HEC se fixe des objectifs ambitieux pour un campus zéro déchet
HEC Paris a renforcé son engagement en faveur de l'environnement en développant les opérations de recyclage des déchets initiées sur le campus en mai dernier. Sa "greenzone" de 200m² est unique en France : elle est conçue pour trier les déchets non biodégradables, avec l’objectif de créer un campus zéro déchet. Ce défi est devenu le thème d'un projet mené par les étudiants d'un des cours de marketing d'HEC.
« Cette information doit être davantage partagée, je n'avais aucune idée de toutes ces initiatives ». Karoline Keller, étudiante en MSc marketing, paraissait convaincue après la visite de deux heures consacrée aux dernières initiatives engagées par HEC pour réduire les déchets sur son campus de Jouy-en-Josas. Avec cinq étudiants du Master in Management qui suivent, comme elle, le cours de Sihem Jouini, professeure associée à HEC Paris, Karoline étudie les efforts de l'école pour réduire la quantité de déchets envoyés à la décharge, et recycler autant que possible la nourriture, les plastiques, les bouteilles, les boîtes en carton, les mégots de cigarettes et le papier. Mettant en avant leurs propres expériences sur le campus, les étudiants n'ont pas hésité à pointer les lacunes du système, et ont donné un nom à leur projet : « Comment pouvons-nous aider les étudiants soucieux de l'environnement à trier et à recycler leurs déchets ménagers dans les résidences étudiantes d'HEC ? ».
Nombre des questions qu'ils ont pu soulever, comme celle du recyclage du verre, figurent depuis longtemps sur la liste des priorités de l'école. « Cela fait un certain temps que ce projet est engagé », observe Daphne Doukidis. Après cette promenade matinale, ils semblaient avoir davantage de réponses aux questions qu'ils pouvaient se poser. « Je suis beaucoup plus motivé pour être éco-responsable », commente Mayank Sehgal. « Et je suis fière de ce qui se fait à HEC », ajoutait pour sa part Lana Walther.
L’apport de spécialistes du recyclage
Les étudiants font partie du cours de design et de développement de produits de Sihem Jouini. Tous les six, ils utiliseront leurs recherches pour remettre à la mi-novembre un rapport qui proposera des améliorations systémiques à propos de l'engagement de l'école en faveur de l’allègement de son empreinte écologique. Quoiqu'il reste encore du chemin à parcourir pour rattraper certaines autres écoles et universités, principalement aux États-Unis, en Scandinavie et en Espagne, l'accélération du recyclage à HEC en 2020 a déjà eu un impact visible. Les initiatives vont du compostage des déchets alimentaires et de la formation de son personnel de restauration, au recyclage des mégots de cigarettes ou des tasses à café en plastique. Déjà considérée comme l'école de commerce la plus écologique en France, HEC a engagé depuis 5 mois diverses opérations pour réduire ou recycler les quelque 500 tonnes de déchets que produisent chaque année ses résidents sur le campus. Le responsable développement durable d’HEC, Christophe Ollé, a choisi dans ce but deux entreprises expérimentées, Derichebourg Multiservices et Tri.O Greenwishes, pour l'aider à organiser ces opérations.
Derichebourg Multiservices collabore depuis des années avec HEC Paris pour l'entretien de ses 138 hectares et supervise la mise en place d'un programme sur-mesure par la société Tri.O Greenwishes. Son chef de projet, Clément Ollé (qui se trouve par ailleurs être le fils de Christophe NDLR), a emmené les étudiants sur chacun des sites-clés mis en place par Derichebourg, à commencer par le compacteur de 15m3. « C'est là que les déchets non recyclables sont réduits avant d'être envoyés sur un site de valorisation énergétique près de Villejust . Là, ils sont transformés pour alimenter un système de chauffage urbain, et sont ainsi réutilisés pour fournir une valeur énergétique ». Une telle valeur a cependant un coût négatif pour l'école. « Pour chaque tonne de déchets non recyclables, HEC doit verser 163 euros, dont 18 % vont à l’Etat », explique Christophe Ollé. « Et cela devrait augmenter de près de 200% dans les trois prochaines années. Il y a donc aussi une incitation économique à accroître nos efforts pour tendre vers le zéro déchet. »
Clément Ollé se tourne vers la benne conçue pour les déchets difficiles à éliminer (ferraille, verre, plastique, carton) : « par ailleurs l'école vend les objets qui sont recyclables. En ce moment, par exemple, le métal se vend 35 euros la tonne, le papier 70 euros et le plastique 30 euros ». Clément guide les étudiants jusqu'à l’entrepôt R2, qui fait partie de la zone verte, non loin de l'entrée de l'école. Celui-ci abrite un compresseur de carton B20, qui sert beaucoup depuis septembre. Les 3,36 tonnes de boîtes collectées pendant cette période ont été transformées en 12.000 boîtes neuves que Tri.O Greenwishes a réintroduit sur le marché.
