Jean-Paul Agon devant les étudiants d’HEC
Le 4 septembre dernier, l’association HEC Débats a organisé, dans le cadre de la Welcome Week 2019, un événement exclusif autour d’un illustre diplômé d’HEC : Jean-Paul Agon. Le PDG de L’Oréal a partagé sa vision de la gestion d’une multinationale, évoquant aussi d’autres sujets comme la fidélité à l’entreprise, le développement durable, les styles de management ou l’innovation.
Durant ses 41 années passées chez L'Oréal, Jean-Paul Agon a eu de nombreux défis à affronter, comme des crises économiques ou les fluctuations des marchés dans le monde entier. Mais avant d’exposer sa vision et son expérience chez L'Oréal, une entreprise sans aucun doute « faite pour lui », Jean-Paul Agon a d’abord tenu à partager quelques souvenirs de son passage à HEC. L’occasion de rappeler qu’il avait créé une start-up pendant sa scolarité, et que son professeur de finance lui avait alors dit qu'il était doué, non pas pour la finance... mais pour le marketing. Ce n’est qu’ensuite qu’il a choisi de rentrer chez L'Oréal parce que la beauté est, selon lui, « l'art suprême » du marketing, une combinaison « de création, d'intuition, d'émotion » destinée à mieux servir les consommateurs.
Le PDG de L’Oréal a poursuivi son propos optimiste en se concentrant sur les opportunités offertes par les défis qu’il a pu rencontrer au fil des années, qu’il s’agisse de la crise asiatique de 1997 ou de son arrivée à la tête de L'Oréal USA juste avant le 11 septembre 2001. Jean-Paul Agon a ensuite évoqué la nécessité de réagir face aux difficultés avec flexibilité et courage. Tous ces défis, admet-il aujourd’hui, lui ont d’ailleurs donné la capacité d'anticiper les évolutions du marché, ce qui l'a incité à se focaliser sur deux axes de développement pour L'Oréal : le développement durable et l'innovation digitale.
Pour Jean-Paul Agon, la culture de L'Oréal a évolué avec le temps : d'une culture de la performance individuelle (qui a fait son succès) vers une culture plus coopérative et collaborative, avec un nouveau style de management et un accent mis sur la diversité des talents. Ce qui permet à son PDG de décrire L'Oréal « non pas comme un grand bateau, mais comme une flottille », avec de nombreux capitaines qui rendent le groupe flexible et capable de s'adapter rapidement aux changements.
Une performance exemplaire
Avec toutes les récompenses obtenues par L'Oréal en matière de pratiques durables, d'égalité des sexes et d'éthique, la volonté de Jean-Paul Agon d'être « exemplaire » se démarquait particulièrement aux yeux des étudiants organisateurs. Cette approche ambitieuse a été confirmée, après son intervention, par la table-ronde rassemblant quatre managers de L'Oréal (dont deux anciennes élèves d'HEC), venus pour évoquer leurs expériences individuelles dans différents secteurs de la « constellation de start-up » qu’est L'Oréal. Une occasion d’entendre le récit de la création de La Provençale Bio (une ligne de cosmétiques biologiques, peu coûteuse et fabriquée en France, en ligne avec l'engagement de L'Oréal en faveur du développement de produits durables), et d’évoquer les recherches menées par La Roche-Posay pour réduire les effets secondaires des traitements anti-cancer. Marie Sermadiras, qui a co-fondé Treatwell (première plate-forme au monde de réservation de rendez-vous beauté) en parallèle de ses études à HEC, a quant à elle raconté son histoire, particulièrement captivante. Les étudiants ont voulu savoir si le passage de l'entrepreneuriat à une grande entreprise était synonyme de perte d'autonomie. Marie n'a pas hésité à les rassurer : chez L'Oréal, il est toujours possible d'être entendu, sans avoir la pression de devoir tout contrôler comme dans sa propre entreprise. « C'est un endroit où vous pouvez garder votre esprit d'entreprise, mais avec plus de moyens », a-t-elle résumé.
Se tourner vers l’avenir
Le public présent a également voulu en savoir plus sur l'approche de L'Oréal vis-à-vis de la responsabilité sociale et environnementale des entreprises. Jean-Paul Agon a expliqué comment il a mobilisé toute l'entreprise sur le développement durable, pour transformer radicalement son impact global. Il a aussi tenu à évoquer le succès de la stratégie « d’universalisation » de L'Oréal, c’est-à-dire une « mondialisation qui respecte la différence », rappelant la construction de laboratoires de R&D dans le monde entier, pour chaque grand marché. Pour Jean-Paul Agon, l'innovation est le maître-mot : c’est pourquoi il veut positionner L'Oréal comme le leader mondial des technologies de la beauté.
Lors de la séance de questions-réponses, Jean-Paul Agon a cité la démarche exemplaire de son groupe, qui a été pionnier dans le développement de nouvelles méthodes d'évaluation de la sécurité n’affectant pas les animaux. Il a également rappelé que L'Oréal a cessé de tester ses produits sur les animaux il y a 30 ans, bien avant que la loi ne l’exige. En termes d'impact sur l'environnement, la priorité majeure du groupe reste, évidemment, de continuer à réduire l'utilisation du plastique. Céline Brucker, directrice générale de la Division Grand Public de L'Oréal France, a attiré l'attention sur le passage de toutes les marques de L'Oréal aux emballages rechargeables, réutilisables et recyclables.
« Pour être un leader, il faut se comporter en challenger »
Cette conférence d’HEC Débats, qui rassemblait trois anciens diplômés d'HEC, a permis d’aborder plusieurs questions essentielles et de montrer que L'Oréal est une entreprise ambitieuse et pionnière en matière de responsabilité sociale et environnementale. Qui sait quels défis l'avenir apportera à L'Oréal sous Jean-Paul Agon et au-delà ? Un point paraît évident : L'Oréal s’efforce de démontrer qu'être durable, c'est accueillir le questionnement, ne jamais faire de compromis sur ses valeurs, et savoir se réinventer en permanence.