André Choulika, Cellectis
André Choulika, Président-directeur général de Cellectis, est un des pionniers de l’analyse et des applications des méganucléases visant à modifier les génomes complexes.
HISTORIQUE
Créée en 1999, Cellectis est une entreprise pionnière de l’ingénierie du génome. Elle emploie ses technologies en propriété exclusive afin de développer des immunothérapies « sur étagère » afin de cibler et d’éradiquer les cellules cancéreuses. En 2015, ces technologies ont permis à Cellectis de guérir deux enfants atteints de leucémie lymphoblastique aigüe, une première mondiale. Des essais cliniques sont actuellement en cours afin de mettre au point les produits candidats développés par l’entreprise.
Pourquoi êtes-vous devenu entrepreneur ?
André Choulika : J’ai toujours voulu fonder une entreprise de recherche car c’était pour moi l’aventure la plus excitante qui soit. Tous les recoins de la planète ont été explorés, y compris le Pôle Nord. Il n’y a que le monde de la recherche et de l’innovation qui offre encore des territoires inconnus. C’est une véritable aventure humaine !
Comment avez-vous créé votre entreprise ?
AC : Tout a commencé en 1998 quand je travaillais en tant que chercheur à Harvard sur l’édition du génome à partir de nucléases. Un jour, j’ai reçu une lettre du gouvernement français annonçant une nouvelle initiative pour encourager les citoyens à créer leur propre entreprise. À cette époque, la majorité de mes collègues brevetaient leurs recherches, alors j’ai décidé de faire de même.
J’ai envoyé mon business plan au Ministère français de la Recherche puis je me suis rendu à l’Institut Pasteur, à Paris, pour négocier le brevetage et l’octroi de licence inhérents à mes recherches. Ils étaient d’accord pour me laisser créer une entreprise par essaimage fondée sur mes recherches si je trouvais les financements nécessaires. Peu de temps après, le gouvernement donnait son feu vert et je créais Cellectis, en décembre 1999.
Comment HEC a contribué à votre succès ?
AC : En 2000, j’ai été accepté dans le programme Challenge+ d’HEC qui propose une formation accélérée pour les entrepreneurs. Ce programme m’a été d’une très grande aide et m’a permis d’éviter bien des écueils dans la création de mon entreprise. Les élèves y suivent des cours dans tous les domaines d’activité commerciale et peuvent ensuite directement mettre en application les compétences acquises dans leur business plan. Suivre ce programme n’est pas une garantie de réussite mais il vous donne toutes les clés du succès !
Quelles leçons avez-vous tiré de votre formation à HEC ?
AC : Quand j’ai créé mon entreprise, j’avais déjà une solide expérience dans mon domaine de recherche, mais je ne connaissais pas grand-chose à la finance et au commerce. Grâce à Challenge+, j’ai pu comprendre les concepts de capitaux, d’accords contractuels, d’actionnaires, etc...
Un de nos professeurs, Karim Medjad, était un avocat brillant et nous a aidés à démystifier le concept de contrat. Il nous a appris que chaque accord entre deux parties, que ce soit sur le papier comme en personne, était le miroir des objectifs personnels de chacun et le résultat d’un équilibre subtil des pouvoirs. Un autre enseignant, Etienne Krieger, nous a appris comment gérer les capitaux et les relations avec les actionnaires durant notre carrière. Il nous a également montré comment éviter de distribuer trop de parts dans les premières années de notre entreprise.
Quels contacts entretenez-vous avec les anciens d’HEC aujourd’hui ?
AC : Je suis encore en contact avec beaucoup d’anciens professeurs et collègues. Par exemple, je partage régulièrement mon expérience avec les étudiants du programme MBA. J’adore discuter avec eux ! Et je sais que si besoin, je peux rappeler des anciens enseignants ou collègues de Challenge+. On est tous très occupés mais on peut toujours compter les uns sur les autres pour se donner des conseils.
« Posez-vous la question de ce qui crée vraiment de la valeur sur le marché ».
Quel conseil donneriez-vous aux jeunes entrepreneurs ?
AC: Sachez toujours où se situe la valeur. Le management et le suivi du business plan sont importants mais pas aussi importants que le fait de savoir où se trouve la valeur. Et voici un autre petit secret : l’innovation se cache là où vous trouverez la valeur de la valeur !
Chiffres clés
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N°1 des entreprises d’ingénierie du génome dans le monde
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Plus de 136 familles de brevets en biotechnologie
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Cotée au Nasdaq depuis 2015 avec 228 250 000 de dollars