HEC Paris renouvelle son engagement au Women’s Forum
Le 15ème Women’s Forum for the Economy and Society (WF) a rassemblé à Paris plus de 3000 délégués venant de 100 pays différents, afin de mettre en lumière la vision et l’expérience des femmes sur les grands enjeux mondiaux qui impactent la société. Parmi toutes ces femmes, 17 intervenantes et 40 bénévoles étaient issues d’HEC : elles ont contribué à la réussite de cet événement parfois surnommé le « Davos des femmes ».
L’édition 2019 du Women’s Forum Global Meeting, qui a eu lieu du 20 au 22 novembre 2019, a été en quelque sorte un retour aux sources. Il y a 15 ans, pour la première édition, Aude de Thuin et un groupe de femmes en vue avaient réuni des milliers de femmes d’influence à Deauville. Consacré dès le départ à l’empowerment des femmes, cet événement a désormais pris suffisamment d'ampleur pour changer l’ordre des priorités dans le monde entier. Le forum de cette année, qui s'est tenu dans les entrailles du Musée du Louvre, au centre de Paris, n'a pas fait exception. Il appelait les participants à « prendre l'initiative en faveur de l'inclusion... informer, influencer et donner aux hommes et femmes les moyens d'agir ». Pour la deuxième fois, il s'est accompagné d'un partenariat avec HEC Paris qui a envoyé une forte délégation au Carrousel du Louvre.
« Le Women’s Forum a mené une vaste enquête sur la manière dont les entreprises utilisent l’intelligence artificielle (IA). Elle a été plus qu’utile pour mes propres recherches » : depuis mars, Mitali Banerjee, professeure assistante en stratégie et politique d’entreprise à HEC, participe à l'initiative « Daring Circles » du Women‘s Forum, qui comprend une enquête détaillée sur la façon dont les organisations conçoivent et mettent en œuvre des écosystèmes plus inclusifs en matière d'IA. « Il s'agit d'un appel à l'action et au progrès pour les femmes afin qu'elles et l’IA puissent se donner mutuellement tout leur potentiel. En fin de compte, l’IA suscite de plus grands bénéfices sociétaux pour tous ».
Dans ses propres recherches, Mitali Banerjee a utilisé des outils d'IA, comme les réseaux neuronaux à convolution, pour mesurer l’innovation en matière de production créative, comme la peinture par exemple. « Les algorithmes que nous utilisons sont susceptibles de contenir de nombreux biais de valeur sociale. Nous devons donc être conscients de la manière dont les étiquettes de catégories sont créées. Sinon, nous appliquerons aveuglément ces algorithmes et reproduirons beaucoup de ces biais ». Lors d'un débat qui a eu lieu le 21 novembre, cette spécialiste des modèles de créativité informatique a échangé dans le cadre d’une table-ronde sur les possibilités offertes par l'IA pour s'attaquer aux obstacles à la promotion des femmes dans la société, au niveau mondial. Cette discussion faisait partie d'un débat central du Forum de cette année, autour des façons de relever les défis posés par la technologie perturbatrice, ou l'accès inégal à l'éducation et à l'information (qui, selon les intervenants à la table-ronde « limitent le potentiel humain et alimentent le populisme et les préjugés »).
La diversité des genres
« Mitali Banerjee fait partie d’une vaste équipe de chercheurs, professeurs et étudiants d’HEC qui se consacrent à ces questions cruciales, qui ont un énorme impact sur le monde présent et à venir » explique Inge Kerkloh-Devif, directrice exécutive du centre IDEA (Innovation, Digital, Entrepreneuriat, Accélération) d'HEC. Elle a suivi de près les trois journées intenses du forum et ses recherches de solutions concrètes qui, selon les organisateurs, « permettent de prendre l'initiative pour l'inclusion (et) d’accélérer l'impact ».
« Nous envisageons un monde où les hommes comme les femmes apporteraient le même impact et la même influence, un monde où ils seraient représentés équitablement. Nous cherchons également à créer une communauté qui favorise l’égalité des genres. » a noté Inge Kerkloh-Devif. « Nous encourageons la diversité des genres sur le campus et dans la vie des entreprises en incitant les futures générations à remettre en cause et améliorer les constructions sociales autour des relations hommes-femmes ».
Un programme HEC-Yale sur le leadership féminin
Inge Kerkloh-Devif était également au forum pour consolider l’ambitieux programme sur le leadership féminin qu’est en train de développer HEC avec Yale School of Management (SOM). Ce programme à fort impact débutera le 30 mars 2020 : il aidera les femmes leaders à affronter les défis qu’elles rencontrent sur leur lieu de travail et à apporter aux entreprises une valeur et une perspective uniques. Le programme, ajoute Inge Kerkloh-Devif, fait partie intégrante « de la volonté d’HEC de contribuer à l’évolution des relations hommes-femmes dans le monde du management et la vie des entreprises ».
