Aasiya
Programme Stand-Up
J’ai grandi au Sénégal et je suis venue en France après mon BAC en 2001. J’ai 36 ans et j’ai une formation BAC+5 à l’ENSMM (École Nationale Supérieure de Mécanique et de Microtechniques) de Besançon. Depuis 6 ans, je m’intéresse de près aux thématiques comme l’économie sociale et solidaire, le commerce équitable, les consomm’acteurs. Je cherche à entreprendre autrement.
J’ai depuis toujours eu envie de faire quelque chose pour le Sénégal. Ayant eu la chance d’être formée dans un pays industrialisé, j’aimerai essayer de transposer le meilleur de ce qu’il y a ici pour aider le Sénégal à se professionnaliser, à s’industrialiser tout en respectant l’environnement et l’humain.
J’ai d’abord créé une boutique sur Paris, une sorte de « comptoir » proposant plus de 150 références de produits d’artisanat fabriqués au Sénégal : produits naturels, végétaux, alimentaires, cosmétiques, décoratifs… L’objectif étant de soutenir les producteurs locaux et de les sensibiliser aux normes et agréments actuels.
Durant cette expérience, j’ai pu constater un engouement fort pour certains produits comme les huiles cosmétiques. Ces produits très prisés,souvent fabriqués en petite série étaient rapidement en rupture.
C’est de cette demande pour les huiles cosmétiques que j’ai commencé à réfléchir à mon nouveau projet. Afin d’aider les groupements d’artisans qui fabriquent ces huiles à se professionnaliser, mon objectif est de créer une unité de production d’huiles végétales au Sénégal, ancrée dans l’économie sociale et solidaire, économiquement viable en m’appuyant sur différents acteurs.
L’idée serait d’avoir la partie R&D ici en France, car au Sénégal il n’y a pas les structures pour, il n’y a pas d’écoles. Il y a le savoir-faire « traditionnel » mais il n’y a pas d’infrastructures autour.
Pour développer mon activité, j’ai décidé de m’appuyer sur l’expertise de jeunes en formation. J’ai ainsi noué des partenariats avec ISIPCA à Versailles spécialisées dans la formation aux métiers du parfum, de la cosmétique et de l’arôme, avec les Gobelins à Paris pour la partie logo, marque, packaging et un institut à Bordeaux.
J’ai été lauréate de Campus France pour le programme « Entrepreneurs en Afrique » qui soutient la création et le développement de PME/PMI à vocation technologique dans les pays d’Afrique francophone en faisant travailler des entrepreneurs africains et des écoles d’ingénieurs françaises.
Le réseau de La Courneuve m’a permis de créer du lien avec d’autres femmes porteuses de projets, de rencontrer des personnes qui ont un projet dans le même secteur que le mien et de fédérer les synergies. C’est là que j’ai entendu parler de StandUp. En Ile-de-France, nous avons une chance, c’est qu’il y a beaucoup de dispositifs d’aides aux entrepreneurs et aux femmes, mais bien souvent les formations proposées où les conseils prodigués sont assez élémentaires. Sans StandUp (l’incubateur social d’HEC à La Courneuve), je n’aurai sans doute pas eu connaissance de l’université Impact’preneurs.
Durant ces 3 journées à HEC, j’ai pu suivre des cours de qualité auprès de professeurs reconnus, à l’écoute, impliqués. Par exemple, en échangeant avec Etienne Krieger et Frédéric Islin à HEC, j’ai vraiment pu mettre en avant le côté innovant de mon projet et voir comment inscrire mon projet dans une démarche respectueuse de l’environnement.
Grâce à cette université Impact’preneurs, nous pouvons avoir accès à des professeurs de renom et reconnu dans le domaine. Ils nous confortent dans l’idée que notre projet est possible, cela valorise notre travail et notre investissement, on se sent soutenu, encouragées. Ca nous ouvre des portes, les professeurs nous mettent en relation avec des personnes clés, ils nous donnent de précieux conseils.
Pour démarrer une activité d’entrepreneuriat, le réseau est très important. On a besoin de soutien, de financement. Il faut aller voir ce qui se passe ailleurs, s’entourer de professionnels, de partenaires. On a besoin de légitimité de crédibilité. Aujourd’hui, j’aurai besoin de 600 000€ pour mener à bien mon projet. Quand on va voir les banques avec un projet soutenu par HEC, L’Oréal ou de grands groupes, tout de suite les gens en face sont plus attentifs. Cela nous donne davantage de poids, de crédit.
Avec les 200 femmes réunies à Impact’preneurs, il y a beaucoup de synergies, on peut échanger, discuter de nos problématiques : nous avons toutes les même préoccupations. D’être en immersion pendant 3 jours, loin de notre quotidien, cela nous aide à avancer, c’est très enrichissant.
C’est une très belle initiative, j’espère que cette dynamique va continuer et se multiplier dans d’autres écoles, universités. Grâce à ces programmes soutenus par la France s’engage, la Fondation L’Occitane ou la Fondation HEC, nous, « les entrepreneurs de demain », nous avons encore plus d’ambition. C’est très stimulant ! D’ailleurs, aujourd’hui, je suis en train de préparer un dossier pour intégrer l’incubateur HEC à la rentrée avec mon projet « Natur oils » !