Nos formations avec HEC Paris offrent aux dirigeants de PME une expertise de haut niveau adaptée à leurs problématiques
La banque publique d’investissement Bpifrance accompagne les entreprises dans leur financement et leur développement. Depuis dix ans, elle construit des programmes de formation à destination des dirigeants de PME et d’ETI avec HEC Paris Executive Education.
Interview de Guillaume Mortelier, Directeur Exécutif en charge de l’accompagnement chez Bpifrance.
Qu’est-ce qui plait le plus aux dirigeants dans le contenu de vos formations ?
Nos enseignements théoriques sont resserrés par rapports aux programmes de type MBA classiques. Et nous travaillons sur des cas pratiques qui correspondent vraiment aux problématiques rencontrées par les PME, à la différence des formations générales illustrant souvent la théorie par des business cases qui concernent des géants comme Total ou Coca Cola, par exemple. D’ailleurs, un cas pratique typique pour nous est justement la gestion de la relation de la PME avec les grands groupes. On se demande comment lire les enjeux d’un groupe et quelle posture adopter pour l’aborder. Souvent, le patron de PME s’interdit le contact direct avec le DG d’un grand groupe. Il préfère passer par son interlocuteur naturel à la direction des achats ou de l’innovation. Nous lui démontrons qu’il peut se positionner sans problème dans un rapport de DG à DG. Et que l’apport d’une PME dans le portefeuille d’activités d’un grand groupe, que ce soit comme fournisseur ou comme co-développeur sur un projet commun, peut être très important.
Les chefs d’entreprise ont en général des emplois du temps très serrés. De quelle manière vos formations s’intègrent-elles dans ceux-ci ?
Dans notre catalogue, nous proposons à la fois des formations longues et intensives, que nous appelons les accélérateurs, et des formats courts, sur quelques heures. Les premières n’excluent pas les secondes, elles sont complémentaires. Les accélérateurs se déroulent sur plusieurs mois. Les plus longs s’étalent sur 2 ans, à raison de 8 sessions de 2 jours chacune. Ils permettent aux dirigeants d’approfondir leurs connaissances, parfois très générales, sur la stratégie, le business model, la gouvernance, ou encore l’actionnariat. Quant à nos formations courtes, à la carte, elles permettent de sensibiliser les dirigeants à des thématiques telles que la transition énergétique, la digitalisation, l’inclusion, l’emploi des jeunes, la mixité en entreprise, l’industrie du futur ou la cybersécurité.
Comment vos programmes aident les dirigeants à surmonter leurs appréhensions face à ces enjeux ?
Un patron de PME reçoit une multiplicité d’injonctions relatives à son rôle sociétal, à ses objectifs de croissance, à sa rentabilité économique, à l’équilibre entre sa vie professionnelle et sa vie personnelle, et à bien d’autres choses encore. Nos formations ont pour but de lui donner des clés lui permettant d’aller chercher les outils pour avancer sur tous ces points. Avec les enseignements théoriques, nous organisons des exercices de mise en pratique par groupe de 5. Le collectif suscite l’envie de bouger, il crée de l’émulation, du challenge, et c’est un bon moyen pour partager ses solutions.
Avec la crise sanitaire, les confinements, les mesures barrières et le télétravail, les enjeux de la digitalisation des PME sont un sujet de premier plan. Comment accompagnez-vous les dirigeants dans ce grand bouleversement ?
En effet, depuis plus d’un an, ils sont confrontés à l’urgence de la digitalisation. Pourtant, certains sont encore réticents face au numérique. Cela peut s’expliquer par un gap générationnel, par la peur de sortir de sa zone de confort, ou par la croyance qu’il ne peut y avoir de digitalisation que pour les entreprises en mesure de se payer une DSI (direction des services informatiques). La formation est donc fondamentale pour les mettre en mouvement, via l’éclairage des intervenants et les échanges avec des dirigeants de la promotion qui ont déjà mis des choses en place. On doit désacraliser le digital, montrer qu’il ne faut pas s’en faire une montagne et qu’on peut avancer par petits pas. Le click & collect est un bon exemple. Il ne concerne pas que les grosses plateformes comme Amazon. Inviter les clients à passer leurs commandes par mail ou par téléphone en affichant ses coordonnées en vitrine, sur Facebook ou sur Instagram peut suffire pour se lancer dans le click & collect.
Les patrons de PME s’imaginent peut-être que le click & collect n’aura qu’un faible impact sur leurs ventes ?
Je vais vous donner l’exemple d’une fromagerie qui fait aussi restaurant et qui a réalisé de bons chiffres malgré les restrictions. Au départ, ils n’avaient pourtant que 3000 abonnés sur Instagram. Mais pendant le confinement du mois d’octobre, ils ont lancé un site dédié à la raclette, au moment où la tendance était en train d’exploser (au point qu’il y a eu des ruptures de stock chez les vendeurs d’appareils à raclette). Sur ce site, ils proposaient 3 offres de raclettes : avec ou sans charcuterie, et avec la possibilité de louer un appareil. Ils ont reçu énormément de commandes et cela a sauvés leur année !
Les dirigeants sont parfois paniqués par la transition énergétique. Quelles réponses leurs apportent vos formations ?
Bien que les arguments économiques ne soient pas évidents quand il est question d’écologie, ils existent et ils sont parfois de taille. Nous le démontrons dans nos programmes. D’abord, les patrons de PME doivent anticiper les contraintes de demain sur le contenu carboné des productions. Souvent, leurs donneurs d’ordres sont déjà soumis à la nouvelle réglementation, et les PME le seront également dans quelques années. Et puis il faut tenir compte de l’évolution des attentes des consommateurs en matière de responsabilité environnementale. Si elles ne repensent pas leurs modes de production et de livraison, beaucoup de PME seront rapidement en décalage avec ces exigences. Enfin, réduire l’empreinte carbone permet de réaliser des économies non négligeables sur les comptes de résultats. Le coût de l’énergie et du traitement des déchets est amené à augmenter, alors réduire ses factures dès maintenant, c’est faire des économies demain.
Quelle place accordez-vous aux enjeux de la mixité en entreprise ?
Il y a deux raisons principales à la sous-représentation des femmes dans l’industrie. En premier lieu : de mauvais réflexes de recrutement. Et, en second lieu, une trop faible proportion de femmes formées aux professions techniques et à l’ingénierie. Nous répondons à ce déséquilibre en faisant intervenir un maximum de femmes, dirigeantes et consultantes, pour que leur place s’impose dans les esprits. Et puis, nous expliquons que la mixité est un axe de valorisation très fort pour les embauches, que c’est un élément fondamental pour la marque-employeur et la capacité à recruter.
Au-delà de leurs contenus, pourquoi vos formations en commun avec HEC Paris Executive Education plaisent aux dirigeants de PME ?
Beaucoup de patrons n’ont pas étudié dans une grande école. Nous leurs offrons la possibilité de se former avec des experts de l’élite de l’éducation qui ont une connaissance aiguë des PME. Ils bénéficient d’une expertise de haut niveau adaptée à leurs problématiques. Et puis, le fait d’intégrer HEC Paris à nos dispositifs donne de la visibilité aux parcours de dirigeants de PME chez les étudiants de cette grande école. Cela les sensibilise à la perspective de travailler au sein d’une PME. Nos formations créent des passerelles entre les jeunes diplômés et les PME.