Les Français demandent une action climatique forte du prochain gouvernement
Les Français demandent une action climatique forte du prochain gouvernementLe futur gouvernement Barnier et la nouvelle Assemblée nationale issus de la dissolution et des élections législatives de juin 2024 constituent-ils une opportunité pour relancer l’action climatique ? Les résultats du Baromètre des Transitions de juillet, réalisé par Viavoice pour HEC Paris, Le Nouvel Obs et France Info indiquent le contraire, avec une grande défiance à l’égard de la classe politique et de sa capacité à agir. Ce pessimisme contraste pourtant avec le fort consensus quant à la place des politiques environnementales dans l’action du gouvernement.
9 cadres sur 10 jugent souhaitent que la question climatique soit au cœur de l’agenda du prochain gouvernement
Les résultats de cette troisième édition du Baromètre des Transitions Viavoice - HEC Paris confirment que la question climatique est perçue comme un enjeu majeur par les Français. 87 % des cadres et 79 % du grand public estiment que cette question constitue "un sujet important" pour le prochain gouvernement.
38% des cadres et 28% des Français estiment même que cette question du climat est prioritaire, indiquant le souhait d’un engagement fort du nouvel exécutif.
La nouvelle Assemblée nationale : une opportunité manquée pour la transition climatique ?
Cependant, cette demande d’action contraste avec le sentiment de résignation face à la situation politique née du résultat des élections législatives des 30 juin et 7 juillet qui ont fait suite à la décision du chef de l’Etat de dissoudre l’Assemblée nationale le 9 juin, après la large victoire du Rassemblement national de Jordan Bardella aux élections européennes.
Ainsi, la capacité de la nouvelle Assemblée nationale à répondre à aux enjeux environnementaux est remise en cause. 42 % des cadres et 40 % du grand public considèrent que la nouvelle composition de parlement est une "mauvaise nouvelle" pour la transition climatique, contre respectivement 36 % et 28 % pour qui il s’agit d’une "bonne nouvelle".
Mais le chiffre le plus inquiétant est certainement la part considérable de personnes qui n’expriment aucun avis. Au sein du grand public, le total des non-réponses (33%) représente la part de réponses la plus importante (22% chez les cadres).
La crainte du blocage politique
Ce scepticisme est en partie alimenté par la crainte d'une paralysie parlementaire. Professeur à HEC Paris et directeur du Master Sustainability and Social Innovation, François Gemenne souligne "la grande disparité dans la confiance que l’opinion accorde aux partis de gauche pour mettre en œuvre la transition."
Analysant la confiance exprimée pour chaque force politique pour réussir la transition climatique, il précise : "Les écologistes, forts de leur héritage, gardent une cote de confiance élevée (42 % du grand public, 56 % des cadres), mais La France insoumise, avec seulement 16 % et 23 %, est loin derrière malgré un programme écologique solide. Entre les deux, le parti socialiste est dans un ventre mou, avec Renaissance et Horizons : il n’inspire confiance qu’à 27 % du grand public (41 % des cadres). Il ne parvient pas à acquérir une vraie crédibilité sur le sujet."
De manière générale, le niveau de confiance accordée aux différents mouvements politiques pour réussir la transition climatique est très faible et ne dépasse pas 27 %.
Engagement des entreprises sur les enjeux climatiques : vers une lente érosion ?
Parmi les deux indicateurs récurrents du baromètre, la perception de l’engagement environnemental des entreprises est en léger déclin. En juillet 2024, 43 % des cadres jugent que leur entreprise est engagée dans la transition environnementale (contre 45% en mai). Cet indicateur est également en baisse de deux points chez le grand public 41% en juillet contre 43% en mai. Selon François Gemenne, "Les entreprises donnent l’impression d’en faire moins parce qu’elles communiquent moins, ce qui n’est pas forcément le cas".
Le second indicateur concerne l’inquiétude de l’opinion public face au changement climatique qui reste très élevée même si l’on note une légère baisse chez les cadres par rapport aux mois précédents.
75 % des cadres et 71 % du grand public se disent personnellement inquiets du changement climatique, contre respectivement 78% et 72% en mai.
Si le prochain gouvernement est sommé de faire de la question climatique une priorité politique, il incombera aussi aux nouveaux députés de l’Assemblée nationale de restaurer la confiance des citoyens et des cadres dans la capacité des institutions à répondre à l’urgence écologique.
Consulter les résultats du Baromètre en intégralité
A lire également
40 % de l’opinion inquiète sur l’action climatique de la future Assemblée nationale, Le NouvelObs, 30 août 2024.