HEC Paris et IP Paris lancent un centre d’ambition mondiale consacré à l'IA et à la science des données
HEC Paris et l'Institut Polytechnique de Paris (IP Paris, qui réunit l'Ecole polytechnique, l'ENSTA Paris, l'ENSAE Paris, Télécom Paris et Télécom SudParis) viennent de lancer un nouveau centre de recherche et d’enseignement, consacré à la science des données et à une intelligence artificielle centrée sur l'homme. Cette initiative multidisciplinaire a été dévoilée à Paris le 15 septembre, au cours d’un événement online très suivi, ponctué par les interventions des dirigeants et professeurs des deux écoles, de chefs d'entreprise et de décideurs politiques.
Centre dédié à la data science et à l'intelligence artificielle (IA) pour la science, les entreprises et la société, Hi! Paris rassemble des chercheurs, des professeurs et des doctorants de renommée mondiale pour créer le premier centre interdisciplinaire et interinstitutionnel en Europe ayant pour ambition de repousser les limites en matière d'IA et de science des données. Cinq groupes d’envergure mondiale (Kering, Rexel, Total, L'Oréal et Capgemini) soutiennent déjà le centre. « Nous avons réuni pour ce lancement toutes les parties prenantes : étudiants, chercheurs, experts, sponsors et décideurs politiques », a déclaré Peter Todd, Directeur Général d'HEC Paris, en conclusion de cet événement animé avec brio pendant près de trois heures par la journaliste Marie-Aline Meliyi. « Tous les ingrédients sont réunis pour créer une institution de premier plan au niveau mondial, qui répondra à une question centrale : comment la technologie peut-elle changer la société et avoir un impact positif sur notre bien-être ? » « C'est le bon moment pour monter en puissance et changer d'échelle », a poursuivi Eric Labaye, président d'IP Paris. « Pour résoudre les problèmes majeurs de notre planète, nous avons besoin d'une approche multidisciplinaire qui place l'éthique et la diversité au cœur de sa mission ».
Anne-Laure Sellier, une des chercheuses qui incarne l'interdisciplinarité du centre, a ensuite expliqué en quoi la technologie fondée sur l'IA peut transformer la vie des entreprises. Professeure associée en marketing à HEC, elle a donné des exemples tirés de ses propres recherches : « Nous avons des données qui indiquent que nous ressemblons à nos marques. Imaginez, nous pouvons deviner quel parfum vous portez ou quelle voiture vous conduisez, au-dessus du niveau du hasard ! Il y a de nombreux autres exemples qui portent sur la partie technique de l'IA, ou sur sa composante humaine. En somme, comment s’assurer que les utilisations de l’IA demeureront éthiques, afin que nos sociétés soient tirées vers le haut par l'IA et la science des données, plutôt que d’avoir à en souffrir. »
D'immenses défis
Pour le mathématicien et lauréat 2010 de la médaille Fields Cédric Villani, ce projet, qui sera doté à terme d’un budget annuel de 50 millions d'euros, est « exactement ce dont nous avons besoin pour nous assurer que les étudiants travaillent main dans la main, par-delà les disciplines, pour apprendre de différentes cultures selon une approche pragmatique ». Ce spécialiste français de l'IA a été rejoint par Cédric O, secrétaire d'État chargé de la Transition numérique, et diplômé d'HEC en 2006 : « Les États-Unis et l'Asie sont actuellement en tête dans ce domaine, mais nous cherchons à les détrôner. Nous pensons que la France a un rôle à jouer et, avec ce centre, nous allons pouvoir rivaliser avec les meilleurs ».
Pourtant les défis restent immenses. « Le volume de données produites chaque jour dans le monde est ahurissant », observe ainsi Thierry Foucault, co-directeur scientifique du centre et professeur à HEC Paris. « Toutes ces données représentent un potentiel énorme pour leurs applications business, mais leur exploitation avec l’aide de techniques issues de la science des données et de l'IA créent de nouveaux défis, et de nouveaux risques pour la société. Lorsqu’on remplace le jugement humain par des décisions automatisées, ou lorsqu’on utilise des données personnelles, il est légitime de voir apparaître des préoccupations autour des questions d'équité et de respect de la vie privée. »
Atteindre une masse critique
Et plus les défis sont grands, plus le nombre de futurs chercheurs qui s’investissent dans ce domaine s’accroît. Le nouveau centre constituera ainsi une très forte impulsion pour le programme de doctorat conjoint créé par HEC et IP Paris l'année dernière, puisqu'il vise à recruter 150 doctorants. « Pour vous donner une idée de l'ampleur de ce nombre, » indique sa codirectrice Kristine de Valck, « nous avons actuellement environ 300 doctorants qui travaillent sur des méthodes de recherche et des sujets liés à la science des données et à l'IA. Le centre a donc pour objectif d'augmenter ce nombre de manière significative, ce qui est nécessaire pour atteindre une masse critique. »
Pour lancer leur carrière de chercheurs, ils pourront bénéficier de ce que le co-directeur scientifique de Hi! Paris, Eric Moulines (Ecole Polytechnique), nomme l'intelligence hybride : « Nous avons besoin d'une nouvelle compréhension de l'IA qui prenne clairement en compte les humains et l'humanité. L'intelligence hybride est la combinaison de l'intelligence humaine et de l'intelligence des machines, ce qui permet de renforcer l'intelligence humaine et ses capacités, plutôt que de les remplacer ».
Pour percer dans ce domaine relativement nouveau, le centre engage également une campagne de recrutement de 30 chercheurs, parmi les meilleurs au monde. « Nous sommes dans une course mondiale pour attirer les meilleurs talents, dans un secteur qui connaît chaque jour des transformations sans précédent », souligne Peter Todd. « Mais notre succès repose sur une innovation unique. Notre objectif est donc de contourner cette concurrence et de proposer des solutions que personne d'autre n'offre ». Pour cela, le Directeur Général d'HEC a souligné l'un des atouts du pays hôte : « L’approche française permet de prendre en compte les conséquences et les effets plus larges que l'IA peut avoir sur la société et les travailleurs. C'est une démarche très différente de celle de nos compétiteurs américains et chinois, et cela nous aide à leur tenir tête. »
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