ProTeen vise le prestigieux prix Hult
HEC Paris a marqué le 10ème anniversaire du prix Hult, parfois surnommé le « prix Nobel des étudiants », en remportant sa finale régionale de Londres. Une équipe d’étudiants du MSc Sustainability and Social Innovation (SASI) se prépare désormais pour la finale mondiale du concours, prévue au mois de septembre.
L’équipe ProTeen d’HEC parviendra-t-elle jusqu’à la finale mondiale qui se tiendra au siège de l’ONU à New York, le 15 septembre prochain ? C’est le rêve des trois étudiantes qui ont remporté la finale régionale de Londres les 15 et 16 mars, avec un projet qui combine la gestion des déchets et l’emploi des jeunes. Elles espèrent être l’une des six équipes sélectionnées parmi les 40 qui participeront au prochain événement organisé au mois de juillet, à Londres.
Au cours des six derniers mois, Ludivine Bérouard, Alessandra Mantovani et Louisa Kuehme ont développé un projet ambitieux qui vise à fournir un « travail utile » à plus de 10 000 jeunes d’Afrique de l’Est. Au cœur de ce projet prévu sur dix ans : l’utilisation de larves d’insecte pour transformer les déchets organiques en aliments pour le bétail, riche en protéines. « Avec cette nouvelle méthode qui permettra de construire des fermes d’insectes gérées par des jeunes, notre projet permettra de s’attaquer à la production de déchets, à l’insécurité alimentaire et au changement climatique. », expliquent-elles. Et, bien entendu, cela permettrait surtout de créer du travail pour un nombre incalculable de jeunes, dans toute l’Afrique.
L’ultime effort pour gagner
Un peu plus tôt cette année, leur projet (anciennement nommé Mawa Project) a remporté le prestigieux Startup Launchpad Program, une première pour les étudiants du MSc Sustainability and Social Innovation (SASI). Ce programme permet à de jeunes entrepreneurs de rejoindre la communauté HEC et l’écosystème de l’Ecole 42, tout en poursuivant leurs efforts pour développer leur start-up. « Pendant le Launchpad, nous avons affiné nos techniques de présentation grâce à des séances hebdomadaires de coaching avec des experts et des réunions bimensuelles avec des investisseurs, » rappelle Alessandra Mantovani, une designer et entrepreneuse d’origine américaine. « Je suis très fier de ce qu'elles ont accompli jusqu'à présent », ajoute Jeremy Ghez, directeur scientifique du SASI. « Ce projet témoigne de notre volonté d’amener les entrepreneurs à penser au-delà du simple résultat financier. Ludivine, Louisa et Alessandra font partie de cette nouvelle génération de décideurs, dont beaucoup sont voués à devenir des entrepreneurs qui réussissent. »
Les trois étudiantes participent maintenant au défi proposé par le Hult Prize 2019 : lutter contre le chômage des jeunes et y remédier avec des idées innovantes. Cette compétition annuelle fait partie de l’engagement de cette organisation, financée par les États-Unis, « d’utiliser l’action collective pour résoudre de manière durable les problèmes mondiaux les plus préoccupants ». L’année dernière, selon les organisateurs, près de 100.000 équipes ont proposé 200.000 idées innovantes. Sur ce nombre, 1500 entrepreneurs ont été retenus pour s’affronter lors des finales régionales et tenter de décrocher une place pour la grande finale à New York. « Nous avons décidé de participer au concours sur le campus, une semaine avant son lancement », avoue Louisa Kuehme, une étudiante allemande qui travaille pour l’OCDE dans le cadre du master SASI. « Nous nous étions rencontrées ici au cours de nos études et, après beaucoup de travail et des soirées tardives, nous avons réussi à concocter une présentation qui a su convaincre notre jury d’HEC Paris de nous envoyer à la finale régionale de Londres. »
Une utilisation révolutionnaire des mouches noires
L’équipe disposait d’un avantage concurrentiel : pendant son année de césure 2018, Ludivine Bérouard a travaillé dans l’industrie du café ougandais, se familiarisant avec la réalité du pays. Elle a ainsi pu travailler avec des partenaires locaux sur un prototype. Après son retour en France, Ludivine Bérouard s'est associée à ses camarades de SASI, Alessandra et Louisa, pour donner vie à son projet d’autonomisation de la jeunesse africaine. En termes concrets, leur projet ProTeen permettrait de créer en Afrique 1,7 million de fermes d’insectes, qui emploieront 12000 jeunes d’ici 2030. Le projet s’appuie notamment sur une utilisation inédite des larves de mouches noires, pour transformer les déchets organiques en aliments pour les animaux.
Lors de la finale de Londres, et après un voyage mémorable via Prague, l’équipe ProTeen a affronté victorieusement 57 équipes concurrentes, pour finir à la première place ex aequo. En neuf ans d’histoire de ce prix, HEC participera pour la deuxième fois à ces finales mondiales. La précédente occasion s’est présentée en 2014, lorsqu'un projet appelé Bee Healthy a été devancé par NanoHealth à la deuxième place de la finale organisée à Boston. Cette année, les trois étudiantes se prépareront d'abord avec une période de deux mois à l’incubateur HEC à Station F, suivie de cinq semaines à Londres. Ils continueront de bénéficier des conseils d'anciens coaches comme Rémi Rivas, Jennifer Lu ou la directrice académique Laurence Lehmann-Ortega.