Egalité des chances : un foisonnement d’initiatives à HEC Paris
Ce 8 janvier 2018, l’Académie HEC a lancé son programme permettant aux étudiants de la Grande Ecole (classes L3 et M1) d’accompagner pendant trois semaines une vingtaine d’entrepreneures du programme Stand Up. « Un catalyseur décisif pour ces femmes et un moyen fabuleux pour les étudiants de mettre en pratique leurs connaissances théoriques acquises en cours, » selon Maryline Marin, Directrice exécutive du Centre d’Entrepreneuriat.
Cette Académie fait partie des programmes d’HEC Paris visant à favoriser l’égalité des chances. Depuis 2006, ce pilier du développement de l’école s’efforce d’aider des élèves et des entrepreneures talentueuses, issues de milieu modeste, à bénéficier de l’ascenseur social par l’accès à l’enseignement supérieur. « C’est l'un de nos engagements les plus forts, » insiste Eloïc Peyrache, Directeur délégué des programmes Grande Ecole. Les programmes se nomment Stand Up, PACE, PREP, Découverte des Arts, Sensibilisation à l’enseignement supérieur et FACT IMPACT. Ils sont portés par HEC et la Fondation HEC. Toutes ces initiatives ont pour vocation de révéler et soutenir des grands talents, de leur donner confiance en eux et de leur faire prendre conscience de leur potentiel au sein d’HEC… et bien au-delà !
« Tout était accessible grâce à cette immersion totale de trois jours, partagée par 300 femmes dans un lieu bucolique. C’était magique. » L’émotion est palpable dans la voix de Valérie Cornetet, participante du Summer Camp 2016. Cette femme entrepreneure est revenue sur le campus HEC un an plus tard en tant qu’intervenante et fondatrice de sa toute nouvelle société CI-3C Expertise. Devant elle, des dizaines de jeunes femmes sont accroupies au-dessus de leur blason. C’est un kaléidoscope de dessins, de coupures de presse, de mots et de couleurs, couchés sur des affiches, permettant de refléter leur parcours de vie et le sens de leur projet entrepreneurial.
La scène se déroule dans un long couloir à la sortie de l’amphithéâtre Blondeau où s’est improvisé un atelier destiné à ouvrir les 72 heures du Stand Up Summer Camp 2017 : 205 femmes issues des quartiers dits prioritaires en Ile-de-France, toutes engagées dans un programme en faveur de l’ouverture sociale auquel HEC participe depuis 2012. « Je me souviens de cet instant comme si c’était hier, » poursuit Valérie. « J’avais dessiné un cerveau et un ciel lumineux sur mon blason. A côté, j’ai ajouté le nom de Benoîte Groult, une féministe que j'admire, et l'ampoule de la créativité. Mon blason était mon point de départ : un an plus tard, je retrouve ces éléments dans ma société, des valeurs de bienveillance avec l’humain au centre de l’action. CI-3C Expertise incarne des principes que j’ai appris ici : la sensibilité à l’économie sociale et solidaire, mais aussi une folle envie d'accompagner toutes celles qui rêvent d'innover. »
Des blasons, autant de fenêtres vers l’avenir
Des témoignages de ce type ne sont pas isolés lors des séminaires HEC Stand Up, destinés aux femmes portant des projets d’entreprises impactants, ou ayant déjà créé leur société. Organisé par le Centre d’Entrepreneuriat HEC et structuré grâce à un programme pédagogique élaboré en collaboration avec le Centre Society & Organization HEC, le Camp vise à apporter aux 205 participantes une méthodologie pour concrétiser leur projet, mais surtout à développer leur confiance en elles. Au hasard des rencontres, nous échangeons avec Virginie Cornejo Rada qui travaille sur le projet Colibri RH, une start-up liée à son parcours personnel, de la Bolivie à la France, en passant par le Brésil. « Je souhaite accompagner des entreprises en Amérique Latine sur le plan des ressources humaines, afin qu’elles évitent les risques de clashes interculturels, légaux ou fiscaux », explique-t-elle.
