Les Africa Days 2019 conjuguent électricité, musique et start-up
Electrifier l’Afrique rurale, valoriser les 100 meilleures start-up du continent et développer le potentiel de la musique africaine… Voilà les points forts de la troisième édition des Africa Days d’HEC, qui a accueilli des figures majeures de chacun de ces secteurs : elles ont toutes tenu à proposer des « solutions africaines aux problèmes mondiaux ».
Pour la troisième année consécutive, la direction internationale d’HEC s’est associée au MBA Africa Club et à l’association HEC AfricAntilles pour organiser un événement dédié aux secteurs-clés du développement du continent. En 2017, les premiers Africa Days étaient consacrés aux thèmes de l’entrepreneuriat, de la transformation numérique et de la responsabilité sociale en Afrique, tandis que l’édition 2018 était pour sa part centrée sur l’agro-industrie. Stéphane Nuetsha, ancien président du MBA Africa Club, ne tarit pas d'éloges sur la dernière édition de l’événement : « cela a sans aucun doute été le point culminant de mon parcours à HEC », rappelait-il lors de l’ouverture des Africa Days 2019, dans une interview enregistrée à Ouagadougou (Burkina Faso), où il exerce aujourd’hui les fonctions de directeur général de CMA-CGM.
Cette troisième édition intégrait deux tables-rondes, l’annonce du premier classement des 100 start-up africaines les plus prometteuses, ainsi qu'une présentation d'Azimio, une start-up centrée sur les déchets, l'énergie et l'agro-industrie. « L’engagement de notre école en Afrique est un engagement à long terme », soulignait François Collin, directeur des Affaires internationales d’HEC, à l’ouverture de l’événement. « Nous mettons notre expertise en entrepreneuriat au service des pays africains, en contribuant à la formation des futurs décideurs du continent. »
L’Afrique se tourne vers l’énergie durable
L’événement d’HEC était si important pour Judi Wakhungu qu'elle a repris l'avion le même jour depuis le One Summit Planet, à Nairobi, afin d’arriver à temps pour prononcer le discours liminaire des Africa Days. L’ancienne ministre de l’Environnement du gouvernement d’Uhuru Kenyatta représente aujourd’hui les intérêts de son pays en tant qu’ambassadrice du Kenya pour la France, le Portugal et la Serbie. Judi Wakhungu a entamé son intervention en transmettant un message personnel du ministre kényan de l'Énergie, Charles Keter : « le ministre m'a demandé de féliciter HEC Paris pour cette initiative, qui souligne l'importance de trouver des solutions viables pour que l’Afrique puisse poursuivre sa quête d’énergies renouvelables. »
Spécialiste de l'environnement et géologue, Judi Wakhungu faisait également partie de la 1ère table-ronde intitulée « Les solutions prêtes à l’emploi sont-elles la solution pour les zones rurales de l'Afrique? » A ses côtés, la responsable du projet Energy Africa pour le compte du Programme des Nations unies pour l’Environnement (PNUE), Meseret Zemedkun, le fondateur de Baobab +, Alexandre Coster, et le vice-président de Schneider Electric en charge du Développement économique pour l’Afrique et le Moyen-Orient, Paul-François Cattier. Guidés par l’animateur de la table-ronde Andrea Masini, directeur délégué du MBA d’HEC, ils ont évoqué ensemble les nouveaux moyens de produire une énergie durable pouvant répondre aux problèmes persistants d’approvisionnement énergétique de l’Afrique, par le biais de ressources renouvelables telles que l’énergie solaire ou géothermique.
« Nous avons répondu à l’appel de plusieurs pays en créant un Centre d’excellence pour la géothermie en Afrique », a annoncé Meseret Zemedkun, elle-même spécialiste de la géothermie et des sciences de la Terre. A l’instar des autres membres de la table-ronde, elle a également souligné l'importance de l'éducation, le besoin de profils qualifiés pour créer de nouveaux modèles énergétiques et de distribution, ainsi que la nécessité de sortir des sentiers battus pour répondre aux défis à long terme de ce secteur.
