Paul Nyzam
Associate Specialist, Head of day sale, Christie's
Le Mastère Spécialisé a été pour moi comme un laboratoire
- En quelques mots, en quoi consiste exactement votre métier ?
Mon activité gravite autour des ventes aux enchères d’art d’après-guerre et contemporain que nous organisons deux fois par an. Il s’agit d’abord de réunir les œuvres que nous allons présenter (savoir convaincre les vendeurs en suggérant les estimations les plus justes et proposant les conditions de ventes les plus adaptées), puis de préparer le catalogue, et enfin d’attirer les acheteurs, où qu’ils se trouvent et quelles que soient leurs motivations. C’est un métier fascinant qui réunit des compétences très diverses : commerciales, artistiques, relationnelles et psychologiques. Il faut constamment se tenir en éveil, conserver à tout prix ses capacités d’émerveillement tout en gardant à l’esprit les enjeux business derrière chaque œuvre que nous voyons. Cette tension permanente est extrêmement excitante.
- Quelles sont les étapes marquantes de votre parcours (formations suivies, premier emploi, évolution de carrière, etc.) ?
A l’issu du MS, j’ai effectué un stage chez Christie’s à Paris qui m’a permis de décrocher un CDD au siège historique de l’entreprise, à Londres. De l’autre côté de la Manche, le marché de l’art est sensiblement plus dynamique qu’à Paris : on y trouve davantage de galeries d’envergure, de collectionneurs importants, et les conditions fiscales y sont plus avantageuses pour l’ensemble des acteurs. Cela a été un apprentissage formidable : j’y ai énormément appris, auprès d’une équipe parfaitement internationale réunissant les meilleurs spécialistes dans leur domaine, et après six mois, j’ai été embauché en CDI à Paris.
- Votre poste comporte-t-il une dimension internationale ? Si oui quelle est-elle ?
Aujourd’hui, le marché de l’art est entièrement globalisé : il est commun de croiser un acheteur chinois ayant été séduit par l’œuvre d’un artiste iranien dans une vente à New-York. Pour s’adapter à cette nouvelle donne, Christie’s a des salles de vente et des bureaux aux quatre coins du monde. Je travaille constamment en partenariat avec nos équipes de New-York, Londres, Hong Kong, Dubai, Milan, Amsterdam, Bruxelles, Genève, puisque de nombreuses œuvres vendues à Paris proviennent de collections étrangères (et inversement, nous exportons des œuvres lorsque nous jugeons qu’elles se vendront mieux à l’étranger). En tant que junior spécialiste, je me déplace également pour réaliser des inventaires en France et en Europe. Il s’agit vraiment d’aller là où se trouvent les collectionneurs, les artistes, les galeries.
- Pourquoi aviez-vous choisi HEC ?
Après mes études à Sciences Po, j’ai ressenti le besoin de réunir mes deux passions : le commerce et l’art au sens large (avant d’intégrer HEC, ma passion la plus dévorante étant l’opéra). Le format du MS Médias, Art et Création m’a tout de suite séduit : un effectif réduit, une maquette pédagogique faisant la part belle aux intervenants extérieurs et aux professionnels, l’ambition affichée de proposer un large panorama de l’ensemble des industries culturelles et médiatiques, avec en toile de fond le sérieux d’HEC, son réseau et son ouverture internationale. Il m’a donc semblé que le MS Médias, Art et Création pouvait offrir un bon complément à mon Master Finances et Stratégie, en donnant à mon CV la plus-value nécessaire pour entrer sur un marché de l’art caractérisé par la rareté de ses opportunités.
- Avec le recul, aujourd’hui, qu’est-ce que le Mastère spécialisé de HEC vous a apporté (d’un point de vue aussi bien personnel que professionnel) ?
Le Mastère spécialisé a été pour moi comme un laboratoire : j’y ai pu, pendant un an, mettre à l’épreuve mes passions et mes convictions auprès de professionnels de nombreux secteurs (souvent des anciens HEC). Cela m’a permis d’aiguiser mon projet professionnel et de commencer à tisser un réseau, tout en exerçant mes capacités à travailler en groupe (grâce aux nombreux exercices collectifs, en particulier le super cas) et en améliorant ma connaissance des différentes industries cultuelles et médiatiques. Surtout, j’ai rencontré grâce au MS d’autres élèves passionnants qui sont devenus de véritables amis et qui, j’en suis sûr, seront aussi bientôt mes interlocuteurs professionnels ou mes potentiels partenaires de business.
- Cours, colloques, rencontres, soirées… Quels sont souvenirs les plus marquants de votre année à HEC ?
Les voyages, très clairement ! Ma vie d’étudiant s’est achevée par deux semaines passées en Californie pour y mener une étude sur l’audiovisuel américain. Peut-on rêver mieux ? Et puis les rencontres, évidemment… Avec un effectif réduit à une trentaine d’élèves, ma promotion a été l’occasion de créer des liens privilégiés avec les autres élèves, nous avons beaucoup voyagé ensemble, partagé nos passions, discuté énormément, appris les uns des autres. Ce furent à peine sept mois de cours, mais quelle intensité !
- Enfin, quels conseils donneriez-vous aux étudiants qui aspirent à faire carrière dans votre domaine d’activité ?
Le marché de l’art attire beaucoup de monde, il y aura toujours un concurrent valable prêt à travailler pour un salaire inférieur au vôtre. Mais ne vous découragez pas. Avec un profil "business", vous avez une vraie carte à jouer face à des candidats qui ont pour tout bagage des études d’histoire de l’art. Dès lors, travaillez dur : voyez un maximum d’expositions, fréquentez les foires, poussez les portes des galeries, lisez, procurez-vous les catalogues de maisons de vente, soyez curieux de découvrir tous les artistes que vous ne connaissez pas, tissez des liens avec les professionnels du marché. Votre sens des affaires fera le reste !
Crédit Photo : © Christie’s Images, 2014