Trois questions à Hubert Joly
Dans sa présentation enthousiaste d’Hubert Joly à l’occasion des Matins HEC le 4 juillet dernier, le rédacteur en chef de la revue Hommes & Commerce, Arthur Haimovici, a rappelé que le PDG de Best Buy était à l’origine du développement « d’un nouveau modèle pour le commerce de détail à l’ère d’Amazon . » La capacité d’Hubert Joly à faire d’une société autrefois en difficulté l’une des entreprises les plus prospères des États-Unis a confirmé sa réputation « d’homme des situations difficiles » .
Pour cela, Hubert Joly s’est servi de compétences managériales ancrées dans ce qu’il appelle le « Purposeful Leadership » . Après cet échange de près de trois heures avec d’autres anciens étudiants d’HEC, des journalistes et des universitaires, il a bien voulu évoquer avec nous l’influence de son alma mater , les défis qui attendent les dirigeants de demain, et la sensibilité des autres PDG à sa philosophie du Purposeful Leadership.
Vous avez déclaré avoir une dette considérable envers HEC Paris, où vous avez été étudiant entre 1978 et 1981. Pourriez-vous nous en dire plus ?
Hubert Joly : HEC a été un excellent tremplin pour ma carrière. Trouver son tout premier travail, c’est un des plus grands défis de la vie. Comme Bertrand Jacquillat nous l’a rappelé ce matin, Christian Vulliez et lui m’ont donné l’occasion de devenir l’adjoint de Jacques Mayoux, quand il était PDG de Sacilor. J’ai ensuite été recruté par McKinsey, où j’ai passé treize ans à développer mes compétences de gestion et de direction grâce à mes collègues et à mes clients. HEC a donc été une exceptionnelle base de départ, à partir de laquelle ma carrière a décollé. Sans oublier bien sûr que je m’y suis fait des amis pour la vie.
Rodolphe Durand, qui a été nommé professeur titulaire de la Joly Family Endowed Chair in Purposeful Leadership , nous a dit tout à l’heure qu’un des plus grands défis à venir sera de changer la mentalité des étudiants qui arrivent à HEC, tout en rappelant que le résultat financier n’est pas forcément l’unique critère dans les affaires. De votre côté, vous avez indiqué que vous développiez vos réflexions sur le Purposeful Leadership depuis plus de 25 ans : racontez-nous votre démarche.
Je crois que la quête de sens habite chaque individu. Je crois aussi qu’une entreprise est une organisation humaine, où des individus collaborent à un projet : connecter cette quête de sens avec l'objet de l'entreprise doit être une priorité majeure pour les entreprises et tous ceux qui y travaillent. Une entreprise doit contribuer au bien commun. Et je suis persuadé qu’il est difficile d’être un dirigeant fort et authentique si on n’apporte pas toute son individualité au travail, ou si on sépare artificiellement sa vie professionnelle de sa vie personnelle.
Vous avez évoqué la lettre publiée par Larry Fink, PDG de Black Rock, la plus grande société d’investissement au monde, dans laquelle il exhortait les autres dirigeants à intégrer une raison d’être à la stratégie de leur entreprise. Pensez-vous que les principes du Purposeful Leadership gagnent du terrain ?
Je ne suis certainement pas seul à croire à ces principes. Un bon exemple : mon ami Bill George, qui a connu une réussite remarquable lorsqu’il était PDG de Metronic et qui est maintenant professeur à Harvard et l’auteur d’un excellent ouvrage sur le Purposeful Leadership , qui s’intitule Discover Your True North . Il est vrai que les écoles de commerce savent très bien enseigner les techniques de gestion, comme les fondamentaux du marketing ou le calcul d’une valeur actuelle nette, mais je pense qu’il est essentiel qu’elles insistent davantage sur le leadership. L’idée qui sous-tend la création de cette chaire est donc qu’HEC devienne un chef de file en ce domaine, en investissant dans la recherche et dans la propagation des principes et des pratiques du Purposeful Leadership .
Pour en savoir davantage : lisez l’article « HEC Paris et Hubert Joly créent une chaire dédiée au Purposeful Leadership »