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Institut Sustainability & Organizations

Interview de Marieke Huysentruyt : CSRD et le combat pour la réduction des inégalités

Dans le cadre de notre partenariat avec De Gaulle Fleurance pour la 5ème édition 2024 de l'Observatoire des Transitions Sociétales, Marieke Huysentruyt, directrice académique de l’Institut Sustainability & Organizations d'HEC Paris, revient sur les dynamiques historiques des inégalités, l’impact des nouvelles réglementations européennes (CSRD et CS3D) et les leviers essentiels pour bâtir une société plus équitable et inclusive.

 

 

 "Malgré des avancées économiques globales, les inégalités mondiales restent aussi marquées qu’au début du 20ᵉ siècle, avec un coefficient Gini inchangé depuis 1880."
 

Où en sont les inégalités dans le monde et comment ont-elles évolué depuis 1 siècle ? Comment expliquez-vous cette évolution ?


Le constat nous oblige à rester modeste : les inégalités mondiales sont aujourd’hui aussi importantes qu’au début du 20e siècle. Le coefficient Gini qui reflète la distribution des revenus dans le monde est aujourd’hui à 0.67, soit le même niveau qu’en 1880, mais 0.05 points de moins que lors des deux derniers pics d’inégalités, en 1910 et entre 1980 et 2000. Les inégalités ont donc tout de même reculé depuis une vingtaine d’années. 

Pour mesurer les inégalités, nous tenons compte des inégalités entre les pays, mais aussi à l’intérieur d’un même pays. Depuis 1980, nous constatons que les inégalités entre les pays diminuent, grâce notamment à la croissance économique de l’Inde et de la Chine. En revanche, les inégalités au sein des pays s’aggravent. Car si les pays émergents ont connu une forte croissance, tout le monde n’a pas bénéficié de cette création de richesse dans les mêmes conditions. Au sein des pays développés, le même phénomène s’observe. Cela provoque des tensions, comme celles que la France a connues avec le mouvement des Gilets Jaunes. En France, les inégalités de richesse sont bien supérieures aux inégalités de revenus et continuent de croître. 

Lorsque l’on se projette en 2030 et que l’on regarde les objectifs de développement durable que les pays se sont engagés à atteindre à cet horizon, force est de constater que nous sommes loin de la trajectoire qui nous permettrait d’honorer nos engagements. C’est le cas de l’ensemble des pays et en particulier de ceux qui sont les plus vulnérables. Si nous continuons comme cela, nous n’y arriverons pas : il y a urgence à agir contre les inégalités. 

Les causes des inégalités sont multidimensionnelles : en fonction du lieu de naissance, du milieu social d’origine, les opportunités ne sont pas les mêmes ; un homme et une femme auront des destins très différents aussi dans certains pays… Les inégalités s’observent au niveau des revenus mais aussi de la richesse. 

Enfin, précisons que le bien-être est une notion qui est plus large que celle des revenus. Elle englobe les opportunités de s’éduquer, de se soigner, etc…

 

"La directive CSRD permet d’identifier la multiplicité des leviers qui existent pour faire progresser la cause de l’égalité"


Les nouvelles réglementations européennes sur le reporting extra-financier (CSRD) ou le devoir de vigilance (CS3D) peuvent-elle changer la donne en Europe et dans le monde ? 


Avec la directive CSRD et le nouveau reporting de durabilité, nous changeons d’échelle pour adopter une vue détaillée des entreprises et des inégalités qui peuvent exister entre salariés. Il existe des entreprises « superstars », du type Google ou Amazon, qui distribuent des salaires importants et accordent de multiples avantages à leurs salariés afin d’attirer et de retenir les talents… Ces entreprises sont loin d’être la norme dans leur secteur d’activité, ce qui créer des inégalités salariales importantes entre les entreprises dans le même secteur ou d’une même industrie. 

