4ème édition d’Eloquentia@HEC : un message d’espoir
Du 11 au 19 juillet, la quatrième édition d’Eloquentia@HEC a réuni 76 lycéens et lycéennes venus de la France entière, avec une belle représentation de Marseille et de la Réunion. Organisé avec l’association Eloquentia, Eloquentia@HEC est le premier concours national de prise de parole en public dédié aux lycéens. Cette nouvelle session a permis une immersion pédagogique totale sur le campus de Jouy-en-Josas, un Summer Camp inoubliable pour les élèves comme les organisateurs.
© HEC Paris – Fondation HEC
De la rhétorique classique, de la prise de parole en public théorique, de l’expression scénique, du slam, du coaching pour l’écriture de leurs discours et, bien sûr de la poésie… voici l’éventail des formations proposées aux participants d’Eloquentia@HEC pendant une semaine intense. Et les lycéens ont aussi pu découvrir les coulisses d’une grande école et bénéficier d’ateliers d’orientation, et d’accompagnement à la définition de leur projet d’études.
Le résultat final ne se fait pas attendre, incarné par la finale le 18 juillet qui a impressionné le public: « Quel bonheur, quelle émotion et quelle satisfaction d’avoir assisté aux prestations orales des huit finalistes du concours ! », note une des spectatrices. « Félicitations à tous les finalistes et à tous les participants pour leur implication, leur enthousiasme et leur accomplissement. » De fait, le niveau des discours cette année était exceptionnel et ne peut qu’inciter HEC et Eloquentia à aller encore plus loin.
Une expérience inoubliable pour les lycéens
Aller plus loin, mais quel parcours déjà effectué par ce jeune concours ! Depuis ses débuts en 2018, le nombre de participants a presque doublé, les sponsors sont trois fois plus nombreux et la diversité de lycées engagés s’est considérablement enrichie. « C’est un véritable cadeau que nous fait HEC, » avait proclamé Bertrand Périer il y a quatre ans : l’enseignant, écrivain, avocat et membre du jury est d’ailleurs resté fidèle à l’évènement depuis. Professeur à HEC et « accoucheur de mots, », Bertrand Périer insiste cette fois-ci sur le parcours inoubliable des participants : « j’ai fait HEC, » dit l’alumnus 97, « Et je n’ai pas fait Eloquentia, car ça n’existait pas. J’aurais franchement préféré l’inverse… »
La déléguée HEC à l’Egalité des Chances Hélène Bermond avoue aussi son émotion face à la qualité des prestations observées tout au long du Summer Camp. « Cela fait plus de 15 ans que nous accompagnons des lycéens pour les aider à prendre confiance en eux et développer leur potentiel . Créer ce concours en partenariat avec Eloquentia était pour nous une évidence. Quelle semaine ! Eloquentia@HEC est un formidable révélateur de talents et en parallèle c’est une expérience unique du vivre ensemble. Vous êtes toutes et tous ressortis grandis de cette expérience. » Nouveauté cette année : la présence d’une vingtaine d’élèves de Marseille, fruit de la collaboration grandissante entre HEC et Eloquentia Marseille. Une jeune association marseillaise, le Protis Club, qui œuvre pour plus de liens entre les quartiers Nord et les quartiers Sud, était aussi représentée.
L’art oratoire, un révélateur de talents
Avant la finale qui réunit les huit meilleurs lycéens, le fondateur d’Eloquentia, Stéphane de Freitas, insiste sur la responsabilité de ces jeunes émissaires : « Dans une société républicaine, vous incarnez la pluralité, vous nous montrez qu’il faut transgresser les limites en faisant de l’art à voix haute. Alors, continuez à dire vos rêves, vos frustrations, vos ambitions, vos colères aussi. Vous transmettez ainsi des messages d’espoir à toute une jeunesse. »
Pour ce cru 2022, ce message serait-il adressé en particulier aux lycéennes ? Sur les huit finalistes retenus, six sont en effet des jeunes femmes, qui ont manié avec brio des questions pourtant complexes : « Les passionnés ont-ils perdu la raison ? », « Sommes-nous ce que l’on consomme ? », ou encore « Suis-je le résultat de mes échecs ? » Elles se montrent vives, décontractées mais passionnées, ce qui a rendu la tâche du jury, selon la lauréate 2021, Carele Ngaleu Monkam « pas facile, tant le niveau était époustouflant. » Pour Stéphane de Freitas, le courant entre les orateurs et le public qui a rempli l’auditorium Blondeau est passé : « on sentait votre sincérité, vos discours sortaient des mécanismes classiques, ça venait autant du bide que du cerveau. »
Des talents d’Outre-mer
Mais deux finalistes de la Réunion ont su faire sensation, en prenant les premières et troisièmes places dans le palmarès final. Médaillée de bronze, Célia Berby Maillot s’est emparée de ses sept minutes pour affirmer haut et fort que l’être humain peut être son propre prédateur. « Oui, l’humain est prédateur, les exemples sont légion, » s’est écriée la lycéenne avec un bel élan : « Il se nourrit de la souffrance de sa proie ». Célia talonnait le Marseillais Jules Bedrossian qui, de son côté, devait répondre à la négative à la question suivante : « Une fois au sommet, faut-il redouter la chute ? » : « J’ai expérimenté la chute. Grâce à elle, j’ai atteint des sommets. Alors, chutez, chutez, chutez ! »
Mais c’est l’autre Réunionnais, du lycée Jean Hingo (Le Port), qui a bouleversé le jury avec sa plaidoirie contre l’idée que les silencieux sont complices. Sharif Nefra partage l’histoire d’un certain Thibault, « un garçon silencieux, dans une famille brisée par le silence. » « Je suis ce Thibault, et mon silence à moi est dû à ma peur de ma prononciation. Oui, mes zozotements. Mes silences dessinent le calvaire à prononcer les « s ». La peur prend de plus en plus de place. Mais ils n’ont rien de complice. »
En partageant ses peurs, le jeune Réunionnais parvient à les surmonter, tout en sachant nous toucher. Son courage a su l’emmener jusqu’au sommet de cette semaine où des lycéens de toutes les origines géographiques et sociales ont pu s’entraîner à défendre leurs idées dans l’univers stimulant d’une grande école. Emu et sans mots à la fin de la cérémonie, Sharif Nefra incarnait ainsi parfaitement la phrase de l’écrivain canadien Yves Thériault qui, dans « La mort », écrivait : « Entre gens de même sincérité, point besoin de serments. Il suffit d’une phrase fermement dite. »
Revoir la finale d’Eloquentia@HEC 2022 :
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