Concours d’éloquence HEC 2022 : la finale
La tension était à son paroxysme jeudi 7 avril pour les six qualifiés de la finale du concours d’éloquence 2022. L’amphi Blondeau est plein à craquer, le public s’impatiente. Ils sont près de 400 à être venus regarder cette finale en présentiel. Des centaines de milliers d’autres la verront sur YouTube. Quant au jury, il prend place sous les acclamations sonores des étudiants présents dans la salle. Tout est prêt. Les amis et la famille des candidats se sont réunis pour acclamer leur candidat favori. Les caméras sont tournées vers la scène, prêtes à filmer l’évènement sous tous ses angles. Il ne manque plus qu’eux. Certains relisent leur discours pour être sûrs de ne pas en oublier une bribe, d’autres préfèrent écouter de la musique pour ne pas entendre le public déchaîné.
Cet article a été écrit par KIP, le média des étudiants d’HEC Paris
Cette année encore, c’est un véritable jury d’exception qui attend nos candidats. Faut-il seulement les citer ? Bertrand Périer, grand spécialiste de l’art oratoire ; Catherine Frot, actrice nommée dix fois aux César du cinéma, Eloïc Peyrache, directeur général d’HEC ou encore l’avocate et députée du Val d’Oise Naïma Moutchou. Ce sont eux qui ont la lourde tâche de départager nos candidats, les six meilleurs, sélectionnés parmi les 80 candidats du premier tour. Pour en sélectionner trois parmi eux, ils ont demandé aux candidats de choisir une citation parmi toutes les œuvres de Molière, en cette année commémorative de sa naissance. Ils auront sept minutes pour convaincre.
« Je voyais les 400 personnes mais surtout je repérais mes amis, qui avaient les yeux rivés sur moi et qui attendaient que je commence. C’est surtout eux que je voyais, parce que je faisais la performance pour eux »
Théophile, arrivé troisième
« Je n’ai pas croisé le regard d’une seule personne dans la salle. Pendant tout le discours je regardais la salle comme une masse, tellement j’étais concentré sur le texte et les réactions du public »
Edouard, arrivé deuxième
Au stress de discourir devant cet amphithéâtre Blondeau bondé s’ajoute un défi supplémentaire : devoir ajouter deux mots à son discours, choisis au hasard par le public. Et le public peut se montrer très exigeant : il n’est pas évident d’ajouter « Biafine » et « McKinsey » à un discours qui évoque la solitude, ou « hot-dog » dans un discours qui parle d’amour. Mais ils ne peuvent plus retourner en arrière. Ils n’ont plus le choix. Ce concours est pour eux la concrétisation de nombreuses heures de travail, parfois aux dépens de leur sommeil.
« A un certain point ce n’était plus un défi qui me faisait peur, j’avais vraiment envie de continuer »
Théophile, arrivé troisième
Une fois sur scène, la tension se dissipe peu à peu. Ils connaissent leur discours sur le bout des doigts : très vite après les premiers mots, le reste coule à flots. Les blagues et punchlines se succèdent, les intonations sont bien pensées ; le public rit, acclame les candidats pour leur performance. A chaque candidat son propre sujet de prédilection : féminisme, cigarette, amour, solitude… On ne manque pas de diversité, qu’il s’agisse des sujets abordés, ou du style. Quand certains préfèrent jouer sur les intonations pour étonner, d’autres préfèrent des références littéraires, ou des jeux de mots qui impressionnent tout autant.
Un discours particulier
Quelqu’un s’est démarqué pendant ce concours d’éloquence. Entre deux finalistes, ce candidat du premier tour est monté sur scène pour prononcer un discours bien particulier. Ce discours, c’est l’histoire de sa vie. C’est peut-être lui qui aura le plus ému le public lors de cette soirée : Erik Fradet est étudiant à HEC, il a eu un grave accident qui l’a plongé dans un long coma. A son réveil, il ne savait plus parler. Paralysé, il ne pouvait que cligner des yeux pour se faire comprendre.
Après des mois de lutte et de rééducation, il a pu enfin recommencer à s’exprimer normalement. Il a pris sa revanche et s’est inscrit au concours d’éloquence. Même si cet accident n’est pas ce qui le définit, il rappelle à son audience la chance que nous avons de pouvoir nous exprimer. La parole est un outil fantastique qui permet de véhiculer idées, volontés et points de vue. Son discours émouvant n’a pas laissé le public indifférent : à la fin de son allocution, toute la salle s’est levée pour l’acclamer. Si l’éloquence est souvent un divertissement pour le public, il est aussi porteur de messages et d’espoir. Dans le cas d’Erik, on ne peut qu’admirer la volonté d’un homme qui a pris sa revanche sur son handicap jusqu’à pouvoir participer au concours d’éloquence d’HEC Paris.
Une expérience inoubliable
Pour les candidats de cette finale du concours d’éloquence, monter sur scène est un honneur, et c’est avec fierté qu’ils montent les quelques marches qui les séparent de leur pupitre. L’appréhension est là, mais ils connaissent leur texte par cœur, c’est leur moment : une fois passé le dernier stress monté sur scène, tout se passe sans accrocs.
« On ressent une immense fierté de parler devant autant de personnes, d’avoir le courage de passer devant un tel public. C’était très agréable d’être tous les 6 et de se soutenir pendant cette soirée.
Léonore, finaliste
Contrairement aux idées reçues, l’éloquence n’est pas un travail individuel. Même s’ils concourent contre les autres candidats, leurs amis, c’est bien ensemble qu’ils se sont préparés à cette finale. Les membres du Lab’Oratoire, l’association d’éloquence d’HEC, ont travaillé tous ensemble leur discours durant l’après-midi : ils se sont donnés des conseils, se sont aidés les uns les autres à améliorer leur texte et leur locution. Leur diversité fait leur force, et ils se poussent entre eux pour trouver leur propre style.
« On n’était pas les uns contre les autres, on ne l’a jamais été. […] J’étais très contente qu’on ait pu se préparer ensemble. Même si c’est une épreuve individuelle, on se sent entraîné par les autres »
Irène, arrivée première
Quels que soient les résultats de cette finale, l’expérience en vaut largement la chandelle. Ils ont pu passer leur message par l’humour ou les jeux de mots et ils en sont fiers, à raison. Discourir devant autant de monde n’est pas un don inné, et c’est par un travail acharné qu’ils se sont donné les moyens de parvenir jusqu’en finale. On ne peut qu’être humble devant leur parcours et leur acharnement. Ils nous ont fait rire comme réfléchir, ce fut une soirée riche d’émotions : cette édition 2022 du concours d’éloquence a été une vraie réussite.
Maxence pour KIP
Le palmarès du concours d’éloquence 2022
- 1er prix : Irène Grenon
- 2ème prix : Edouard Lelandais
- 3ème prix : Théophile Plouvier
- 4ème ex aequo : Antoine Beaury, Charles Duféÿ et Léonore Lepiller
- Mention spéciale : Erik Fradet, qui a reçu le prix du "super combatif"
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