HEC Paris et Le Choix de l’école : un partenariat pour l’égalité des chances
HEC Paris et Le Choix de l’école ont finalisé au mois d'octobre dernier un partenariat qui vise à renforcer la coopération entre l’école et l’association. Le Choix de l’école encourage l’engagement dans l’enseignement de jeunes diplômés, de jeunes actifs, qui ne se destinaient pas à cette voie, mais souhaitent exercer un métier socialement utile. Depuis sa création en 2015, ils sont plus de 200 à s'être lancés dans l’enseignement en collège d'éducation prioritaire avec Le Choix de l’école : environ 10 % d’entre eux sont des diplômés d’HEC. La formalisation de ce partenariat permettra d’accroître l’engagement des étudiants d’HEC dans l'enseignement en collège. Rencontre avec trois de ces alumni qui ont rejoint l'Education nationale avec l'accompagnement du Choix de l’Ecole.
Une enseignante de mathématiques avec des élèves de sixième (© Salomé Suarez-Detoeuf)
« Ayant toujours aimé transmettre, autant qu'apprendre, et souhaitant me retrouver tous les jours sur le terrain plutôt que dans un bureau, je me suis tournée vers l'enseignement. » Ses études à HEC ne présageaient pas une reconversion dans l’Education nationale pour Capucine Collin (H16). Mais un tour du monde de six mois sur le thème de l’éducation inclusive l’a décidée à franchir le pas : devenir professeure de français dans un collège REP+ de Seine-Saint-Denis. Pour cela, elle a été accompagnée par Le Choix de l’école : « J'ai connu Le Choix de l'école lors d’un forum carrières à HEC. Je ne peux que me réjouir de ce partenariat, qui donne une meilleure visibilité à l'association et plus largement à la profession d'enseignant. Si je peux faire correctement mon métier aujourd'hui, c'est surtout grâce aux formations que j'ai pu recevoir dans le cadre du Choix de l'école et de l'Education Nationale. J'espère que d'autres jeunes diplômés (d’HEC) y trouveront comme moi leur voie. »
Inspirer et fédérer
L’envie d'engagement social et de liberté pédagogique a été au cœur de la décision prise par Numa Leparoux de renoncer à une carrière prometteuse au sein du cabinet d’audit et de conseil EY, où le jeune diplômé d’HEC (H15) était instructeur des équipes d’audit. Désormais professeur de français dans un collège à Sarcelles, il voit son rôle comme celui d’un adulte modèle : « les élèves de 11 à 15 ans sont avant tout en phase de construction de leur identité : ils s'inspirent de tous les adultes qui les entourent. Cela nécessite d'être clair et constant dans ses valeurs pour que l'élève puisse se les approprier et les faire vivre. »
La liberté que lui offre l’enseignement secondaire est une source de satisfaction pour l’ancien manager. « Mais liberté ne veut pas dire solitude, » tempère-t-il, « l'absence de hiérarchie entre les adultes travaillant dans un collège permet aux équipes éducatives et pédagogiques de s'organiser comme elles le souhaitent pour faire des projets, gérer une classe difficile, partager les bonnes pratiques, etc. Cette solidarité est une véritable chance, surtout pour un nouvel arrivant, qui a tout à découvrir et apprendre pour enseigner de la meilleure façon possible. »
N'est pas professeur qui veut !
Alexandra Szmania est issue de la même promotion d’HEC que Capucine Collin. Bien avant d’avoir intégré l’école de commerce, Alexandra avait déjà l’envie de devenir professeure d’histoire – avant que son professeur principal de l’époque ne l’oriente vers une classe préparatoire. Huit ans plus tard, cette envie d’enseigner a ressurgi. « C'est un concours de circonstances qui m’a permis de recroiser des amis qui étaient devenus professeurs : ils m'ont donné plus qu'envie de me lancer dans ce métier, l'éducation étant un secteur qui m'intéresse énormément. » Mais, pour Alexandra, les nouveaux recrutés ne sont pas épargnés par les difficultés posées par l’animation d’une classe de collégiens : « N’est pas professeur qui veut ! Nous sommes confrontés aux mêmes enjeux que tous les professeurs : des difficultés dans la gestion de classe notamment en REP, des cours à préparer, des projets à mener au sein de notre établissement, un rythme intense à tenir... Nos expériences dans le privé nous aident parfois à nous organiser et à gérer des projets, mais cela n'aide pas à gérer une classe de 24 adolescents pendant 55 minutes ! »
Les atouts des diplômés d’HEC
Sa formation de quatre ans à HEC lui a néanmoins donné quelques atouts pour enseigner aux collégiens de Créteil : « HEC m'a appris à être curieuse, à aller au fond des choses. C'est une soft skill qu'on m'a poussé à développer en école, et qui m'a été plus qu'utile en tant que professeur. » Elle salue donc le partenariat conclu par HEC avec Le Choix de l’école : « c’est intéressant de montrer que des parcours non linéaires et non attendus en sortie d'HEC existent, et qu'on peut s'engager à la fois personnellement et professionnellement dans un métier socialement impactant. » Numa Leparoux la rejoint dans la certitude que le parcours HEC peut aider tout postulant éventuel à l’Education nationale : « un diplômé d'HEC a un bon niveau académique et une forte capacité d'adaptation. Cette capacité d'adaptation est d'ailleurs développée dans un certain nombre de métiers auxquels ouvre HEC, je pense notamment au conseil, à l'audit ou au secteur des start-up, où chaque jour, chaque nouvelle mission est un défi nouveau auquel il faut apporter une réponse adéquate. »
Capucine Collin, quant à elle, a su allier son goût du voyage avec son travail. Un voyage qu’elle a organisé en Grèce avec ses élèves et ses collègues a permis de souder le groupe, et lui a semblé être un prolongement logique de son tour du monde (Madagascar, Cambodge, Philippines, Argentine, Chili, Brésil…). À l’époque, elle avait effectué (et filmé) ce périple en compagnie de Noémie, une autre étudiante d’HEC, avec le soutien d’une association originellement lancée à l’école de commerce, InFocus : « de mes années à HEC, je garde une certaine capacité à m'adapter à un environnement nouveau, éprouvée lors des stages ou échanges à l'étranger qui nous faisaient fréquemment changer d'univers. » Ces univers, Capucine a su en tirer le meilleur, pour le plus grand bien des collégiens des quartiers difficiles d’Ile-de-France.