A ses côtés, Alexandra Ouedraogo s’agenouille sur le sol pour dessiner le drapeau du Burkina Faso. Elle y inscrit les mots « persévérante », « battante », « leader » et « motivatrice ». « J’ai commencé à travailler à une idée d’association d’aide pour les jeunes et les femmes dans l’agro-business de mon pays, soutenus par la nouvelle technologie, » dit-elle avec un sourire légèrement embarrassé. « Avec ce soutien, ils peuvent s’affranchir de la pauvreté. Cependant », avoue-t-elle, « mes idées sont encore disparates et j’espère que le Summer Camp m’aidera à les faire mûrir et à les canaliser. » Puis Alexandra inscrit en rouge sur son blason un proverbe de Socrate, datant du VIème siècle avant notre ère : « Connais-toi toi-même et tu connaîtras les Dieux et l’Univers. »
Nous croisons enfin Hayette Djennane, une sportive de haut niveau qui, depuis sept ans, se consacre au parachutisme en section handisport. Cette double championne de France note les similitudes entre sport et entrepreneuriat : « ces deux sphères partagent le goût pour le travail, la quête de l’excellence, de la performance et de la persévérance. » Hayette se bat pour que le sport soit porteur d’inclusion et d’emploi. « Je suis ici pour voir ce bébé de projet devenir grand et répondre aux défis de l’accessibilité et de l’inclusion », affirme-t-elle avec fermeté.
Du Summer Camp à l’incubateur
Catherine Diemer accompagne au quotidien des entrepreneurs, avec un focus particulier sur les start-up technologiques. Elle a été recrutée par HEC pour accompagner les femmes entrepreneures du Summer Camp. « Je suis ici pour transmettre mon vécu entrepreneurial et d’accompagnement'– j’ai eu à accompagner plus de 200 projets dans mon parcours professionnel ! Je les guide vers la création d’activités. Je m’appuie aussi sur mon expérience de manager de projets dans l’informatique », précise-t-elle, s'appuyant également sur ses 30 ans d’activité au sein de l'APCE en tant que directeur et manager de projets. « Ces femmes doivent savoir que, même au plus bas de l’échelle sociale, on peut innover, créer une activité et la faire croître. On doit aussi s’ouvrir à elles. La plupart ont des racines multiples et cette diversité est un atout pour faire avancer la France. Dans la French Tech on manque de diversité ! Il faut donc donner la parole aux jeunes femmes issues d'une longue histoire d'immigration. HEC fait preuve d’un bel investissement ici, ce brassage ne peut que correspondre à la société diversifiée d’aujourd’hui, » conclut-elle avant de retourner à son cours.
« Pourquoi les femmes entrepreneures ? » s’interroge Eloïc Peyrache, Directeur délégué des programmes Grande Ecole d’HEC : « parce qu’il y a peu d’opportunités pour elles dans les quartiers prioritaires ; or, elles jouent un rôle colossal au sein des familles, elles ont une énergie extraordinaire ; lorsqu’elles s’investissent dans nos programmes, elles transmettent cet enthousiasme à tout le campus. »
Les plus talentueuses et les plus déterminées sont retenues pour intégrer un dispositif d'accompagnement de start-up au sein d'HEC : 10 sont admises dans l'incubateur HEC à Station F (Paris XIIIème) et 60 bénéficient d’un programme d'incubation au sein de la pépinière Soleillet (Paris XXème - quartier Gambetta), dirigé avec énergie par Valérie Barry-Gandhi et son assistante Léa Karayannis. « C’est un nouveau lieu, un espace fabuleux pour nos femmes entrepreneures, » explique avec enthousiasme cette manager qui, par ailleurs, préside l’association DiasporaSphère. « Dans ce lieu qui se veut être également un espace de co-working, on voit éclore des réseaux ; on y organise des ateliers, des parrainages et des tutorats. Toute cette émulation peut amener ces femmes à l’incubateur à Station F, ou bien directement à la création d’une start-up. Et, depuis 2016, ces femmes sont également coachées bénévolement par le club XXIe Siècle qui accompagne des femmes issues de la diversité ou ayant des parcours atypiques.»
