[Incubateur HEC] Mathias Abramovicz déconstruit les mythes de nos entrepreneurs !
Nous sommes très fiers de nos startups, mais aussi de nos mentors et des intervenants professionnels qui les accompagnent ! Portrait de Mathias Abramovicz.
Coaching sportif, management de l’économie sociale et solidaire, stratégie, ingénierie de l’information, innovation, intelligence économique et gestion des risques, Mathias Abramovicz est notre expert multi-casquettes qui partage sans compter ses connaissances apprises de ses nombreuses expériences professionnelles.
Autodidacte, au parcours varié, il décide en 2011 de monter sa première société dans la production audiovisuelle (FACT. Production), puis une seconde dans le développement web/mobile (Mawii LTD) et pour finir par la dernière en date : Ignited Kingdom, une entreprise de conseil en stratégie et innovation.
Dans quel cadre intervenez-vous à HEC Paris et plus précisément l’incubateur HEC ?
J’interviens au sein des programmes HEC depuis bientôt 5 ans, sur les programmes d’amorçage, de croissance et de passage à l’échelle.
Je fais partie de l’équipe pédagogique du programme Startup Launchpad créé et dirigé par Guillaume Le Dieu de Ville. Ce programme permet aux étudiants de HEC, de l’école 42 et de Polytechnique de lancer leurs startups et d’acquérir de premiers clients en 9 semaines. Dans ce cadre, je développe principalement des méthodes permettant de valider des opportunités de marché, des besoins clients et un go-to-market.
J’interviens également au sein de l’Accélérateur ESS piloté par Emma France, où mon travail est davantage opérationnel.
J’aide les entreprises à faire croître leur chiffre d’affaires, à optimiser et automatiser leurs process et mettre en œuvre leurs stratégies d’essaimage.
Au sein de l’incubateur HEC mon implication est double.
D’un côté j’ai un rôle de coach et de mentor. J’aide les startups à valider leur modèle économique, à se doter d’une culture du résultat et à piloter leur activité. Ensemble, nous testons des actions commerciales, améliorons les parcours clients et identifions les objectifs et indicateurs de performance à suivre.
En parallèle, je collabore avec Antoine Leprêtre (Directeur de l’incubateur HEC) et son équipe sur le développement de l’Incubateur. L’objectif est de permettre au programme d’augmenter sa capacité d’accompagnement tout en renforçant le suivi et l’effet de réseau. Mon travail consiste à créer des outils de scoring et d’évaluation pour sélectionner les startups à l’entrée de l’incubateur et orienter les incubés vers les experts et financeurs pertinents au regard de leur marché et leur niveau de maturité.
Pourquoi avez-vous choisi d’endosser ce rôle ?
Il y a deux choses qui me motivent dans cette activité.
Ma première motivation est celle de transmettre, j’ai envie d’accompagner des personnes pour les aider à s’émanciper de la meilleure façon possible. En leur apportant des apprentissages venus du terrain et d’environnements complètement différents des leurs, je crois pouvoir les amener à développer leur esprit critique, à considérer d’autres points de vue et donner du sens à leurs actions.
Ma deuxième motivation est plutôt de l’ordre de l’intellect. Dans mon activité, je développe beaucoup de méthodes combinant stratégie, innovation et résultat. Le fait d’être au cœur des programmes entrepreneuriaux de HEC Paris me permet de tester et d’améliorer ces approches au sein d’un grand terrain de jeu et d’obtenir ainsi des feedbacks très rapidement.
À vos yeux, quelles sont les particularités des startups de l’Incubateur HEC ?
Je dirais que c’est la diversité, à tout point de vue :
- Diversité des stades de maturité : on accompagne des startups en train de développer leur produit ou d’acquérir leurs premiers clients et des scale-ups avec des dizaines de salariés et qui génèrent déjà un chiffre d’affaires conséquent.
- Diversité au niveau des secteurs/marchés : on va de la food à l’énergie en passant par le supply-chain.
- Diversité des backgrounds : il existe une vraie diversité en termes d’âges, de formations, d’expériences et de parcours de vie. Cette diversité se reflète également niveau de l’écosystème en lui-même, dans les profils des experts et les personnes accompagnant les startups. Cette mixité me semble être un atout fondamental.
Quel est pour vous le point fort de l’incubateur ?
L’enjeux est d’avoir un programme complet et continu qui permet d’accompagner les startups à chaque étape de leur développement, depuis l’émergence d’une idée où l’on découvre et s’éveille, au développement économique et international.
