“Impact Career Fair” : quand le business rencontre le sens
Comment faire du business dans un monde en perpétuelle évolution, avec une population en pleine croissance ? C’est ainsi que Jeremy Ghez, directeur scientifique du MSc in Sustainability and Social Innovation (SASI) d’HEC, a introduit la deuxième édition de l’Impact Career Fair qui s’est tenue le 13 février dernier, sur le campus d’HEC Paris. Une occasion idéale pour rappeler l'émergence d'un nouveau secteur économique, où les entreprises se concentrent davantage sur les questions sociales et environnementales, tout en continuant à générer des profits.
Cet événement a permis à l’ensemble des étudiants d’HEC de s’informer sur les carrières qui permettent d’avoir un impact sur la société. Les entreprises qui s’engagent activement à faire la différence ont quant à elles eu l’opportunité de partager les dernières tendances de leur secteur, ainsi que leur vision du rôle essentiel qu’elles ont à jouer dans la résolution des défis sociaux et écologiques, au niveau mondial. Chacune d’entre elles peut en effet participer à cette transition, qu’il s’agisse d’une société du secteur bancaire, d’une organisation non gouvernementale ou d’une start-up.
Des investissements à impact
« Je ne pense pas que quiconque dans cette salle aura un jour des difficultés à trouver un emploi. La seule difficulté que vous pourriez rencontrer, ce serait celle de trouver un but, d’avoir un impact dans ce que vous faites », avait prévenu Jeremy Ghez dans son discours d’introduction. Les intervenants des différentes tables-rondes ont ensuite été invités à définir ce qu’ils entendaient par le mot « impact », car dans le monde de l’investissement « l’investissement à impact équivaut à l’entrepreneuriat social » : autrement dit des investissements intégrant des objectifs à la fois sociaux et financiers.
« Lorsqu’on parle de développement durable, il ne s’agit pas seulement de sauver la planète. C’est bien plus que cela car la planète, elle, survivra. Ceux qui ne se porteront pas bien en revanche sont les habitants de cette planète. Nous devons tout simplement faire du business différemment, pour essayer de changer le système et d’avancer vers la transition énergétique », observe Ella Etienne-Denoy, PDG de Green Soluce, un cabinet de conseil innovant, spécialisé dans le développement de projets immobiliers et de villes plus durables, plus « intelligents » et mieux adaptés aux besoins de leurs habitants.
Au quotidien, Ella Etienne-Denoy s’efforce de créer un réel bénéfice pour ses clients, avec un impact positif durable pour l'écosystème immobilier et urbain . C’est pourquoi elle aide ses clients à définir, mettre en œuvre et faire connaître des projets durables, à fort impact et impliquant plusieurs acteurs. « J’essaie de faciliter et d’accélérer tout ce qui est lié à la durabilité, la RSE et l'innovation appliquées au domaine immobilier et urbain », a expliqué Ella Etienne-Denoy, avant de recommander la lecture d’un ouvrage récent de Jeremy Rifkin intitulé « Le new deal vert mondial - Pourquoi la civilisation fossile va s'effondrer d'ici 2028 - le plan économique pour sauver la vie sur terre » ("The Green New Deal: why the Fossil Fuel Civilization Will Collapse by 2028 and the Bold Economic Plan to Save Life on Earth"). L'auteur y livre le récit politique et le plan économique associés au « Green New Deal » qu’il juge nécessaire à ce moment critique de l'histoire. Forts de ses 25 ans d'expérience dans la mise en œuvre de transitions de ce type pour l'Union européenne et pour la Chine, Jeremy Rifkin propose une vision originale des changements possibles de l'économie mondiale, et présente une approche convaincante pour transformer les secteurs américains de l'énergie, des télécommunications et des transports, et les guider vers une troisième révolution industrielle « intelligente ».
Un approvisionnement alimentaire mondial durable
« Avoir un impact, c’est être visionnaire », ajoute Barbara Calvi, Vice-Présidente Sustainable Finance chez Morgan Stanley. « L’investissement durable constitue une nouvelle ambition, et les entreprises des secteurs à forte intensité en carbone doivent s’engager sur cette voie. Cela conduit à un changement complet de notre stratégie business : nous allons vers de nouveaux critères d'investissement, et nous devons donc songer à de nouvelles solutions. Si vous envisagez une carrière dans le domaine de l'investissement à impact, il est donc important de réfléchir pour savoir où vous pouvez avoir le plus d’impact, et de réfléchir à ce qui vous intéresse, qu'il s'agisse d'une question environnementale ou sociale au sein d’un pays, d’une région ou d’une communauté en difficulté. Il y a plusieurs façons de contribuer au caractère durable dans les métiers de l’investissement, mais elles mènent toutes au même objectif ».
Aucune activité humaine n'est plus essentielle à la société qu'un système durable d’agriculture, d’alimentation et de ressources naturelles. Un système de production agricole capable de fournir une alimentation abondante, abordable et saine, ainsi que de nombreux produits industriels et de consommation, sera confronté à l'immense défi de répondre aux besoins d'une population mondiale qui devrait atteindre environ 9 à 10 milliards de personnes en 2050. Selon les dernières prévisions des Nations Unies, la population mondiale passerait de 6,8 milliards d’habitants aujourd'hui à 9,1 milliards en 2050, soit une augmentation d'un tiers du nombre de bouches à nourrir.
Cet enjeu a été discuté lors de la deuxième table-ronde : David Martin (Ecolab), Emmanuelle Bérenger (Deloitte Sustainability) et Nicolas Hamelin (InnovaFeed) ont échangé autour du rôle des différents acteurs dans la transformation nécessaire de l'infrastructure alimentaire, avec l’objectif de nourrir une population mondiale en croissance de façon plus équitable et durable. Une occasion de rappeler l'importance de développer des solutions efficaces au niveau local comme en termes de ressources, compte tenu de la complexité croissante des systèmes alimentaires. Les intervenants ont également souligné une forte émergence des investissements à impact au cours de la dernière décennie, avant de faire part de leurs préoccupations concernant la subjectivité de la mesure de l'impact.
Malgré ces difficultés, Ludovic Salen, chief of retail au Programme Alimentaire mondial, a quant à lui évoqué le dynamisme actuel des investissements à impact et la transformation du secteur financier, en insistant sur la nécessité pour les jeunes diplômés de prendre conscience de la mutation des besoins. « Nous nous concentrons d'abord sur le caractère durable de la supply chain alimentaire au niveau mondial. Nous devons donc trouver de nouveaux ingrédients, afin d’arriver à nourrir l'ensemble de la population ». Pour finir, Ludovic Salen a invité les étudiants à développer des compétences leur permettant d'être capables d'établir des liens entre les différents acteurs du secteur.
L'Impact Career Fair a été co-organisée par la Direction Carrières et Partenariats Entreprises d’HEC, et a permis d’accueillir cette année 14 partenaires : A2 Consulting, Admiral, Bouygues, CEB (the Social Development Bank), Clinton (Health Access Initiative), Crédit Agricole, Deloitte, European Investment Bank, Ecola, Kea & Partners, Green Soluce, Oddo BHF, The Good Lobby, Konexio, Morgan Stanley, P&G, Innova Feed, Société Générale, Uber, WTP, Greentech Capital Advisors, et Laerdal.