Diversité et inclusion au travail
A l’occasion de leur 14ème édition, les Diversitalks d’HEC Paris ont souhaité savoir comment les entreprises s'engagent aujourd’hui à promouvoir l'égalité, en embauchant des profils divers et en proposant des environnements de travail équilibrés. L’événement, qui s’est tenu le 27 février dernier, a permis à de nombreux étudiants, chercheurs et professionnels d’entendre des témoignages émouvants sur la diversité au travail, un sujet qui reste toujours d’actualité malgré les changements considérables provoqués par la crise sanitaire actuelle.
« Il m’arrive souvent de débuter mes cours en projetant une scène de classe, tirée du film « Le Cercle des poètes disparus » : elle montre un dialogue autour de la littérature qui paraît assez captivant. Je demande alors à mes élèves : cette classe reflète-t-elle la diversité ? Le but de ce cours (NDLR : donné par le professeur d’anglais John Keating) est pourtant de montrer que chaque élève est spécial et différent. Mais si l’on regarde la composition de la classe, il y a clairement une absence de diversité ! » C’est ainsi que Matteo Winkler, le co-organisateur de DiversiTalks, a ouvert cette 14ème rencontre, organisée sur le campus. Il s’agissait, une nouvelle fois, de promouvoir et d'encourager le dialogue autour de la question de la diversité. « Ce soir, nous avons convié des professionnels remarquables afin qu'ils puissent partager leurs expériences et leurs témoignages en matière d'inclusion. Ils vont vous expliquer ce que cela signifie, au moment même où nous efforçons de comprendre comment les entreprises réussissent à faire fonctionner des équipes diverses. Comment font, par exemple, les dirigeants d’entreprise qui y sont favorables pour promouvoir l'inclusion et la diversité dans leur environnement professionnel ? »
L’organisation de cette soirée a été soutenue par de très nombreuses entreprises, dont Bain & Company, EY, Allen & Overy et la BRED Banque Populaire. Les organisateurs ont invité plusieurs intervenants afin qu’ils fassent part de leur expérience, comme l’écrivaine Amy Plum, la directrice de Handicap Paris Fatima El Allaly, la cofondatrice de Hipip In Liliya Reshetnyak, le consultant Filippo Gafaro, Xavier Boute (professeur associé à HEC) et Eden Agbojan, associate partner chez EY. Leurs témoignages successifs durant cette soirée ont été sincères, et souvent très révélateurs. « L’expérience la plus difficile que j’ai eu à vivre était liée à la stigmatisation de la communauté gay, et même à l'auto-stigmatisation à l’intérieur de celle-ci », racontait ainsi Filippo Gafaro, en décrivant les défis professionnels liés au fait de devoir vivre avec le VIH. « J'ai gardé cela caché pendant des années, par honte. Il a fallu que des personnalités comme le rugbyman Gareth Thomas déclarent leur séropositivité pour me donner le courage d'en faire autant ».
Des handicaps non visibles
Xavier Boute, professeur associé d'HEC en économie et sciences de la décision, a ensuite rappelé que de nombreuses personnes vivent avec des handicaps non-visibles, comme la bipolarité ou les troubles du sommeil. « Dans le milieu professionnel, il est primordial de connaître son équipe et ses handicaps, ses forces et ses faiblesses, afin de pouvoir y travailler ».
Liliya Reshetnyak est venue renforcer ce point de vue au travers de son expérience personnelle, et de sa découverte des causes réelles de ses moments d'hypersensibilité et de ses crises de fatigue. « Il y a six ans, j'ai découvert que j'étais atteinte du syndrome d’Asperger, une forme d’autisme. J’ai été très soulagée de comprendre les causes véritables des difficultés que je rencontrais au travail. Les personnes dans ma situation manquent de beaucoup de choses dans la vie, mais la société de son côté ne profite pas de notre productivité, dont les entreprises ont pourtant besoin ».
Rica Paras, une experte en informatique basée au Royaume-Uni, a pu décrire les étapes de la transition qui lui a permis de devenir transgenre, un parcours qui a commencé à la fin de ses études secondaires . « Je suis très heureuse d’être ici et de pouvoir partager mon expérience avec vous, car très peu d’institutions de l'enseignement supérieur le font. C'est hélas le reflet de ce que nous vivons dans le monde de l'entreprise, où les personnes LGBT+ sont presque invisibles ». Rica Paras a également vanté les mérites de son entreprise, Accenture, pour ses efforts dans la promotion de l’inclusion et de la diversité. « Nous bénéficions également d’un code vestimentaire non lié au genre, et d’avantages non genrés, et en tant que défenseur de la diversité, cela m’a permis d’avoir un réel impact ».
Un nouveau regard sur le monde
Laure Châtillon, associée et responsable de la diversité chez PwC, a souligné l’importance des symboles dans son entreprise, comme l'arc-en-ciel ou les badges. « Nous pensons que pour être engagé(e) dans une cause, il faut en faire une affaire personnelle. Nous nous sommes fixé des objectifs bien précis et nous les mesurons, comme par exemple le nombre de femmes promues à tous les niveaux, car Il existe trop de cas de discrimination et de préjugés inconscients. Il nous faut progresser, sinon nous devrons attendre jusqu'en 2125 pour arriver à une réelle égalité de genre ! » Son collègue Stefano Caprara a invité l’audience à voir le bon côté de ce type de débat : « c’est le signe d’une société vivante, dynamique et en transition », déclarait ainsi le diplômé d'HEC (H19) et senior associate chez PwC. « Nous nous adressons encore à des gens qui regardent le monde avec une vision ancienne. Mais cela change : aujourd'hui, il s'agit de diversité et d'inclusion ; demain tout cela aura un autre nom ».
Les DiversiTalks ont débuté en février 2017 par un débat sur le « politiquement correct ». Au cours des trois dernières années, ils ont été l’occasion d’aborder une grande diversité de sujets liés au lieu de travail, notamment le harcèlement sexuel, les préjugés et le fait d’être soi-même au travail.