Yale SOM a lancé son Women’s Leadership Program à New Haven en 2016, et la demande pour ce programme de quatre jours ne cesse de croître, a indiqué Lisa Kammert, directrice de Yale Executive Education. Lisa Kammert a participé au forum pour rencontrer l’équipe d’HEC dans le cadre de cette nouvelle collaboration avec l’école. « Les dirigeants d’entreprises continuent de nous demander de l'aide pour développer et retenir les femmes leaders », explique-t-elle. « Ils comprennent que les équipes mixtes au niveau du top management améliorent les performances financières d'une entreprise, et sa capacité à être compétitive au plus haut niveau. Ce programme aide à créer des équipes avec une perspective holistique, où hommes et femmes se complètent dans l'ensemble des compétences. Avec Inge Kerkloh-Devif, nous avons étudié comment Yale et HEC peuvent mieux mettre à profit l'expertise des deux écoles dans le cadre de collaborations plus nombreuses comme celle-ci. »
Des femmes toujours confrontées aux préjugés sexistes
Le trio composant Brighter Ventures était probablement l'une des plus fortes représentations d'HEC au Forum. Olga Granaturova, Vera Weill-Halle et Natalia Blokhina, toutes trois diplômées du programme TRIUM, ont fondé cette organisation à but non lucratif pour faire progresser l'entrepreneuriat féminin par le biais du coaching, de l’inclusion dans les réseaux, de la visibilité et de tant d'autres éléments nécessaires pour briser le « plafond de verre ». « Ce forum a été formidable pour nous », observe Olga Granaturova. « Nous avons rencontré des hommes et des femmes venant de grandes entreprises et partageant les mêmes idées. Nous sommes convaincus que des échanges concrets en résulteront ». Natalia Blokhina partage ce point de vue, avec une mise en garde néanmoins : « Cette plate-forme d’échanges est efficace, mais les femmes sont toujours confrontées à des préjugés, par exemple dans le secteur du capital-risque. Certains hommes continuent à préférer travailler avec d'autres hommes, et comme on le dit si souvent, qui se ressemble s'assemble ». Forte de ses 30 années d'expérience dans le business international, Vera Weill-Halle est quant à elle convaincue que les messages émis lors du forum en faveur d’un changement des règles du jeu peuvent être efficaces : « je me suis concentrée ici sur les décideurs politiques, et j'espère les influencer sur l’intérêt financier que peut représenter le soutien apporté à des femmes entrepreneures comme nous ».
L'approche de Brighter Ventures est confirmée par les récentes recherches d’Oliver Gottschalg, professeur associé en stratégie à HEC, qui a animé lors de la journée de clôture du Forum une des principales tables-rondes, intitulée « Sur le long terme : comment le leadership des femmes change l'impact et l'investissement ». Les intervenants ont analysé les changements institutionnels et systémiques nécessaires pour modifier l'attitude des entreprises à l'égard des femmes dirigeantes.
Internet réduit les inégalités femmes-hommes
C'est l'un des enseignements positifs que retiendra Agnès Hugot, diplômée d'HEC en 1992, du forum de cette année. Elle est convaincue que ces trois jours vont inspirer à la fois les étudiants de l'école, les chercheurs et les entrepreneurs jeunes diplômés : « ils ont tous trouvé ici un bon équilibre, et cela leur a permis de voir d'autres perspectives, comme la fintech ou des initiatives purement locales se combinant avec le commerce international ».
La société d’Agnès Hugot, FastTrackTrade, est une plate-forme où les entreprises peuvent commercer entre elles sans aucun intermédiaire, et demander un financement en ligne, en cinq clics. « Le trading en ligne est un moyen de surmonter les difficultés que rencontrent les entrepreneuses en matière de prêts et d'investissements bancaires. L'utilisation d'une application ou d'un service web réduit les disparités de genre et les résistances culturelles : elle est à la fois plus discrète et plus facilement accessible ». Le gouvernement australien a retenu FastTrackTrade comme mécanisme d'intégration financière des PME dans la région Asie-Pacifique, car Agnès Hugot l'a initialement mis en place depuis Singapour pour tester son système, avant de l'étendre sur une plus grande échelle.
Pour Mitali Banerjee, en revanche, il y a des ouvertures ici même, avec les autorités françaises. Celles-ci se tournent en effet vers les professeurs d'HEC pour obtenir des conseils et s'assurer que, lorsqu'elles déploient des solutions d’IA, « elles ne reproduisent pas les mêmes erreurs sociales qu'elles tentent de résoudre ».