Pour en savoir plus sur Le Choix de l’école
Le 10 mars à 18h30, Numa et Eugénie, alumni HEC qui enseignent avec Le Choix de l’école, partageront leur expérience lors d’un webinar dédié aux étudiants d’HEC. Pour vous inscrire, vous pouvez écrire à : contact@lechoixdelecole.org
Quatre questions à Paul Guis, directeur de l’association "Le Choix de l’école"
Le Choix de l’école a signé une convention avec HEC Paris au mois d'octobre. Qu’attendez-vous de ce partenariat ?
Paul Guis : Un des objectifs du Choix de l’école est d’encourager et de favoriser l’engagement de jeunes diplômés dans l’enseignement dans les collèges publics situés dans les territoires défavorisés. Nous nous adressons en particulier aux jeunes diplômés qui, par leur parcours, ne se destinent pas à l’enseignement mais souhaitent exercer un métier socialement utile.
Dans ce cadre, un partenariat avec HEC trouve tout son sens et donne une plus grande visibilité au métier d’enseignant et au programme de l’association auprès des étudiants de l’école.
Qu’est-ce qui a motivé cette décision ? Y a-t-il des précédents avec d’autres grandes écoles ?
Les jeunes diplômés sont de plus en plus nombreux à souhaiter exercer un métier en faveur de l’intérêt général. Conscients de cette tendance, les établissements d’enseignement supérieur sont eux aussi de plus en plus nombreux à vouloir soutenir et accompagner les aspirations sociales de leurs étudiants.
Le Choix de l’école travaille ainsi avec plusieurs établissements d’enseignement supérieur, des écoles de commerce et d’ingénieurs, des universités ou encore Sciences Po. Il est utile de formaliser ces partenariats pour définir des objectifs communs et articuler au mieux nos actions. Ainsi, fin 2020 nous avons signé un partenariat avec l’ESSEC et nous sommes heureux de ce partenariat avec HEC.
Le profil d’un étudiant HEC n’est pas souvent associé à un engagement de deux ans en tant qu’enseignant dans des écoles REP. Que peuvent y apporter ces étudiants ?
Les étudiants et jeunes diplômés d’HEC ont des profils intéressants pour l’enseignement, même si ces qualités doivent bien sûr être complétées par d’autres compétences et qualités humaines. Ils ont en général une grande capacité de travail, ce qui est un atout lorsqu’on souhaite devenir enseignant. Par ailleurs, beaucoup d’entre eux sont impliqués dans des associations qui travaillent au contact de jeunes, comme Fleur de bitume. Enfin, au cours de leur parcours, ils ont pu avoir des expériences professionnelles variées, ce qui est toujours une richesse supplémentaire, en particulier pour accompagner les élèves dans leurs choix d’orientation.
Et que peuvent-ils retenir d’une telle expérience ?
L’enseignement est un métier où on transmet, mais aussi où on apprend énormément, tout en acquérant de nombreuses compétences. C’est un métier dans lequel il y a une exigence intellectuelle, une rigueur de travail, et pour lequel il faut savoir être créatif, être capable de se remettre en question pour impliquer les élèves, les intéresser, les faire progresser. Enfin, c’est un métier dans lequel on prend beaucoup de plaisir.
Actuellement, à l’issue de leurs deux années en collège, 40 % des enseignants accompagnés par l’association passent les concours de l’enseignement et 60 % exercent d’autres métiers. On retrouve cette même proportion pour les diplômés d’HEC. Parmi ceux qui quittent l’enseignement, beaucoup continuent à s’impliquer dans le secteur de l’éducation, mais certains font le choix de rejoindre d’autres domaines comme la culture, le conseil ou encore d’autres métiers de la fonction publique.
Paul Guis est directeur de l’association Le Choix de l’école. Avant cela, il a été enseignant en histoire-géographie dans un collège de Seine-Saint-Denis et a travaillé à la Banque Africaine de Développement en Côte d’Ivoire et à l’Ambassade de France en Inde.
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