Margault Phelip, l'alignement parfait entre valeurs et aspirations personnelles
Diplômée d'HEC en 2008, Margault Phélip est à présent directrice générale d’Impact Studio et manager-associée chez Archipel&Co. Elle a gentiment accepté de répondre à nos questions avec authenticité et passion. Focus sur son parcours et son aventure personnelle sur la route de l'innovation sociale.
La réelle motivation, c’est tout simplement de se consacrer à ce pour quoi je suis douée, et ce qui m’épanouit, car j’ai toujours considéré que quand on a la chance d’être diplômée d’HEC, on doit se donner les moyens de faire ce que l’on aime
D'où venez-vous et quelle a été votre motivation pour travailler dans le secteur de l'innovation sociale ?
J'ai été diplômée d’HEC en 2008, et j’ai commencé par partir quelque mois dans un cirque social au Costa Rica. Mon objectif ? Trancher entre une carrière business ou sociale. La conclusion a été évidente : je ne veux pas trancher. J’ai alors eu la chance de rejoindre l’équipe du Certificat Inclusive and Social Business d'HEC, et donc de participer à des réflexions théoriques sur l’économie inclusive tout en rencontrant des personnes passionnantes. C’est ainsi que j’ai basculé en 2010 vers Emmaüs Défi, une association dédiée à l’insertion des personnes à la rue. Un choix tranché, mais tellement judicieux. J’ai ensuite co-fondé en 2013 Emmaüs Connect, association dédiée à l’inclusion numérique en France, puis WeTechCare en 2015. J’ai ensuite rejoint l’aventure Archipel&Co en 2018, pour me rapprocher du monde de l’entreprise, et contribuer à une transition à plus grande échelle. Ma motivation est née à l’adolescence, et cette passion de l’engagement a progressivement muté vers une aspiration professionnelle, que mes études à HEC ont teinté d’envie d’entreprendre. Mais la réelle motivation c’est tout simplement de se consacrer à ce pour quoi je suis douée, et ce qui m’épanouit, car j’ai toujours considéré que quand on a la chance d’être diplômée d’HEC, on doit se donner les moyens de faire ce que l’on aime.
Quel est le plus bel impact que vous ayez obtenu et dont vous êtes fière ?
Je pense que ma plus grand fierté est l’impact indirect qu’Emmaüs Connect a eu en étant accélérateur d’une stratégie d’inclusion numérique publique en France. Tout en étant une petite association (50 salariés), Emmaüs Connect a eu un impact national grâce à sa légitimité opérationnelle mais surtout son combat pour sensibiliser les décideurs publics et sociaux. Nous avons ainsi co-construit avec le gouvernement une politique publique qui fait de l’inclusion numérique non pas un petit bonus des politiques sociales, mais une dimension clé de la cohésion sociale et économique en France, déployée par des milliers d’autres acteurs locaux.
Quelles ont été les plus grandes difficultés ou contraintes que vous ayez rencontrées ?
Je ne peux pas vraiment dire que j’ai été confrontée à des lourdes difficultés. La contrainte évidente quand on entreprend dans le social est de ne pas avoir assez de moyens pour agir à la hauteur de nos ambitions, et de toujours équilibrer l’impact à court terme et la vision à long terme. Il faut aussi faire des arbitrages justes entre la recherche de l’impact et l’enjeu de la pérennité économique et des alliances, et cet arbitrage n’est pas toujours évident.
Il faut aussi faire des arbitrages justes entre la recherche de l’impact et l’enjeu de la pérennité économique et des alliances, et cet arbitrage n’est pas toujours évident.
Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?
Chez Archipel&Co, notre ambition est d’accélérer la transition vers une économie inclusive, en accompagnant à la fois des grandes entreprises, des start-up sociales, des associations, et des pouvoirs publics. J’accompagne des acteurs comme leboncoin, la Banque des Territoires, Synergie Family, à concevoir et mettre en œuvre de nouvelles activités à fort impact social. L’année Covid a aussi été une année d’aventures, plus ou moins subies, avec la direction d’un projet énorme de création d’un village d’innovation éducative, l’Epopée, (12 000m² à Marseille, qui a ouvert en février 2021). Il a mené à la création avec Archipel&Co et Synergie Family (rencontrés via HEC d’ailleurs !) d’une nouvelle entreprise sociale, Impact Studio, que je dirige, et qui a pour ambition de créer des projets hors-du-commun pour nos territoires : faire émerger des lieux emblématiques qui rassemblent et qui innovent au cœur des villes, mettre en valeur les talents invisibles de notre économie (TPE, mouvements citoyens organiques), et les connecter avec les grandes organisations de notre système. Encore de beaux défis devant nous.
Comment votre activité contribue-t-elle à la création d'une économie plus inclusive et à trouver des solutions à la crise actuelle ?
Notre mission est d'aider les grands groupes à s'emparer des enjeux sociétaux qui les concernent, en les connectant avec d’autres acteurs du changement (notamment associations, services publics, mouvements citoyens, personnalités publiques), pour concrétiser des projets d’économie inclusive. L’ambition est de les déployer à grande échelle. Bien sûr, on n’y arrive pas toujours, mais notre exigence est que même un projet à l’échelle pilote puisse être un vecteur d’inspiration et de changement pour nos partenaires. La crise actuelle a aussi renforcé nos activités en France, en particulier sur les enjeux de redynamisation des territoires, et de résilience sociale et économique. Nous sommes une petite structure, mais un vrai accélérateur pour nos clients !
Comment HEC vous a-t-elle aidé dans votre carrière / parcours professionnel ?
Finalement HEC a été assez décisif dans cette carrière, à trois niveaux. Premièrement c’est au détour d’un atelier pendant ma dernière année que j’ai découvert avec enthousiasme l’existence des courants intellectuels du social business. Dès 2008, aux prémices de ces tendances, j’ai trouvé des professeurs pour m’encourager dans cette démarche, et HEC m’a aussi donné la chance de ne pas me détourner de cette envie, en m’embauchant au sein du centre de l'Economie Inclusive de l'Institut S&O où j’ai travaillé un an. Mais le plus gros impact je pense, est que le fait d’être diplômée d’HEC m’a donné une confiance dans mon avenir professionnel, et donc le courage de choisir une voie moins tracée mais alignée avec mes aspirations. Et évidemment à l’époque travailler chez Emmaüs en ayant fait HEC me donnait une petite touche d’originalité qui a toujours contribué à ma crédibilité professionnelle ! C’est pourquoi aujourd’hui je suis heureuse de continuer à m’investir pour HEC, en enseignant auprès des élèves du Certificat.
Quels conseils donneriez-vous à toute personne qui souhaite avoir un impact social et environnemental ?
C’est important de faire ce qu’on aime, c’est comme ça qu’on progresse, et c’est là où on est bons. Je me sens privilégiée d’avoir toujours fait ce que j’aimais, d’avoir toujours été investie à 100% dans mon travail, quand autour de moi mes amis faisaient des sacrifices pour l’avenir de leur carrière.
Par ailleurs ces métiers ne sont plus un choix risqué. Les marchés de l’impact social ou environnemental sont en forte expansion et professionnalisation, donc on peut y développer des carrières passionnantes, et absolument pas enfermantes. Les compétences acquises sont très transverses, et l’expertise spécifique est de plus en plus valorisée dans des secteurs plus traditionnels, à des niveaux de plus en plus décisionnels. J’ai parfois l’impression que c’est comme le marketing digital : les profils expérimentés dans le domaine s’arrachent !
En savoir plus sur le centre de l'economie inclusive de l'institut S&O