Des formations pour répondre aux attentes des chefs d'entreprise
La plupart des écoles de commerce proposent aujourd'hui des formations courtes, longues ou sur mesure. Des associations telles que le CJD ou l'APM proposent des modules adaptés aux besoins de leurs adhérents.
SERVICES
D'excellents médecins ne font pas les meilleurs managers. François Pelen est bien placé pour en parler. Il est lui-même docteur en ophtalmologie. Depuis cinq ans, son entreprise, le réseau de centres d'ophtalmologie Point Vision, prend des parts majoritaires dans des cabinets. En échange, elle apporte notamment une formation sur mesure dispensée à HEC PARIS aux médecins associés. Objectif : leur faire gagner en productivité grâce, notamment, à la délégation de tâches.
Voilà un an et demi, le Dr Nader Robin a rejoint le groupe Point Vision. Depuis, son cabinet grenoblois a doublé de taille. « Nous étions une petite dizaine auparavant contre vingt-cinq aujourd'hui, dit-il. Nous suivons des modules qui s'étalent sur trois weekends dans l'année. Le premier avait trait au management et, à la rentrée, je démarrerai, aux côtés d'une vingtaine d'autres ophtalmologues, une formation sur la gestion. Une spécialité nécessaire à la bonne tenue d'un cabinet qu'on n'apprend pourtant pas en fac de médecine. »
« Les grandes écoles comme les universités sont de plus en plus à l'écoute des entreprises, notamment quant à cette idée de développer des formations sur mesure », confirme Anne Aubert, chef de projet pour le développement de la formation tout au long de la vie au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Pour les autres, les établissements d'enseignement supérieur proposent tantôt des formats courts, de trois à quatre jours, ou bien des formats plus étalés dans l'année.
Dans ce cas précis, les écoles de commerce semblent davantage intéresser les entrepreneurs que les écoles d'ingénieurs, sauf à ce que leur société commercialise des prestations technologiques. Ainsi, à sa sortie de l'Insa Toulouse, Jean-Jacques Bois, cofondateur de Nanolike, est retourné sur les bancs de cette même école pour un mastère d'ingénieur d'affaires industrielles (bac +6). « Cette formation m'a permis de porter le projet à maturité. Pendant cinq ans, j'ai mis en application les lois de la physique et durant cette dernière année, j'ai appris les lois de la finance », image celui qui quatre ans plus tard dirige une équipe de 15 personnes.
ASSOCIATIONS D'ENTREPRENEURS
À HEC, comme à l'Edhec, les formations dédiées aux chefs d'entreprise semblent plus attirer les managers et patrons de « business unit » que les entrepreneurs actionnaires de leur société.
On peut considérer que ces entrepreneurs représentent environ 30 % des effectifs de chaque promotion »
- Nathalie Lugagne et Jean-Louis Reynaud, en charge des programmes dédiés aux professionnels au sein d’HEC et de l’Edhec
« Ces chefs d'entreprise viennent généralement chercher des réponses à leurs questions dans la perspective de décisions stratégiques d'investissement ou de projets de croissance externe, détaille Jean-Louis Reynaud pour l'Edhec. D'autres sont davantage en quête de clés sur le management et la gestion des conflits. 90 % d'entre eux sont déjà diplômés dans le supérieur. Ce sont en grande majorité des hommes, d'un âge moyen de 42 ans, avec des enfants. C'est pourquoi la famille doit également être associée à cette décision de suivre une formation. »
Est-ce par manque de temps ou par manque d'intérêt que les PDG envoient leurs cadres en formation plutôt qu'eux-mêmes ? L'ensemble des chefs d'entreprise interrogés insistent sur les bienfaits de pareil enseignement qu'ils trouvent parfois au sein d'associations d'entrepreneurs telles que le Centre des jeunes dirigeants d'entreprises (CJD) ou l'Association progrès du management (APM). « Être membre du CJD est un engagement puisque les formations mensuelles locales, qui durent environ trois heures, sont obligatoires », rappelle Richard Thiriet, président national du CJD (4 500 membres) et lui-même entrepreneur dans l'industrie aéronautique. « Le CJD sert à devenir manager », plaide-t-il. Dans cette association, à l'inverse des formations dispensées dans les universités et grandes écoles, 70 % des membres sont des entrepreneurs, contre 30 % de managers salariés.