cheminement, débuté avec l’appel à candidatures lancé par BearingPoint au mois d’avril 2019 auprès de 50.000 entreprises cibles, susceptibles d’entrer dans une de ces cinq catégories : meilleur business model, meilleure innovation, start-up la plus prometteuse, meilleure activité B2B ou B2G (« Business to Government »), meilleure contribution technologique ou numérique, et meilleure politique de développement durable. Et pour finir un Grand Prix, destiné à un projet ayant particulièrement marqué la communauté du business africain au cours de la dernière décennie. Le jury a relevé quatre tendances de fond cette année : la croissance du soft power français (dans les industries de la création, du sport, de la technologie...), le succès concomitant des grandes entreprises comme des start-up, ou encore l'émergence de projets dans les domaines des énergies vertes et de l’eau.
« Les entreprises françaises ont une longue histoire en Afrique, un continent dont 24 des 54 nations ont le français comme langue officielle » ajoute Jean-Michel Huet. « Ce n'est peut-être pas toujours un "long fleuve tranquille" en Afrique pour les affaires, mais le défi est passionnant, il y a tant à faire. »
Une start-up éducative récompensée
Les entreprises françaises en Afrique sont connues pour la qualité de leurs produits, leur capacité d’innovation et leurs prix relativement élevés, selon Jean-Michel Huet. Autant de qualités qui ont été mises en valeur lors de la cérémonie de remise des Trophées. Les six prix ont été répartis équitablement entre les grandes entreprises – Orange (pour le Grand Prix), Veolia ( pour le prix de l’Innovation technologique/digitale) ou Engie (Développement durable) – et les plus petites : Famoco (B2B/B2G Innovation), Openclassrooms (Start-up) et Uduma (Business Model). « Cette diversité entre les grands acteurs et les jeunes entreprises émergentes est particulièrement enrichissante » observe Inge Kerkloh-Devif, directrice exécutive du centre IDEA (Innovation, Digital, Entrepreneurship, Acceleration) d'HEC.
Inge Kerkloh-Devif faisait partie des dix membres du jury qui a sélectionné les six gagnants. HEC s’est dès le début associé avec BearingPoint dans cette recherche de nouvelles entreprises émergentes sur les nouveaux marchés, et capables d’avoir un impact sur la communauté business. Avec Laurent Bigorgne, directeur de l’institut Montaigne, Inge Kerkloh-Devif a remis à Openclassrooms le prix de la meilleure start-up. Cette petite entreprise s’est servi du e-learning pour proposer des services éducatifs à des dizaines de milliers d'élèves, grâce à un travail collaboratif avec des partenaires locaux. « À HEC, nous pouvons voir le lien qui unit le développement des talents à la croissance de l’économie » ajoute Inge Kerkloh-Devif. « De plus en plus de participants venant d’Afrique rejoignent nos programmes d'e-learning, par exemple notre Online Master in Innovation and Entrepreneurship. Faciliter l’accès à une éducation innovante au sein d’un continent en pleine croissance économique et démographique comme l'Afrique a un impact très important sur la richesse des économies locales. » La cérémonie organisée par BearingPoint coïncidait en effet avec le lancement du programme Lead Campus par HEC, un certificat sur le leadership durable, à dimension panafricaine (avec le soutien de l’AFD).
A la recherche de l’eau potable
Autre lauréat très applaudi, Uduma. Cette entreprise encore assez jeune propose, de façon abordable et accessible, des services liés à la fourniture d'eau potable aux populations rurales de certaines des régions les plus reculées d'Afrique subsaharienne. « Nous avons été convaincus par votre modèle d'inclusion, et par votre souci de créer un nouveau réseau de production impliquant des partenaires locaux » a expliqué Philippe Gautier, membre du jury, au moment de remettre le prix. En le recevant, le directeur d'Uduma, Thierry Barbotte, a souligné quant à lui l'importance de proposer aux populations des services faciles d’utilisation, et pas seulement des produits liés à l'eau. « L'idée est née il y a 10 ans, lorsque j'ai pris conscience que 560 millions de personnes dans le monde n'avaient pas accès à l'eau potable. Nous avons compris que le problème était le manque d’équipements, et les moyens de les entretenir. Nous avons donc formé des gens sur place avec qui nous communiquons par téléphone portable pour résoudre les problèmes techniques, à distance. » Pour seulement 12 euros par an, une famille de six personnes a ainsi accès à l'eau potable pendant une année entière. Le programme s'est déployé du Burkina Faso au Mali, y compris dans les zones interdites.
Jean-Michel Huet s'est félicité pour finir de la montée en puissance des Trophées, qu'il a lancés en 2010. L'événement continue de bénéficier du soutien du CIAN (le Conseil Français des Investisseurs en Afrique), qui réunit les grandes et petites entreprises qui investissent sur le continent. « Nous allons aider ces entreprises à se développer et à diffuser leurs idées. Les marchés africains sont particulièrement dynamiques et attirés par les projets de développement collaboratifs. Nous pensons que c'est le moment idéal pour se lancer et investir dans un continent que la France va célébrer l'année prochaine. Car l’Afrique accueille une population en croissance, qui sera sans doute à l'avenir une consommatrice durable pour les entreprises françaises et leurs produits. »