Le reporting CSRD va pouvoir sans doute révéler encore d’autres « superstars ». L’un des indicateurs à suivre sera l’écart entre le salaire du patron et le salaire moyen de ses collaborateurs. Mais nous devrions nous apercevoir rapidement que les principales inégalités s’observent entre les entreprises et non au sein même des entreprises. A l’inverse de ce qu’il se passe lorsque l’on s’intéresse aux inégalités au sein des pays et entre les pays.

Grâce à ce nouveau reporting de durabilité, nous pourrons comparer les entreprises sur une multitude de critères sociaux : écarts de revenus entre hommes et femmes, en fonction de l’âge des salariés, accès aux formations et à la protection sociale… Autant d’indicateurs qui contribuent au bien-être de chacun. 

La directive CSRD permet ainsi d’identifier la multiplicité des leviers qui existent pour faire progresser la cause de l’égalité et du bien-être des salariés. Ce reporting harmonisé et généralisé va renforcer l’information des entreprises, leur donner les clés pour agir et valoriser les bonnes pratiques inspirantes. 

Les indicateurs disponibles nous permettront de savoir, au-delà des écarts de salaires, si l’entreprise est inclusive : la part des personnes en situation de handicap dans ses effectifs, la place des parties prenantes au sein de sa gouvernance...

Les directives CSRD et CS3D devraient profondément changer le monde des affaires, les exigences vis-à-vis de la chaine de valeur de l’entreprise (ses partenaires et fournisseurs) étant tout aussi élevées.

 

Quels leviers efficaces peuvent être activés pour réduire les inégalités ?


Le sujet du partage de la valeur est de plus en plus présent dans le débat public. Les entreprises qui ne partagent pas la valeur avec leurs parties prenantes (salariés, mais aussi fournisseurs, consommateurs, communautés locales…) s’exposent désormais à la contestation des actionnaires activistes et prennent le risque de ternir leur réputation. 

Le débat est donc sur la table : comment partager la valeur ? Avec qui et dans quelle mesure ? En France, la loi oblige les entreprises, à partir de 11 salariés, à mettre en place un dispositif de partage de la valeur avec leurs collaborateurs. Contrairement à ce que certains craignent, ces dispositifs n’ont pas pour effet de diminuer les niveaux de salaires dans les entreprises. En revanche, bénéficiant de conditions fiscales favorables, ils entament les ressources de l’Etat. C’est un effet pervers qu’il vaudra évaluer. 

Autre levier prometteur : la mobilité économique. Il s’agit de s’assurer que nous vivons dans une société où chacun a des opportunités économiques, quel que soit le milieu social d’origine. Les études montrent que le facteur clé de cette mobilité est le lien social qui peut exister entre des personnes qui ne se ressemblent pas. Ce capital social permet de créer des ponts entre les gens et autant d’opportunités. 

Les entreprises ont un rôle à jouer et peuvent contribuer à créer des liens entre les générations, entre les niveaux hiérarchiques, entre les milieux sociaux... Des dispositifs de mentorat, par exemple, peuvent être un vrai levier pour réduire les inégalités. Au-delà, ces liens renforcent l’empathie, la compréhension de la perspective de l’autre, la capacité à être à l’écoute et à faire confiance. Autant de compétences sociales qui sont essentielles en entreprise. 

Dernier levier : la vision ambitieuse que l’on peut avoir d’une entreprise « systémique », consciente de ses liens avec l’ensemble des parties prenantes d’une société. Pour réduire les inégalités, l’entreprise ne peut pas agir seule, elle travaille avec les mondes associatifs, publics et académiques. Avec une meilleure coordination de tous ces acteurs, nous pouvons vraiment changer la donne. 
Nous n’arriverons pas à mener la transition écologique, sans prendre la question des inégalités au sérieux. Les grands défis environnementaux et climatiques sont concentrés dans le Sud, dans des pays vulnérables. Il faut faire face à ces défis dans leur globalité.

 


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En savoir plus :


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