Nicolas Hazard
Fondateur du fonds d'investissement socialement responsable INCO
Je pense qu’un entrepreneur doit prendre la devise d’HEC au pied de la lettre et « apprendre à oser ».
Nicolas Hazard est le fondateur de INCO, un fonds d'investissement qui accélère le développement des startups sociales et écologiques. En tant que leader mondial du mouvement pour une nouvelle économie, INCO recherche et soutient un large éventail d'entrepreneurs dans plus de 20 pays à travers le monde.
Nicolas, qu’est-ce qui vous a mené au MS Entrepreneurs ?
Etudiant à Science Po, je voulais intégrer l’ENA en pensant que la politique permettait de changer le monde. Après quelques expériences professionnelles au sein d’institutions publiques en France et à l’étranger, je me suis vite rendu compte des limites de l’action politique. Je me suis donc tourné vers le monde de l’entreprise et en particulier celui des entrepreneurs. J’ai choisi d’intégrer le MS Entrepreneurs pour mieux comprendre l’entreprise et devenir mon propre acteur du changement pour améliorer les choses.
Et c’est de cette volonté de changer le monde qu’est né INCO ?
Tout à fait. J’intègre HEC Entrepreneurs en 2008, en pleine crise financière. Alors que tous mes camarades de promo voulaient faire de la finance, je voulais utiliser la finance pour créer de la valeur sociale positive. J’ai donc décidé de créer un fonds pour investir dans des projets socialement responsables.
Comment fait-on pour lancer un fonds d’investissement responsable en plein crise financière et en partant de zéro ?
Sans oublier que nous n’avions que 25 ans de moyenne d’âge dans l’équipe… Tout le monde disait que j’étais fou et on m’appelait même le communiste ! C’est vrai qu’il a été très difficile de réunir des fonds mais nous y sommes parvenus petit à petit en démarchant des banques, des fonds et des particuliers. La crise était aussi propice à une prise de conscience sur l’impact qu’a la finance sur l’économie réelle et sur l’environnement. Au final, nous avons réussi à lever 20 millions d’euros et nous avons pu lancer INCO en 2010.
Parlez-nous un peu plus d’INCO. Quelle est votre politique d’investissement ?
Nous investissons dans des entreprises qui combinent viabilité financière et impact social et environnemental positif. INCO investit entre 100000 et 2.5 millions d’euros avec une prise de participation maximale de 20% du capital de l’entreprise. Très vite, les startups qui sont venues à nous montraient aussi le besoin d’être accompagnées pour mettre leurs projets en maturation et nous avons donc développé des programmes d’accélération en complément du financement.
Où en êtes-vous aujourd’hui ?
INCO a donné lieu à un véritable élan de développement de projets sociaux et environnementaux et nous avons maintenant des programmes d’accélération et des fonds d’investissements dans 20 pays à travers le monde. Nous avons aussi noué de nombreux partenariats avec des entreprises, comme Google avec qui nous développons des programmes de création d’emplois et d’entreprise sociales pour les personnes exclues du marché du travail.
Au total, nous avons investi 150 millions d’euros dans 50 startups à travers 20 pays, ce qui a permis de créer 10 000 emplois. INCO compte aujourd’hui 130 salariés et deux bureaux, un à Paris et un à San Francisco.
L’entreprise continue de grandir, l’activité se développe très bien, y compris dans d’autres domaines comme celui des médias où nous essayons de promouvoir l’entrepreneuriat social et environnemental.
Quel souvenir gardez-vous de votre passage à HEC Entrepreneurs et quel conseil souhaitez-vous transmettre ?
Je pense qu’un entrepreneur doit prendre la devise d’HEC au pied de la lettre et « apprendre à oser ».
Mon souvenir le plus marquant fait d’ailleurs écho à cette devise. Dans le cadre de la mission redressement, nous avions été envoyés au tribunal de commerce pour la prolongation d’une procédure de sauvegarde, mais l’administrateur judiciaire était absent. Face à la détresse du patron de l’entreprise que nous accompagnions, c’est moi qui ai dû plaider. J’ai le souvenir d’avoir été vraiment ridicule, à tel point que les juges se moquaient de moi, mais l’entreprise a finalement obtenu 6 mois de prolongation !
C’est ce genre de moments qui font d’HEC Entrepreneurs une expérience vraiment unique et très formatrice pour de futurs entrepreneurs. Depuis, je n’ai jamais cessé d’oser et c’est cet état d’esprit qui me permet de réaliser chaque jour mon rêve, celui d’avoir un impact positif sur la société.