HEC Paris se tourne vers l'avenir avec la nouvelle chaire « Smart City et Bien commun »
HEC Paris et le groupe Bouygues ont lancé conjointement la chaire « Smart City et Bien commun ». Son titulaire sera le professeur Bertrand Quélin, jusqu'en 2023. A l’occasion d’une masterclass en ligne le 12 octobre dernier, cet expert chevronné a partagé son espoir de créer une chaire qui combine recherche, enseignement et opportunités d'emploi. Bertrand Quélin en a décrit toutes les qualités potentielles, qui permettront de construire une société urbaine durable et inclusive.
« Il ne s’agit pas seulement de technologie ». C'est par ces mots que Bertrand Quélin a résumé la nature pluridisciplinaire qui caractérisera l'approche de la chaire, une « vision centrée sur l'homme » de la ville intelligente (smart city) de demain. La chaire qu'il crée avec le soutien du groupe Bouygues (présent dans les secteurs de la construction, de l’immobilier, des infrastructures routières, des médias et des télécommunications) vise à rendre ces villes plus durables et à faire prendre conscience de la qualité des carrières qui peuvent être accomplies au sein de ces espaces urbains. « Les villes intelligentes doivent être résilientes et inclusives. Elles doivent toucher à la dimension sociale et collective ». À bien des égards, les propos de Bertrand Quélin font écho à ceux qui ont pu être tenus à l’occasion de la première table ronde de l'OCDE sur les villes intelligentes, organisée l'année dernière.
Au cours de sa présentation d'une demi-heure, ce spécialiste en économie des organisations a rappelé la réussite de certains projets de smart cities en cours, qu’il s’agisse de ceux de Dijon ou Lyon, en France, ou de celui qui transforme actuellement la deuxième ville de Colombie, Medellín. Bertrand Quélin a ensuite décrit les recherches qu'il a pu entamer avec les étudiants d'HEC Paris sur six villes intelligentes, afin d’y analyser les intersections entre les principaux acteurs dans les domaines de la santé, de la mobilité, du logement, de l'énergie, des transports et de la gouvernance.
« Ne nous faisons pas d'illusions, les défis auxquels sont confrontés les organisations, qu'elles soient privées, publiques ou non gouvernementales, sont colossaux », a-t-il ajouté. « Dans le contexte des bouleversements actuels, on nous demande de fournir plus avec moins. Il nous faut répondre à la pression visant à dépasser le court terme en construisant une qualité de vie à long terme, adaptable et durable. L'accent mis sur six smart cities (Amsterdam, Barcelone, Copenhague, Singapour, Toronto et Vienne) nous a d’ores et déjà permis de tirer une leçon : il n'existe pas de modèle unique, chaque ville a ses propres spécificités, qu'il faut intégrer ».
Pourquoi s'associer avec @GroupeBouygues pour la création de la Chaire "Smart City et Bien Commun" ? Regardez la master class de Bertrand Quélin, #HECprof ➡️ https://t.co/5MgV2JXIOj #HECxBouygues pic.twitter.com/amciDsqb3J
— HEC Paris Business School (@HECParis) October 13, 2020
Bertrand Quélin a partagé ses deux grandes sources d’inspiration : Robert Reich (« The Common Good ») et le prix Nobel Jean Tirole (« Economie du bien commun »). Ces économistes à la réputation mondiale ont défini les politiques nécessaires pour dépasser les intérêts de chaque partie prenante, établir des règles permettant une collaboration efficace permettant de bâtir la ville intelligente de demain. Des villes comme Medellín ou Brest ont fondé leurs politiques, récompensées par de nombreux prix, sur la mobilité douce, la réhabilitation des quartiers en déshérence et la facilitation des accès. La première a reçu le Lee Kuan Yew World City Prize en 2016. Son quartier Comuna 13, autrefois peuplé de gangs, commence à devenir un point d’attraction pour les touristes, « grâce à ses projets de smart city, qui incluent par exemple l'enfouissement d'une autoroute à quatre voies sous un parc ! »
Ces solutions novatrices aux problèmes causés par la pollution urbaine, l'exclusion sociale, la déperdition d'énergie et la surpopulation seront au cœur des recherches de Bertrand Quélin dans les trois années à venir. Mais au sein de la chaire Bouygues, il ne s’agira pas exclusivement de recherche. « Nous privilégions également l'enseignement, les sessions de formation, la promotion de l'emploi et l’organisation d’événements conjoints HEC-Bouygues ». Il s'agira aussi d'initiatives impliquant la communauté HEC Paris elle-même. Une grande partie de celles-ci émaneront de l'Institut Society & Organizations et de ses 50 chercheurs, qui seront étroitement impliqués dans les activités de recherche de la chaire.
[#HECxBouygues]
— Groupe Bouygues (@GroupeBouygues) October 15, 2020
? Le monde de #demain se construit aujourd'hui : la Chaire "Smart city et Bien commun" du @GroupeBouygues et @HECParis s'inscrit dans une volonté d'accompagner les acteurs du #changement. ⤵️ pic.twitter.com/NXKdoHI0sp
Et il y a aussi l'engagement en faveur de la création de start-up dédiées aux smart cities, porté par l'incubateur HEC à Station F. Bertrand Quélin cite le directeur de l’incubateur, Antoine Leprêtre : « Nous avons décidé de placer notre incubateur au cœur même de cette révolution », explique-t-il, « en lançant une structure verticale au sein de l'écosystème de Station F, qui sera consacrée aux secteurs clés liés aux smart cities ».
Bertrand Quélin a énuméré pour finir les objectifs ultimes qu'il espère voir s’incarner dans la ville intelligente : « réduire notre empreinte carbone, les émissions de CO² et l'artificialisation du sol ; contribuer à la santé de la population en éliminant ce qui la perturbe ; développer des formes de mobilité douce ; avoir des chantiers qui visent l'autonomie (en énergie, eau, détritus) et un bilan énergétique positif ; végétaliser les espaces urbains ; promouvoir des activités de proximité, intermodales. »
Ces objectifs ne pourront être atteints qu'en préparant les futurs diplômés d'HEC Paris à gérer les bouleversements apportés par la révolution numérique aux habitants des villes. Pour Bertrand Quélin, les politiques de smart city soutenues par la chaire Bouygues ne porteront leurs fruits que si elles sont avant tout conçues, suivies et impulsées comme un outil d'amélioration concrète du bien-être de tous les citadins.