L’expérience entrepreneuriale au sein de HEC se construit autour de ce parcours progressif et pédagogique, ce qui permet d’articuler et créer davantage de sens entre chaque programme :
START (programmes d’acculturation) - LAUNCH (Startup Launchpad) - BUILD (Incubateur) - SCALE (Accélérateur).
De mon point de vue c’est quelque chose d’assez unique.
Par ailleurs, le réseau HEC est un vivier qui permet aux startups de rencontrer des pointures en growth-hacking, en product management, en finance. Ces personnes viennent partager leurs expériences, aident à obtenir des rendez-vous clients, partagent leurs contacts…
Cet écosystème est pour moi la plus grande force de HEC et notamment de l’incubateur, car il agit comme un catalyseur de développement et d’impact. C’est ce qui fait de ce programme entrepreneurial un tremplin bien plus puissant que tout ce que l’on peut voir ailleurs.
Quel est le conseil que vous donnez le plus souvent ?
Mon rôle consiste à déconstruire les mythes. Tout le monde a envie de vivre une success story, mais il y a des étapes essentielles à respecter et un important travail en amont.
Je donne en général des conseils de pure logique. Ce que j’essaye de dire aux startups c’est de ne pas se fier uniquement à leur intuition mais de s’appuyer sur des données tangibles, récoltées sur le terrain. Cela passe principalement par le fait d’apprendre à écouter ses clients en leur posant des questions afin d’identifier leurs réels besoins. C’est la base de toute chose. Avant même de penser au produit, il faut comprendre à quel besoin fondamental il doit répondre.
Quelles sont les erreurs commises le plus fréquemment ?
Cela rejoint le conseil que j’expliquais précédemment. La principale erreur des entrepreneurs est qu’ils construisent un produit à partir d’une idée sans vérifier l'existence d'un besoin clients suffisamment important. Cette phase de validation de l’opportunité de marché est très souvent éludée car fastidieuse et peu sexy. Mais on remarque davantage d’échecs chez les startups qui font l’impasse de cette étape fondamentale.
Selon toi, quelle est la composition idéale d’une équipe de startup ?
Je pense qu’il faut une personne leader : quelqu’un qui n’a pas peur de prendre des risques tout en étant capable de se remettre en question aux vues des données tangibles que la startup va collecter. Un chef d’entreprise doit naviguer dans l’inconnu et s’orienter à l’aide des informations et des signaux faibles qu’il va capter.
Un profil commercial/expert du métier est un vrai atout. Quelqu’un qui a travaillé dans le secteur, qui connaisse la structuration du marché et les acteurs clés. Généralement, le problème des startups lancées uniquement par des jeunes actifs est le manque d’expérience et de connaissances des codes d’un secteur d’activité et des chaînes de valeurs.
La startup est un ascenseur émotionnel et demande de faire des choix dans l’urgence sans dérouter ses équipes. Cette capacité à gérer la pression et à rester lucide dans les moments compliqués est une qualité essentielle chez les fondateurs.
Quelles sont les startups qui vous ont le plus surpris ?
J’apprécie beaucoup les fondateurs suivants, que je considère comme étant des exemples vertueux pour les jeunes qui se lancent. Résilience, travail, tact.. loin du buzz, on a à faire à de solides chefs d’entreprise !
- My Job Glasses d’Émilie Korchia et Frédéric Voyer,
- Backacia de Lucile Hamon,
- Ekestrian de Claire-Aline Quantin,
- High Flyers Agency d’Eugénie Chaltiel et Mathilde Néau,
- DropContact de Denis Cohen.
Avez-vous d’autres activités en dehors de l’enseignement ? De votre accompagnement ? Dites-nous tout…
Mon activité principale est le consulting en stratégie et innovation qui représente 60% de mon temps.
Ma philosophie est assez simple : passer de la stratégie au résultat mesurable.
J’aide les entreprises à se repérer dans l’incertitude et à définir des stratégies opérationnelles pour se repositionner, lancer des nouvelles offres de services, piloter l’innovation et en mesurer la performance.
Un dernier Conseil pour la route ?
« Se repérer pour décider »
Dans ces temps d’incertitude, on essaye beaucoup trop d’anticiper l’avenir alors qu’il ne faut pas perdre de vue l’essentiel : comprendre l’existant pour définir des stratégies et des actions.
Tout l’enjeu de la crise actuelle n’est pas forcément de réussir à anticiper ce qui va se passer dans un futur plus ou moins proche, mais plutôt d’être capable de réagir et de se repositionner très rapidement pour parvenir à survivre.
Il faut rester optimiste et opportuniste au regard de son environnement et ne pas s’enfermer dans ses croyances pour agir au mieux en fonction de l’existant.