Laurence Moret
Experte en Innovation Sociale et Finance
La finance peut être un outil utile au service du développement humain
Après un Master en finance à Paris IX Dauphine et un MBA à la Nicholls State University (Louisiane, USA), Laurence Moret devient journaliste financière à l'agence de presse ACP-Telpresse. En 1993, elle commence une carrière dans le secteur bancaire en rejoignant le département marketing de la Banque Cortal (filiale de BNP Paribas), où elle recrute de nouveaux clients par le biais de produits d'épargne et de placements boursiers. Elle a rejoint le Crédit Coopératif en 2001 (Groupe BPCE), lorsque la banque a créé une Direction des finances alternatives et solidaires. Elle a été responsable des partenariats croisés dans le domaine de la finance solidaire et a siégé au conseil de surveillance de La Nef (institution financière éthique, Lyon) et de la Sidi (société d'investissement dédiée aux IMF des pays émergents, à Paris). Elle a été vice-présidente de Finansol pendant 16 ans.
Laurence est aujourd'hui directrice de la communication externe, des partenariats et de la documentation de la banque. Elle représente également le Crédit Coopératif au conseil d'administration du fonds solidaire "Choix Solidaire", géré par Ecofi Investissements (filiale du Crédit Coopératif), et joue un rôle actif au sein du comité éthique de cette société de gestion d'actifs.
Depuis 2010, elle donne des cours dans le cadre du Certificat Inclusive et Social Business d'HEC. Ses cours aident les étudiants à la fois à réfléchir aux nouveaux paradigmes de la finance et à découvrir les défis et les opportunités de la microfinance.
Pendant cette période très particulière de la crise Covid-19, nous l'avons interviewée pour en savoir plus sur ses activités et sa vision de l'avenir pour une économie plus inclusive.
A l'heure où les personnes les plus vulnérables souffrent le plus, qu'est-ce qui devrait, selon vous, devenir une priorité pour les gouvernements ou les enterprises (en France et dans le monde)?
Chacun devrait sortir de sa zone de confort, être force de proposition, et se donner des objectifs d’amélioration de la situation sociale et environnementale du pays au travers de son domaine d’activité. Ces objectifs doivent évidemment être suivis d’actions, destinées à accroître les impacts sociétaux positifs et à réduire les effets négatifs. Bien entendu, ces engagements doivent faire l’objet de bilans, permettant d’enclencher des dynamiques vertueuses de progrès continus.
Comment vos propres activités contribuent-elles à la création d'une économie plus inclusive?
Au travers de l’enseignement, je contribue à la prise de conscience des étudiants que la finance peut être un outil utile au service du développement humain. Conçue dans une démarche d’engagement sociétale, elle a la possibilité de participer à l’amélioration du bien-être de tous à long terme, et non uniquement aux bénéfices à court terme de quelques-uns. Comme toujours, l’intention appliquée à l’utilisation de l’outil en fait la finalité. Il est important que les étudiants le garde à l’esprit dans leur vie professionnelle.
Par mes fonctions au sein du Crédit Coopératif, je travaille également à la transmission de ces réflexions, tout en valorisant des produits et services bancaires qui mettent en application cette volonté de contribuer positivement au développement de l’économie réelle, utile à tous et respectueuse de l’environnement. Au travers des produits tracés (qui créent un lien entre les volontés de l’épargnant et les projets développés par les entrepreneurs) ou encore les produits de partage (qui permettent de soutenir la structure d’intérêt général de son choix dans la durée), l’offre du Crédit Coopératif montre qu’une autre banque est possible. Une banque qui refuse de financer les secteurs qui abiment (comme les énergies fossiles) et qui soutient les initiatives inspirées par l’intérêt général.
Dans votre carrière, quel est l'impact dont vous pouvez être fière?
Je suis très heureuse de pouvoir contribuer à faire découvrir que la finance et la banque sont des services « consommables », comme la nourriture, les transports et l’énergie. Donner du sens à son argent est possible, et participe de la cohérence des comportements de chacun. Il faut donc demander des comptes, de l’engagement, de la traçabilité à sa banque, comme à n’importe quelle entreprise.
Or, j’ai la chance de travailler sur la visibilité des valeurs du Crédit Coopératif, et d’être une collaboratrice engagée au sein d’une banque coopérative engagée.
Quels conseils donneriez-vous aux étudiants, jeunes entrepreneurs ou intrapreneurs qui voudraient avoir un impact et participer à la refondation de l'entreprise?
Ayez confiance en vous, soyez innovants pour bâtir le monde dans lequel vous voulez vivre demain, proposez des solutions sans vous imposer de limites ! Peu importe ce que les autres pensent, tant que vous avez conscience que vous apportez votre pierre à l’édifice, pour un monde meilleur et un progrès durable et partagé.