Un engagement social pionnier en France
Stand-Up représente un élément-clé pour l’égalité des chances et pour l'engagement d'HEC Paris en la matière, mais un autre dispositif phare, destiné aux jeunes cette fois, vient confirmer la volonté de l’école d'être un acteur présent dans la lutte contre le déterminisme social. Ce deuxième pilier de l’engagement social d’HEC Paris se traduit par la mise en place de plusieurs programmes de tutorat destinés à des lycéens de milieu modeste, afin qu’ils puissent choisir puis réussir des études supérieures ambitieuses. Coordonnés avec entrain par Hélène Bermond, déléguée à l’Egalité des chances, ces programmes labellisés « Cordées de la Réussite » permettent à HEC d’intervenir à 2 moments-clés de la formation de ces jeunes : avant et après le bac. Depuis 2007, ce sont près de 1800 élèves qui ont bénéficié de cet accompagnement, un vaste programme unique en France.
Semer des graines
Avant le baccalauréat, l’objectif est de renforcer l’ambition scolaire d’élèves en classe de première et de terminale issus de milieux sociaux modestes, quelle que soit la filière à laquelle ils se destinent. « Nous cherchons à lever les freins inconscients ou réels qui compromettent souvent leur entrée et leur réussite dans l’enseignement supérieur, » explique Hélène Bermond. « De nombreuses barrières peuvent dissuader des jeunes issus de milieux et/ou quartiers défavorisés de se lancer dans des études de haut niveau, même s’ils en ont les capacités. Notre rôle est de stimuler leur ambition en renforçant avant tout leur confiance en eux : ouverture culturelle, développement de leur aptitude à débattre et défendre leurs idées, ateliers permettant de mieux connaître les filières d’études. C’est tout l’objectif du programme PACE (Programme d’Action et de Coopération pour l’Education) auquel près de 700 élèves ont participé depuis sa création. »
« Notre but d’ici cinq ans est de recruter 380 élèves par an pour les programmes pré-bac », insiste Eloïc Peyrache, « soit le même nombre de recrues que pour notre Grande Ecole. Tout un symbole. » En 2017-2018, le dispositif mis en place pour accompagner les lycéens avant le bac a également vu la création de deux nouveaux programmes : un programme de découverte des arts et un programme de sensibilisation aux études supérieures. Tous ces programmes reposent sur du tutorat et des rencontres animées par des étudiants d’HEC. « L’objectif est de sensibiliser les élèves à l’intérêt de faire des études supérieures ambitieuses », souligne Hélène Bermond. « Il s’agit de semer les graines d’une réflexion qui pourra se transformer en projet d’études. »
Les engagements post-bac
Après le bac, l’action d’HEC est centrée sur les classes prépas économiques et commerciales. 380 élèves sont concernés tous les ans par les bourses accordées par la Fondation HEC aux élèves boursiers de 14 prépas partenaires et par le programme PREP’HEC. Ce programme est déployé depuis 2007 dans les classes ECE et ECT de trois lycées partenaires. En 12 ans, pratiquement 780 élèves ont bénéficié de l’accompagnement PREP et plus de 500 élèves ont passé les concours d’entrée aux écoles de commerce. Sur les 176 élèves impliqués concernés l’année dernière, 84% ont intégré une école. Cette année, 186 bénéficieront des tutorats assurés par les étudiants HEC, séances de coaching par des professionnels, parrainage individuel et entraînements aux oraux, passage obligatoire du recrutement dans les écoles de commerce.
Depuis deux ans, les actions en direction des prépas s’ouvrent à des élèves qui souhaitent y participer à titre individuel, notamment le séminaire de pré-rentrée qui démarre le programme. 35 élèves bénéficient également depuis la rentrée 2017 d’un accompagnement méthodologique à distance par les étudiants HEC. Un programme innovant qui reflète l’élargissement des activités d’HEC pour engager sa responsabilité sociale et sociétale au cœur du concept d’égalité des chances si cher à l’école de commerce.