Où investir en Afrique ?
Ce besoin d’innovation a été le mot d’ordre de l’initiative menée pendant trois ans par Christian Kamayou, intitulée My African Startup. Depuis 2015, cette plate-forme unique sert de tremplin pour les start-up qui ont un lien avec l'Afrique. Son fondateur a choisi les Africa Days 2019 pour révéler sa liste de 100 start-up africaines où il faut investir : « il y a deux ans, j'ai lancé cette initiative liée au secteur privé, », rappelait-il devant le public de l'auditoire Bellon, « car j'ai réalisé à quel point il était difficile pour les start-up d'obtenir la visibilité et le financement nécessaires pour leurs projets. » L'ancien diplômé d'HEC a aussi observé que ses propres efforts semblent correspondre à une tendance générale, à la hausse : le financement des start-up basées en Afrique a quadruplé depuis 2015, pour atteindre 1163 millions de dollars en 2018.
Pour analyser ce mouvement, le public des Africa Days a ensuite eu droit à l’exposé brillant de Souleymane Bamba, étudiant à HEC. Il a fait partie du trio d’HEC Junior Conseil qui a été choisi pour compiler la liste des start-up les plus prometteuses du continent. « Plusieurs indicateurs montrent que nous sommes au début d’un cycle de capital-risque en Afrique similaire à celui des années 90 en Europe, et des années 2000 en Chine », a-t-il déclaré avant d’énumérer quelques-uns de ces signes : « des phénomènes de migration inversée, la présence de hubs de développement à Nairobi, Cape Town ou Lagos, ou encore la croissance des investissements. » Souleymane Bamba a souhaité conclure son intervention en paraphrasant le ministre ivoirien de l’Energie, Abdourahmane Cissé : « l’Afrique a déjà entamé sa révolution des start-up, elle ne nous attend pas. »
Représenter l’Afrique par la musique
Cette confiance en l’avenir était aussi présente lors de la deuxième table-ronde de la soirée, centrée sur l’industrie de la musique, et bâtie autour de six intervenants très expérimentés : des musiciens, comme Blick Bassy et Tina Mweni, jusqu’aux piliers de Sony Music (Michael Ugwu), Radio Nova (Liz Gomis) ou Trace TV (Cleopatra Mukula), en passant par un spécialiste des droits d’auteur à la SACEM (Akotchayé Okio). « Personne ne peut comprendre ce marché comme nous le faisons », affirmait à cette occasion Michael Ugwu, directeur général de Sony Music en Afrique de l’Ouest : sa société a récemment ouvert un bureau à Lagos, au Nigéria, qui constituera le nouveau point central de ses opérations en Afrique de l’Ouest.
Cet optimisme était partagé par Cleopatra Mukula, segment manager pour la chaîne de télévision Trace Mziki Africa. « Nous utilisons la musique pour vendre et promouvoir l'Afrique », soulignait- elle dans un discours d'ouverture enthousiaste. « Nous nous adressons à 250 millions de locuteurs swahili dans le monde entier, et nous relions ces diasporas entre elles au travers de la musique et de la culture. » Cette diplômée en droit a ensuite remercié les anciens étudiants d'HEC qui, lors de son arrivée en France en 2008, l'ont aidée à transformer sa passion en profession : « je suis donc très heureuse d’être ici pour partager mon expérience et mes idées, afin que vous puissiez réutiliser cette énergie et la développer. »
Plus de 150 personnes au total ont assisté à cette troisième édition des Africa Days, un événement devenu emblématique de l’ambition de l’école : développer davantage ses liens avec l’Afrique. « Nous espérons que les Africa Days marqueront le début d’une coopération durable et fructueuse entre HEC Paris et les experts et dirigeants africains, qu’ils viennent du monde académique ou économique », ont déclaré les organisateurs, avant de souligner la volonté de l'école d'investir dans le développement durable et inclusif du continent africain.