Movement for Social * Business Impact : les entreprises donatrices soutiennent les recherches du Centre SnO en faveur d’une économie globale plus inclusive
Le Centre Society & Organizations (SnO) d’HEC Paris et son Movement for Social * Business Impact (MS*BI) ont organisé, le 6 mars dernier, une réunion avec les six principales entreprises donatrices du mouvement. L’objectif : partager les fruits de leurs recherches, qui visent à bâtir un nouveau type de capitalisme. Pour les représentants de Danone, Schneider Electric, Renault, Sodexo, Veolia ou Total, les chercheurs d’HEC sont parvenus à construire les bases d’un modèle où les logiques économiques, politiques et sociales pourraient converger.
« Je suis sûre que nous sommes en train de construire quelque chose d’important ici. Ces premiers résultats sont encourageants. Nous avons eu aujourd’hui un bon aperçu de recherches innovantes, tout en bénéficiant des interactions entre les partenaires, l’Action-Tank , les professeurs d’HEC et les chercheurs du Centre SnO. Nous assistons également à une forme de convergence entre six entreprises internationales, toutes membres du Mouvement » . Les mots de la directrice des affaires publiques et de la communication de Danone, Emmanuelle Wargon, témoignent du sentiment d’optimisme perceptible au terme de cette journée qui rassemblait des étudiants, des collaborateurs d’HEC, et des représentants d’entreprises
Au cours de cette journée, environ 70 personnes ont participé aux échanges organisés sur le campus, un point de repère pour l’histoire du Mouvement. 16 mois après son lancement, huit chercheurs du SnO ont partagé leurs travaux respectifs sur des sujets liés à l’économie inclusive, mais aussi aux nombreux défis à relever ou aux moyens d’étendre les programmes du MS*BI.
Les membres de chacune des équipes de recherche ont résumé leur travail dans des interventions stimulantes de trois minutes, avant de donner la parole au public. On est ainsi passé du travail de Mark DesJardine à propos des effets de l’activisme des fonds d’investissement sur la performance RSE, aux questions posées par Bertrand Quélin sur la fiabilité des organisations hybrides. Les cinq interventions ont été complétées par un rapport stratégique sur l’impact social dévoilé par Sookyoung Lee et Zachariah Rodgers, ainsi que par l’expérimentation de grande ampleur menée par Marieke Huysentruyt sur les bénéficiaires des programmes sociaux. « Toutes ces présentations m’ont impressionné, » a affirmé le directeur d’Action Tank, Jacques Berger, « et l’intervention de Marieke m’a été particulièrement utile par la nature très concrète du travail qu’elle a mené sur le terrain » .
Ouvrir de nouvelles voies, par l’empathie
Le travail sur le terrain effectué par Marieke Huysentruyt se concentre sur les familles de Seine Saint-Denis, le département le plus pauvre de la France, avec le taux de natalité le plus élevé. « Notre étude, à laquelle 5.551 familles ont participé, révèle que l’empathie avec la situation des familles peut augmenter l’adhésion aux programmes d’impact social. C’est la première fois que l’on teste cela scientifiquement et les résultats semblent sans équivoque : l’augmentation des taux de souscription varie de 16 à 27%, » a-t-elle indiqué aux donateurs et aux autres chercheurs assemblés dans la bibliothèque du campus. Marieke Huysentruyt et Rodolphe Durand, directeur du Centre de recherche SnO, poursuivront leurs recherches dans ce département au nord de Paris, se concentrant également sur les façons d’améliorer par l’empathie la performance des 150 médiateurs.
« Ce qui nous rend très confiant à l’égard du Mouvement SnO est le changement d’échelle que nous constatons, » confie François Rouvier, directeur du pôle sécurité et social business de Renault. « Nous sentons aussi une évolution parmi les entreprises. J’ai retenu deux idées : l’influence du social business sur le plan financier, et la façon dont il peut impacter d’une manière positive les attitudes des parties prenantes. Mais aussi les mesures utilisées pour évaluer l’impact social : les recherches sur ce sujet apportent de nouvelles propositions que l’on espère incorporer dans nos pratiques. L’empathie des messages, par exemple, qui est bien plus qu’une stratégie de marketing pour convaincre les gens. »
Dépasser les attentes
Schneider Electric travaille actuellement avec Luc Paugam sur les liens entre les informations données par les entreprises sur leur démarche RSE et la probabilité qu’elles soient incluses dans un indice de cotation mesurant leur performance en matière de responsabilité sociale : il a ensuite étudié l’impact de cette inclusion sur la valeur des actions. Schneider Electric cherche parallèlement à apporter de l’énergie rentable et stable aux populations d’Afrique qui ne peuvent pas accéder au réseau. Gilles Vermot-Desroches, directeur développement durable de Schneider Electric, a cité une figure historique, Peter Drucker, qui pensait que les chiffres et les performances boursières avaient moins d’importance pour la démarche de développement durable des entreprises qu’un leadership fort et une culture entrepreneuriale dynamique : « durant l’année à venir, j’espère que le MS*BI focalisera sa recherche et son enseignement sur ces éléments. Les prétendues ‘sciences douces’ sont essentielles pour une nouvelle génération d’étudiants dont la vision va au-delà des attentes. Les entreprises majeures comme Schneider doivent prendre en compte cette génération montante de dirigeants qui donnent la priorité au climat, à la biodiversité, au développement durable sur les gains financiers. Il faut l’accepter, ou bien nous serons dépassés » .
Dans le rapport préliminaire du Centre SnO intitulé “Social Impact Assessment Strategy”, Rodolphe Durand partage largement cette analyse : « les analystes financiers et les investisseurs font de plus en plus attention aux facteurs non-financiers, tels que les facteurs environnementaux, sociaux et gouvernementaux » écrit-il dans ce document de 92 pages. « Ils cherchent à refléter la contribution d’une entreprise aux enjeux éthiques et de développement durable sur sa valorisation. » Se tournant vers l’avenir, le directeur du Centre SnO appelle à des recherches approfondies sur les résultats des programmes sociaux et les nouvelles mesures d’impact social.
Une autre priorité du Mouvement pour cette année sera l’internationalisation de ses objectifs, comme l’a souligné Bénédicte Faivre-Tavignot, directrice académique du Centre SnO, rappelant les prochaines collaborations en Afrique et en Inde. L’Université indienne d’Ashoka, basée au nord de Delhi, l’accueillera au mois d’avril pour conduire un programme sur le commerce social et inclusif, destiné aux grandes entreprises. « Un événement avec Muhammad Yunus sera co-organisé par l’Université d’Ashoka et HEC, à la résidence de l’Ambassade de France, en partenariat avec la Chambre de commerce Franco-Indienne et l’Action-Tank local » a-t-elle annoncé. « Les dirigeants d’entreprises indiennes et françaises seront invités : l’idée est d’explorer avec eux les implications stratégiques du commerce social pour les grandes entreprises. Les représentants de vos filiales en Inde seront conviés » , a-t-elle précisé aux donateurs du Mouvement. « À plus long terme, l’Université d’Ashoka a l’intention de créer une Chaire dédiée. Vous pouvez peut-être nous aider ? »