Plus de visibilité, plus de sensibilisation
À côté du B20, les employés de Derichebourg, Eduardo et Mody, s'occupent du « tri à la source », une étape essentielle du recyclage des déchets. « Ils ont tous les deux été engagés à plein temps pour séparer et organiser tous les déchets », poursuit Clément Ollé. « Non seulement cela garantit que les bons articles vont au bon endroit, mais cela crée aussi des emplois. Les résidents du campus ne sont pas encore tout à fait conscients de la division des articles recyclables ici », déclare Christophe Ollé. « C'est encore un peu tôt. Nous travaillons avec la Direction des Affaires étudiantes d’HEC à l'élaboration d'un guide détaillé, qui sera publié en ligne d'ici la fin de l'année ». Il collabore également avec François Collin, le nouveau directeur de la Stratégie climat & environnement d’HEC, pour sensibiliser les étudiants aux enjeux d'un campus "zéro déchet". Cet engagement est mené par l'Institut Society & Organizations d'HEC, représenté pendant la visite par Elisabeth de Reals, project manager.
Plus de visibilité, plus d’information : autant de préoccupations partagées par l'autre société avec laquelle HEC s'est associée, Tri.O Greenwishes. « Nous travaillons sur des campagnes pour mettre en place les "bonnes actions" en matière de recyclage (par les personnes présentes sur le campus) », déclare son président, Matthieu de Chanaleilles. « Nous allons bientôt mettre en place des animations personnalisées, faites sur mesure avec ce que nous allons collecter ». Au fil d’un long échange téléphonique, le directeur commercial Antoine Noblet insiste sur la capacité d'adaptation de son entreprise : « Nous avons prouvé notre agilité en collaborant avec des entreprises et organisations comme Station F, ou Le Bristol. Ce sont des lieux très internationaux, donc le fait que le campus d'HEC accueille plus de 100 nationalités, avec leurs différentes cultures de recyclage, ne nous effraie pas. Au contraire, nous espérons que cela pourra enrichir le débat ! »
Des objectifs clairs pour 2021
Il n'a pas fallu longtemps pour constater une amélioration du comportement de recyclage des 2000 étudiants installés dans les résidences, des 4000 autres personnes qui viennent faire des formations de courte durée sur le campus, des 700 collaborateurs qui y travaillent et des centaines de visiteurs. Depuis le lancement officiel du programme en juillet, on a constaté une diminution de 10% des déchets non recyclables. 300 mètres cubes d'eau ont été économisés et 9 tonnes de bois ont pu être recyclées. Au total, le recyclage mensuel à ce jour équivaut à 1728 bouteilles de vin, 2282 bouteilles en plastique de 75 cl et 12000 cartons. Le personnel de la restauration a également réagi positivement aux efforts de compostage des aliments gaspillés (en 2011, la FAO estimait qu'un tiers des aliments transformés dans le monde étaient jetés). « Ce qu'il faut maintenant, c'est un effort concerté pour faire connaître ce qui a été réalisé jusqu'à présent », insistent Karoline Keller et Mayank Sehgal, à l'unisson. « La clé pour tirer parti de ce qui est fait est de devenir un établissement emblématique en ce domaine. »
En attendant, l'école se concentre sur le développement du recyclage du verre. « Jeter le verre est coûteux », précise Christophe Ollé. « C’est un matériau lourd, et pourtant il peut être recyclé à 100%. Nous allons donc doubler le nombre de bennes sur le campus d'ici janvier ». D'ici là, comme indiqué plus haut, Christophe Ollé et son équipe publieront un guide en ligne pour partager avec les étudiants toutes les informations nécessaires afin d’aller encore plus loin dans la transformation d’un campus déjà vert.
HEC Paris s'est fixé des objectifs clairs en matière d'élimination des déchets, notamment une réduction de 25% des déchets non biodégradables que l’école produit en un an. Il s’agit aussi d’inciter les autres campus en France, et au-delà, à s’engager dans la même direction. Pour reprendre les mots de Thomas Love Peacock, un romancier anglais du 19ème siècle : « Le gaspillage de l'abondance est la ressource de la pénurie. »
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