Responsabilité sociale de l'entreprise : assiste-t-on à une évolution des mentalités ?
Le débat actuel serait-il en train de faire évoluer les mentalités sur la responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) ? Alors que Nicole Notat et Jean-Dominique Senard ont rendu au début du mois un rapport ambitieux préconisant d’inscrire dans le code civil « les enjeux sociaux et environnementaux » de l’entreprise, les prises de position se multiplient sur ces enjeux, notamment parmi les décideurs, cadres et dirigeants d’entreprise.
Si les derniers arbitrages sur le projet de loi « Pacte » – présenté le 18 avril prochain en conseil des ministres – ne sont pas encore connus, les premiers effets de ces débats apparaissent concernant les opinions et les représentations des cadres.
De manière très significative, la perception de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) a ainsi profondément évolué en quelques semaines, depuis la dernière vague du Baromètre réalisé par Viavoice pour HEC Paris et son centre de recherche SnO (Society & Organizations). Plusieurs évolutions majeures peuvent ainsi être soulignées.
La RSE : un avantage concurrentiel
En premier lieu, l’idée selon laquelle « la RSE doit être perçue comme une opportunité économique car c'est une source d'avantage concurrentiel pour l'entreprise » emporte aujourd’hui l’adhésion de 63 % des cadres, en progression de 8 points depuis janvier.
RSE, stratégie et opérations commerciales
En second lieu, c’est la place de la RSE au sein de l’entreprise qui évolue très fortement, avec 7 cadres sur 10 (70 %) qui pensent que celle-ci doit être « intégrée à la stratégie et aux opérations commerciales », en forte hausse de 18 points. Autrement dit, ce qui n’était hier qu’un point de vue parmi d’autres devient une vision de plus en plus consensuelle et partagée, à la faveur des débats en cours.
Concrètement, cette vision induit une nouvelle approche : L’idée qu’en matière de RSE, l’entreprise « doit aller au-delà du strict respect des lois et réglementations » (64 %, +10),
Les acteurs prioritaires de la RSE
Et le sentiment que la RSE doit être aujourd’hui portée en priorité par la direction et le top management (57 %, +14), ceux-ci étant particulièrement impliqués sur la stratégie d’entreprise.
Ces évolutions, particulièrement significatives sur une période aussi courte (deux mois depuis la dernière vague d’étude), sont à la mesure d’une attente croissante parmi les cadres : celle de dépasser une vision RSE trop peu ambitieuse ou trop accommodante, pour inciter entreprises et dirigeants à s’engager à la fois davantage et de manière plus concrète.