3ème édition d’Eloquentia@HEC : un nouveau regard sur le temps présent
Près de 80 lycéens, dont certains venaient d’aussi loin que la Martinique ou la Réunion, ont participé du 5 au 9 juillet à une série de joutes oratoires pour devenir les lauréats du troisième concours Eloquentia@HEC à Jouy-en-Josas. Après 180 heures de formation, soit 100 sessions Zoom et deux semaines de préparation sur le sujet de leur choix, huit élèves se sont retrouvés sur la scène de l’amphithéâtre Blondeau à l’occasion de la finale du concours. Carel Ngaleu Monkam, d’Aubervilliers, en est sortie gagnante après avoir convaincu le jury que, non, il ne fallait décidément pas « s’inquiéter pour demain ».
Les huit finalistes d'Eloquentia@HEC 2021 (© Constance Chevé)
A ce jour, près de 2500 internautes ont suivi sur Youtube les prestations menées avec verve et humour par les huit jeunes finalistes qui se sont attaqués à des sujets comme « L’ignorance est une forme de liberté » ou « Les barrières sont faites pour être franchies ». On retrouvait dans le jury le lauréat 2019, Medhy Naamane, la déléguée générale de la Fondation HEC, Delphine Colson, la directrice générale d’Eloquentia Anne-Sophie Lefebvre, Méky Labarbe – élue meilleure oratrice francophone 2020 – et l’avocat Bertrand Périer. Ce dernier, chargé d’enseignement en art oratoire à HEC, est l’auteur de La parole est un sport de combat et anime les concours d’éloquence depuis de nombreuses années.
« Eloquentia prend tout son sens pour HEC Paris, » déclarait Hélène Bermond avant le début du concours. Hélène est la déléguée à l’Egalité des chances de l’école de commerce : « Cela fait une quinzaine d’années que nous travaillons à aider les lycéens à prendre conscience de leur potentiel, à développer leurs talents, à ouvrir les champs du possible en ce qui concerne leur choix d’études. Ce concours est donc une évidence pour nous. » Elle a ensuite salué l’engagement de Valérie Leroy, qui assure l’accompagnement des lycéens tout au long du concours.
Vers une société équitable
Pour Anne-Sophie Lefebvre, la semaine passée en compagnie des 76 lycéens qui se sont engagés dans la compétition, a été une véritable émotion : « vous avez touché du doigt le plaisir d’être écoutés, vous avez assumé la force de vos convictions et la puissance de vos mots. » Avant de revenir sur le contexte si particulier provoqué par le Covid-19 : « après 18 mois de sociabilité empêchée et de compréhension contrariée, Eloquentia@HEC prend un sens tout particulier. D’abord, celui de nous retrouver, puis de nous écouter dans de bonnes conditions. Ce concours vous a appris à écouter l’autre, à savoir se taire pour nous toucher, nous percuter, nous proposer un autre point de vue, un autre chemin. Ceci vous a amené à faire route commune vers une société plus équitable. »
Après les discours, place aux présentations des lycéens âgés entre 16 et 18 ans, qui doivent convaincre les cinq membres du jury et les très nombreux internautes qui suivent la soirée sur Youtube. Dans son appel à ne pas franchir certaines barrières, Badr Ait Ahmed évoque Gandhi et sa politique de non-violence. Sofia Zrari d’Avignon fait quant à elle appel à Nietzche pour appuyer sa démonstration : les convictions sont des prisons. Le grenoblois Page Magnier-Slimani a pour sa part choisi de proposer une scène théâtrale, pour illustrer l’idée que son corps exprime ce qu’il est.
De la famine à Madagascar, jusqu’au Petit Prince
Puis c’est le tour de Carel Ngaleu Monkam, d’Aubervilliers, dans le nord de Paris. Une des rares oratrices à s’exprimer sans notes, la lycéenne manie avec assurance le verbe et la mise en scène. « Le futur est le ricochet de nos actions présentes, » proclame-t-elle, défendant l’idée qu’il ne faut pas s’inquiéter pour demain, au détriment du présent. « Le futur n’est qu’imagination ! Le présent c’est le concret, c’est beau comme mes camarades. C’est aujourd’hui qu’il faut s’inquiéter : 100.000 personnes sont menacées de famine à Madagascar, 300.000 sont sans domicile fixe en France, trois femmes sont violées toutes les heures… ». Mais le présent n’est pas que synonyme de désastre, poursuit-elle : « le présent c’est aussi le Petit Prince qui s’émerveille devant chaque lever du jour. » Avant de terminer par un clin d’œil : « Retrouvez votre âme d’enfant, lorsque le présent était sauvé par le super-héros que vous étiez. » Avec ce savant mélange d’humour et de passion, la lycéenne de première du lycée Le Corbusier a réussi à conquérir le jury, qui n’a pas hésité à la déclarer lauréate de l’édition 2021 d’Eloquentia@HEC.
Le concept Eloquentia a été créé par Stéphane de Freitas en 2012, dans le but de rétablir le dialogue au sein d’une société francophone à voix multiples : « notre mission est de permettre à la jeunesse de s’exprimer librement et de prendre conscience de soi à travers la prise de parole en public, » expliquait-t-il alors. Cette troisième édition de la finale nationale Eloquentia@HEC a dignement reflété cet objectif, avant un très probable retour 100% présentiel sur le campus en 2022.
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