Fleur de Bitume : une association étudiante d’HEC en pleine croissance
Avec près de 150 membres (tous étudiants-tuteurs), dont 15 dans le bureau organisateur, Fleur de Bitume est la plus grande association à vocation humanitaire d’HEC, totalement dédiée à l’égalité des chances. Malgré la crise sanitaire, Fleur de Bitume a su lancer de nombreuses initiatives depuis la rentrée 2020 et étendre ses actions au-delà de l’Ile-de-France. Echange avec sa présidente, Chloé Morenne (M1).
Le bureau de l'association Fleur de Bitume (©Fleur de Bitume – HEC Paris)
Comment Fleur de Bitume s’est adaptée à cette rentrée inédite et difficile ?
Chloé Morenne : Oui, il faut admettre qu’au départ ce n’était pas facile. Avec le confinement, il fallait mettre toutes nos actions en ligne, c’était extrêmement chronophage. Mais on est très soudés au sein du bureau et bien organisés pour faire face aux nouveaux défis : gérer les tutorats distanciels, choisir et préparer les étudiants d’HEC avec du sur-mesure, du one-to-one, etc. En tant que présidente, je dois chapeauter tous les programmes pour les collégiens, les lycéens et les élèves en prépa. En lien avec la mission Egalité des chances d’HEC, et en particulier sa déléguée, Hélène Bermond, je réfléchis aussi à de nouveaux objectifs. Il faut dire que cette année est assez extraordinaire : nous sommes en pleine actualité, on discute sur la diversité sociale au plus haut niveau. Avec Hélène, on réfléchit sur des stratégies pour qu’il y ait plus d’étudiants boursiers intégrés à HEC. Il y a aussi eu la création d’un pôle de réflexion en juillet, qui réunit l’administration, les professeurs, Fleur de Bitume et les volontaires.
Cette crise sanitaire a par ailleurs accéléré notre engagement sur la digitalisation, pour que nos actions s’étendent au niveau national. Nous travaillons dans le cadre du tutorat #Genius pour nous aider à atteindre des élèves en milieu rural, par exemple. (Genius est un programme de tutorat porté par HEC et d’autres grandes écoles qui s’adresse aux lycéens se destinant à des filières d’excellence dans le supérieur. Il a été conçu pour des élèves résidant prioritairement en zones rurales isolées, NDLR).
Qu’est-ce qui vous a poussé à rejoindre l’association d’étudiants-tuteurs Fleur de Bitume, à vous impliquer autant ?
Même si je n’ai pas eu personnellement besoin d’une bourse, mes deux parents ont été boursiers pendant leurs études. Depuis mon enfance, ils m’ont sensibilisée à la question. Nous n’avons pas tous la même chance de faire des études avec les conditions sereines nécessaires. Travailler dans de bonnes conditions à l’école est très important, cela donne des bases pour réaliser nos rêves et faire ce que l’on veut dans la vie. Sans le soutien de mes parents pendant toute ma scolarité, je ne serais jamais arrivée à HEC. Je veux donc contribuer à donner une chance aux autres élèves qui n’ont pas forcément eu la même chance que moi, des jeunes dont les parents n’ont pas les moyens de les aider à se préparer pour l’avenir. En quelque sorte, ma contribution est un saut générationnel, je cherche à donner la même chance que j’ai pu avoir grâce à mes parents.
Quels sont les étudiants impliqués dans Fleur de Bitume ?
Ce sont essentiellement les étudiants francophones en Licence 3 et Master 1. Ceux qui sont en Master 2 ont énormément de travail, et c’est presque impossible pour les étudiants en césure. Il y a malheureusement très peu d’étudiants internationaux, à cause de la barrière de la langue, mais nous y travaillons. Au deuxième semestre, nous avons prévu des projets plus culturels, dans lesquels les étudiants internationaux pourraient s’impliquer. Car, nous avons un véritable vivier à HEC et on souhaite y puiser. C’est une chance extraordinaire pour les élèves d’y être exposés, de se voir proposer cette ouverture culturelle. D’ailleurs, la question culturelle est fondamentale, c’est un de nos plus grands défis. Les élèves sont trop peu exposés à l’ouverture politique, aux sujets de société, à l’expression orale, ce sont de véritables défis pour eux.
Quels sont vos autres projets pour l’avenir ?
Pour l’année prochaine, nous espérons organiser une sortie au Futuroscope, à Poitiers, si la crise sanitaire nous le permet. Et nous continuerons à explorer le sens de notre engagement. On ne se repose pas sur nos lauriers et nous nous organisons pour mieux répondre aux attentes des élèves. Ce qui est réjouissant, c’est l’entente entre nous et l’équipe de la mission Egalité des Chances d’HEC. Nous travaillons sur un pied d’égalité, il y a toujours une écoute commune, parce que nous avons les mêmes objectifs. Cet esprit est important car la fracture sociale est toujours là et il faut se serrer les coudes devant certaines frustrations. La première c’est de ne pas pouvoir accompagner les élèves du lundi 8h jusqu’au vendredi 17h ! Ce n’est évidemment pas possible, nous n’en avons ni les moyens, ni le temps.
L’autre frustration est plus structurelle. L’année dernière, j’étais tuteur pour un élève à Jouy qui était en grande difficulté. Je voulais l’épauler tout le temps, mais le problème de disponibilité est énorme. En fait, on ne peut pas rattraper le passé, malheureusement. Idéalement, il faudrait être aux côtés de ces élèves en difficulté dès le CP, pour vraiment les guider jusqu’au bout. S’ils ont pris un retard avant le collège, c’est très dur de rattraper ce retard.
Mais on fait le maximum. Le but, c’est qu’ils découvrent les possibilités qu’ils ont en eux et qu’ils sachent ce qu’ils veulent faire plus tard. Ce n’est pas seulement d’arriver jusqu’à l’université, ou à une Grande Ecole comme HEC. Pour moi, chacun d’entre eux doit se réaliser personnellement. C’est ce qui est le plus important.
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